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FRANCE

Parution de la première étude sur les viols à Paris

Ce rapport permet de mieux cerner le profil des victimes et de leurs agresseurs, d’identifier les quartiers les plus touchés ou encore de caractériser les différents moyens de soumission utilisés.
Pierre Longeray
Paris, FR
Une vue aérienne de Paris depuis la Tour Eiffel. (Photo via Flickr / Miguel Mendez)

Le XVIe arrondissement de Paris est l'arrondissement de la capitale française où le plus de viols (suivis d'un dépôt de plainte) ont été commis en 2013 et 2014, selon une étude publiée ce vendredi par l'Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP). L'arrondissement parisien, où 64 viols ont été recensés ces deux années, est suivi par les XVIIIe et XIe arrondissements.

Il s'agit de la première étude sur les viols à Paris. Ce rapport permet de mieux cerner le profil des victimes et de leurs agresseurs, d'identifier les quartiers les plus touchés ou encore de caractériser les différents moyens de soumission utilisés.

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Pour aboutir à ses conclusions, l'ONDRP s'appuie sur un échantillon de 598 viols sur majeurs (et 90 sur mineurs), qui ont donné lieu à un dépôt de plainte à Paris en 2013 et en 2014. Le rapport se concentre principalement sur les viols sur majeurs, mais livre en conclusion une description du phénomène des viols sur mineurs dans la capitale.

L'organisme précise qu'au niveau national seulement une personne sur dix se déclarant victime de viol (hors ménage) porte plainte, en se basant sur l'enquête de victimation « Cadre de vie et sécurité » réalisée par l'INSEE chaque année. Ainsi, les cas étudiés par l'ONDRP ne sont donc qu'une partie des viols commis dans la capitale.

« C'est très bien qu'on en parle, » se félicite Emmanuelle Piet, gynécologue et présidente de l'association Collectif féministe contre le viol (CFCV*), contactée par VICE News ce vendredi. Piet y voit notamment un moyen d'amener les victimes silencieuses à porter plainte.

Les arrondissements et quartiers les plus touchés

Si en nombres absolus, les XVIe, XVIIIe et XIe sont les arrondissements les plus touchés, ce sont les Ier, Xe et IXe qui présentent les taux les plus élevés de viols (sur majeurs) pour 100 000 habitants. Le VIIe et le XVe ont les taux de viols les plus faibles — en notant que le XVe, l'arrondissement le plus peuplé de Paris, a connu 42 viols lors des deux années étudiées, ce qui en fait le cinquième arrondissement le plus touché en nombres absolus.

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Source ONDRP

L'ONDRP identifie plusieurs quartiers de la capitale, où les viols sont plus fréquents. Le quartier de la Folie-Méricourt (XIe) et les alentours de la station de métro Belleville (Xe, XIXe et XXe) sont ceux où le plus de viols ont été commis. Le rapport cite aussi le quartier des Halles, les environs des places de la République, de Clichy et Pigalle, ainsi que les alentours des gares du Nord et Montparnasse.

Des viols plus fréquents la nuit et pendant le week-end

Après cette analyse géographique, l'ONDRP livre une radiographie temporelle des viols sur majeurs. Janvier et septembre sont les deux mois de l'année où les viols sont les plus fréquents (22 pour cent des viols de l'échantillon étudié), et le samedi et le dimanche sont les journées les plus touchées.

Source ONDRP

Près de trois quarts des viols de l'échantillon arrivent la nuit. La même proportion des viols a lieu dans les espaces privés : 57 pour cent dans des lieux d'habitations et 16 pour cent dans des caves, véhicules ou encore cabinets médicaux. En revanche, seulement 12 pour cent des viols ont lieu sur la voie publique.

La violence physique, le moyen de soumission le moins utilisé

Le rapport donne aussi un aperçu des moyens de soumission utilisés par les agresseurs. 61 pour cent d'entre eux ont fait usage de la contrainte et de menaces pour parvenir à leurs fins et 24 pour cent ont eu leurs victimes par surprise. La violence physique est le moyen de soumission le moins fréquent (15 pour cent des cas) d'après l'étude de l'ONDRP, qui note que près de 8 pour cent des viols se sont faits avec présence d'une arme (dont deux cas à l'arme à feu recensés).

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Sur les 598 cas de viols sur majeurs, 322 personnes ont été mises en cause. Il s'agit uniquement d'hommes, âgés en moyenne de 34 ans. 52 pour cent des agresseurs sont de nationalité étrangère. 44 pour cent des agresseurs sont sans emploi et près de la moitié sont déjà connus des services de police (dont un quart pour des faits d'infractions sexuelles).

La moitié des victimes connaissent leur agresseur

Sur l'échantillon étudié, 92,5 des victimes sont des femmes — pour la majorité jeunes (40 pour cent des victimes ont moins de 25 ans). 50 pour cent des victimes majeures ont un emploi, dont 45 pour cent de « cadres et professions intellectuelles supérieures » et près d'un tiers (31 pour cent) des victimes sont de nationalité étrangère. Le rapport indique aussi que 50 pour cent des victimes recensées étaient intoxiquées au moment du viol, dont 87 pour cent à cause de l'alcool, 6 pour cent par la prise de stupéfiants et 7 pour cent pour la prise de stupéfiants et d'alcool.

La moitié des mis en cause (pour les viols qui ont fait l'objet d'un dépôt de plainte) ont un lien avec la victime : 26 pour cent ont un lien amical ou de connaissance, 23 pour cent un lien sentimental et 1 pour cent un lien familial. Ce chiffre serait en réalité bien plus élevé selon Emmanuelle Piet. « Dans ce qui ressort des permanences téléphoniques que nous menons depuis trente ans, dans 80 à 90 pour cent des cas le violeur est connu de sa victime », nous indique-t-elle.

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90 cas de viols sur mineurs à Paris

Le rapport se penche aussi sur 90 cas de viols sur mineurs (en 2013 et 2014), dont 20 pour cent des victimes sont des garçons. L'âge moyen des victimes mineures est de 12 ans et la catégorie la plus représentée est celle de 15 ans et plus (38 pour cent des viols recensés). Plus des deux tiers des victimes sont scolarisés en maternelle, en primaire ou au collège.

Contrairement aux viols sur majeurs, la plupart ont lieu pendant la journée et pendant la semaine, principalement le mardi et le mercredi. Les trois quarts des agressions surviennent dans des espaces privés et 17 pour cent dans des squares, bois ou parkings. 42 pour cent des victimes ont été prises par surprise et 50 pour cent suite à des menaces et sous la contrainte. 87 pour cent des agresseurs connaissent leurs victimes et près de la moitié sont également mineurs.

* Le CFCV dispose d'une permanence téléphonique gratuite et anonyme, accessible du lundi au vendredi (10h-19h) au : 0 800 05 95 95


Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray

Pierre-Louis Caron a participé à la rédaction de cet article.