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Syrie

Pourquoi des volontaires occidentaux continuent de rejoindre la lutte contre l'EI ?

Ce mardi, deux volontaires occidentaux ont été annoncés morts par les forces militaires kurdes avec lesquelles ils combattaient l'organisation terroriste en Syrie.
ASSOCIATED PRESS

Un Britannique et un Canadien sont les derniers combattants volontaires occidentaux à avoir trouvé la mort dans la bataille contre l'État islamique, ont annoncé leurs familles et les autorités militaires ce mardi. Les deux hommes combattaient dans les rangs de groupes kurdes.

Ryan Lock, un chef de 20 ans originaire de Chichester (Grande-Bretagne), et Nazzareno Tassone, un agent de stationnement de 24 ans originaire d'Edmonton (Canada), ont été tués lors d'une attaque de l'EI, menée le 21 décembre dernier au nord de Rakka. L'officialisation de leur décès s'est faite récemment par le biais d'un communiqué des forces militaires kurdes qui précisaient que les deux hommes combattaient dans les rangs des Unités de protection du peuple (YPG).

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Lock est le troisième volontaire britannique à être tué dans la zone syro-irakienne, alors que des centaines de volontaires occidentaux se sont engagées dans la lutte contre l'EI avec les Kurdes.

Ces volontaires ont des motivations diverses et des parcours différents, mais il est possible de les classer en deux grandes catégories, d'après un Britannique qui combattait avec les forces kurdes. Pour des raisons de sécurité, il utilise un pseudonyme : Macer Gifford (à ne pas confondre avec un banquier britannique qui porte ce même nom).

Certains, explique Gifford à VICE News, sont des idéalistes qui ont été horrifiés par les exactions commises par l'EI contre les kurdes, yézidis, chrétiens ou d'autres minorités et qui sont inspirés par la lutte kurde contre le groupe terroriste. Gifford, qui n'a pas d'expérience miliaire, se range dans cette catégorie.

D'autres, dit-il, sont d'anciens soldats qui ont déjà combattu des extrémistes au Moyen-Orient ou en Afghanistan. Irrités par la montée de l'EI depuis le retrait des forces alliées d'Irak, ils sont motivés à prendre personnellement les armes en l'absence de troupes occidentales au sol.

Le conflit a aussi attiré ceux qui sont à la recherche de leur moment de gloire, quelques excentriques, ou d'autres qui fuyaient leurs soucis.

Pas d'expérience militaire

D'après plusieurs médias britanniques, Lock n'avait pas d'expérience militaire. Il a rejoint les YPG après avoir dit à sa famille qu'il partait en Turquie pour des vacances. Son père Jon a indiqué au Guardian que son fils était « un garçon très attentionné et aimant, qui ferait tout son possible pour aider son prochain. »

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Utilisant leurs noms de guerre kurdes, les YPG ont déclaré dans un communiqué que les deux hommes étaient « des leaders de notre lutte » et qu'ils seront « dans nos pensées à chaque instant », alors que des comptes Twitter pro-kurdes les honoraient en tant qu'héros et martyrs.

— Struggle Of Kurds (@WeWillWin_Kurds)January 2, 2017

Gifford dit qu'il n'a jamais rencontré Lock, mais qu'il avait essayé de le contacter après une frappe aérienne turque, qui a tué 12 combattants de son unité le 24 novembre dernier, dont deux volontaires étrangers : Michael Israel, un Américain, et Anton Leschek, un Allemand.

La Turquie cible les combattants kurdes comme l'EI dans le nord de la Syrie, craignant l'établissement d'un embryon d'État kurde le long de sa frontière.

Motivés par les exactions de l'EI

Comme d'autres volontaires, Gifford a décidé de rejoindre les Kurdes après avoir vu des images de la folie génocidaire de l'EI envers la minorité yézidie.

Gifford a fait deux séjours en Syrie — le premier a duré 6 mois, le deuxième presque 8 mois. Actuellement, il réunit des fonds pour y retourner avec de l'équipement médical. Il estime que 200 autres Occidentaux ont aussi combattu aux côtés des Kurdes. Il est difficile de connaître le véritable nombre de volontaires, puisque nombre d'entre eux essayent de ne pas se faire repérer par les autorités de leurs pays d'origine.

Les volontaires prennent généralement contact avec les YPG, qui recrutent activement des Occidentaux grâce aux réseaux sociaux, comme la page Facebook des Lions du Rojava. Après avoir exposé leurs motivations, ils rejoignent généralement les YPG en avion au Kurdistan irakien avant d'être introduits en Syrie.

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Les nouveaux arrivants suivent un entraînement pendant lequel ils apprennent à se servir d'armes russes de base. On leur enseigne aussi les rudiments du kurde et les fondements historiques de la lutte des Kurdes. Après cela, ils sont assignés à une unité de leur choix. En revanche, il ne doit pas avoir plus de 5 étrangers dans une unité.

Une périlleuse expérience

Si nombre d'entre d'eux n'ont pas d'expérience du maniement des armes, ils sont pourtant envoyés sur le front, assure Gifford. « Tout le monde combat, » dit-il. « C'est de plus en plus intense. » Les étrangers composent une petite partie des combattants qui seraient en tout 50 000. Leur présence est donc symbolique d'un point de vue numérique.

Gifford a observé un changement du profil des combattants volontaires étrangers. Au début, il s'agissait surtout d'anciens soldats originaires de pays anglo-saxons. Puis au cours de sa deuxième visite en Syrie, Gifford a surtout rencontré de jeunes gens motivés politiquement, de gauche, venant surtout d'Allemagne.

En plus des risques encourus sur le champ de bataille (d'autant plus que les Occidentaux sont des cibles recherchées par l'EI), les volontaires étrangers peuvent connaître des ennuis judiciaires une fois de retour chez eux. Ils sont souvent détenus, et peuvent être condamnés s'ils sont soupçonnés d'avoir commis des crimes lors de leur visite en Syrie.

Pour Gifford et d'autres volontaires comme lui, ces risques valent largement la peine.

« Les Kurdes adorent les étrangers, parce qu'à la fin de la journée, ils ont l'impression d'être encerclés par des ennemis, » dit-il. « Les étrangers qui croient dans leur combat et veulent les soutenir sont traités comme des héros. »


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