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Les réactions islamophobes aux attaques de Paris profitent à l’État Islamique

Comment Daesh, Al-Qaïda et les autres organisations terroristes exploitent la haine pour engendrer plus de haine.

Une manifestation islamophobe à Helsinki cette semaine. Photo publiée avec l'aimable autorisation de l'EPA/Mauri Ratilainen

Cet article a été initialement publié sur VICE Canada.

Deux jours après l'incendie criminel de la mosquée de Peterborough au Canada, une musulmane qui allait chercher ses enfants à l'école, au nord de Toronto, s'est faite a été agressée et rackettée par deux hommes blancs qui l'ont accusée d'être « terroriste ». Dans un appartement proche, les couloirs ont été couverts de graffiti clamant : « Rentrez chez vous les musulmans ! On ne veut pas de vous ici ! » Pendant ce temps, des hommes politiques canadiens s'opposent ouvertement aux plans des libéraux qui visent à accueillir des réfugiés syriens dans le pays – une mesure soutenue par des dizaines de milliers de Canadiens, d'après quelques-unes des pétitions qui circulent sur le net.

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Les réactions oscillent généralement entre xénophobie et pur racisme. Permettez-moi de vous dire une chose : c'est exactement ce que cherche l'État islamique.

Daesh, Al-Qaïda et d'autres organisations terroristes utilisent la rhétorique comme outil principal de recrutement. Celle-ci consiste à dire aux jeunes musulmans : « Ne comprenez-vous pas ? L'Occident vous déteste. Ils sont en guerre contre votre religion et ne vous accepteront jamais… Venez ici, là où vous avez votre place parmi vos frères », a expliqué Hussein Hamdani, un avocat originaire d'Hamilton qui fait partie de North American Spiritual Revival – une organisation à but non lucratif qui veille à la déradicalisation des jeunes.

Hamadi nous a expliqué que le NASR visait à faire comprendre aux jeunes musulmans que le Canada n'est pas en guerre contre l'Islam et que la liberté de croire n'est pas un danger. En revanche, il a admis qu'il était difficile de contrer la propagande terroriste quand bien même les leaders fédéraux imposent une politique de la division dans le dialogue national (voir : la polémique sur la burqa créée par Stephen Harper).

En réponse aux sentiments anti-réfugiés, le Premier ministre Justin Trudeau a déclaré lundi qu'il était toujours déterminé à accueillir 25 000 réfugiés Syriens d'ici la fin de l'année.

« Nous sommes toujours dédiés à la sécurité des Canadiens, tout en faisant notre possible pour résoudre cette crise humanitaire », a-t-il annoncé.

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Les inquiétudes, ancrées dans la psyché avec l'idée que des terroristes pourraient se cacher parmi les réfugiés, ont été critiquées par des experts comme Hamdani. D'après The Economist , sur les 750 000 réfugiés accueillis aux États-Unis depuis le 11 septembre 2001, aucun n'a été arrêté pour cause de terrorisme. Pour plus de clarifications, vous pouvez jeter un œil à ce graphique explicite.

« Même avec une vision militaire, si l'EI voulait attaquer le Canada, il serait très difficile pour eux de déposer une demande d'asile pour ce faire. Ils n'auraient pas l'assurance de se retrouver au Canada en particulier », a affirmé Hamdani. D'après lui, les attentats de Paris offrent une opportunité aux xénophobes d'exprimer leur point de vue – maquillé avec des termes comme "sécurité nationale".

D'un autre côté, les réfugiés potentiels qui attendent en Syrie pourraient devenir des cibles faciles pour les recruteurs de l'État Islamique. « Je suis sûr que certains d'entre eux, en proie à la frustration, la colère et la haine, pourraient être tentés par le diable », affirme Hamdani.

Hamdani estime qu'il serait « injuste » de prendre tous les Canadiens comme des islamophobes à cause d'une poignée d'ignorants. C'est presque aussi injuste, me direz-vous, que de blâmer 1, 6 milliard de musulmans pour les actions perpétrées par une minorité violente.

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