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VICE News

Premier bilan pour la « salle de shoot » de Paris

Six mois après son ouverture, le bilan s’avère « positif » selon la mairie. Mais les riverains ne sont pas tous convaincus.

Six mois après son ouverture, la mairie de Paris tire un bilan « positif » de l'ouverture de la salle de shoot rue Maubeuge, à deux pas de la gare du Nord, dans le Xe arrondissement de la capitale. Fin 2016, un espace dédié aux usagers de drogue, appelé « Espace Gaïa », avait été ouvert dans les locaux de l'hôpital Lariboisière. En six mois, il a enregistré 24 200 passages, soit une moyenne journalière de 180 passages, pour 550 usagers inscrits.

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« Le bilan est très positif en termes de santé publique », affirme Rémi Féraud, maire PS du Xe arrondissement de Paris. « On aide les usagers à faire un travail de réinsertion », poursuit l'élu, qui préfère parler de « salle de consommation à moindre risque (SCMR) » plutôt que de « salle de shoot ». Car l'Espace Gaïa vise également à apporter une aide médico-sociale aux usagers. En parallèle des injections, des tests de dépistage du VIH ou de l'hépatite C ont été pratiqués. 89 usagers – majoritairement en situation de grande précarité en termes de ressources, de logement, et encore de couverture maladie – ont fait l'objet d'un accompagnement.

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Les services de la ville de Paris ont confirmé un déplacement des injections dites « de rue » (y compris dans les cours d'immeuble, les parkings, les sanisettes…) vers la SCMR. Sur les six mois ayant précédé l'ouverture, d'avril à septembre 2016, la mairie avait dû ramasser 1 078 seringues rue Maubeuge. Six mois après, elle n'en décomptait plus que 385. Soit une diminution de plus de 60 pour cent. De son côté, JC Decaux en comptait 44 pour cent de moins dans les sanisettes du quartier. « Il y a une baisse importante de la consommation de rue », a déclaré Bernard Jomier, adjoint à la santé auprès de la Maire de Paris.

Mais tous les riverains ne semblent pas convaincus. Jean-François, membre du collectif « Stop salle de shoot », habite depuis plus de 20 ans dans le quartier. Il qualifie le communiqué de « ridicule ». « Je n'ai rien contre le concept des salles de shoot, mais ils se sont tout simplement plantés d'endroit ». Proche de commerces et d'habitations – « contrairement à celle de Strasbourg », précise Jean-François –, elle serait à l'origine d'une hausse de l'insécurité.

Le communiqué de la mairie de Paris détaillant le bilan de la salle évoque un seul incident qui a eu lieu le dimanche 26 février. Une bagarre impliquant des usagers de la salle de shoot avait éclaté dans la rue Ambroise Paré, juste à côté. Cet incident a « abouti à la fermeture de la salle une journée et des sanctions individuelles (exclusions des deux usagers impliqués, et ce pour plusieurs semaines) », peut-on lire dans le communiqué.

Indigné, le collectif a envoyé une lettre à la Maire de Paris. Il exige l'ouverture d'une enquête de police, des maraudes régulières, un nettoyage quotidien des rues. En trois mots : « Sécurité, tranquillité et salubrité ». Lorsqu'il entend parler de « succès » de la SCMR, Jean-François s'inquiète : « Ma rue ressemble à un film de zombies ».

Rémi Féraud, le maire du Xe, est conscient de ces problématiques. « La tranquillité du quartier reste fragile ». Avec le collectif « Stop salle de shoot », le dialogue est difficile. Surtout depuis trois semaines et un regain d'incidents autour de la salle. Pour Féraud, il est important de juger l'expérience sur six mois complets, d'autant plus que les cinq premiers mois ont été irréprochables, selon l'élu. Le maire entend les critiques, mais reste ferme : « On ne peut pas sacrifier l'intérêt général pour une petite partie des riverains. » Pour lui, la salle n'est pas un problème, mais une solution à l'insécurité : « Si elle n'était pas là, on serait démunis. »

Suivez Bartolomé Simon sur Twitter : @iLometto