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Premier décès de migrant le long de la frontière américano-canadienne

Une femme est décédé en tentant de traverser illégalement la frontière entre les États-Unis et le Canada.
Caroline Wintoniw

Après des mois d'inquiétude, le pire scénario possible est devenu réalité la semaine dernière après la découverte du corps d'une femme près de la frontière : un demandeur d'asile est décédé en tentant de traverser illégalement la frontière entre les États-Unis et le Canada.

La division du shérif du comté de Littson a été informée jeudi dernier de la disparition de Mavis Otuteye. Lundi dernier, on la croyait encore vivante et localisée dans le comté. Accompagnés de la police aux frontières américaine, les officiers du shérif ont trouvé Mavis Otuteye dans une tranchée à environ 10 kilomètres de la frontière, à Noyes, dans le Minnesota.

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Selon la police, l'enquête révèle qu'elle essayait d'entrer au Canada au moment de son décès. L'autopsie préliminaire suggère une mort suite à une hypothermie, mais la police attend toujours l'autopsie définitive pour se prononcer.

D'après les derniers chiffres, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a intercepté 477 personnes tentant de faire le même voyage dans le Manitoba entre janvier et avril cette année. Pendant la même période, 859 interceptions ont eu lieu sur l'ensemble du pays.

Pendant des mois, les officiers de la GRC ont craint que quelqu'un ne meure pendant ce voyage, en particulier durant la marche à travers les champs gelés vers la ville d'Emerson (Manitoba), située du côté canadien de la frontière.

Scott Kolody, l'officier commandant de la GRC du Manitoba, explique à VICE News qu'en février, alors que les températures remontaient au-dessus de zéro, Emerson se préparait à une hausse importante des traversées de la frontière, avec de nombreux voyageurs trop peu préparés à braver le mauvais temps et les températures extrêmes. En décembre, deux hommes ghanéens avaient souffert d'engelures et perdu leurs doigts après une marche d'environ 10 heures.

À lire : Le périlleux voyage des demandeurs d'asile à la frontière américano-canadienne

« La dernière chose que nous voulons, c'est de voir quelqu'un dans les champs qui n'a pas survécu » dit Kolody.

Greg Janzen, le préfet d'Emerson, a été surpris quand il a reçu un appel l'informant du décès de Mavis Otuteye mardi dernier.

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« On n'est pas à moins 30°C et il n'y a pas eu d'inondation. Ça m'a vraiment pris de court. J'ai toujours pensé que bientôt quelqu'un mourrait ici, mais je ne m'attendais pas à ce que ça arrive à cette période de l'année », a-t-il dit. « Nous pensions que ça arriverait pendait l'hiver ou pendant les crues printanières. »

Selon Janzen, il y a des jours où, bizarrement, il n'y a aucune interception. Cependant, aux dernières nouvelles, six personnes en moyenne traversaient chaque jour, et ce rythme n'a pas changé depuis.

Depuis la fin 2016, les demandeurs d'asile venant des États Unis ont afflué par centaines au Canada. Sous le « Safe Third Country Agreement entre les États-Unis et le Canada » (l'Entente Canado-Américaine sur les tiers pays sûrs), la plupart des demandeurs d'asile doivent déposer leur demande dans le premier pays d'arrivée. Mais une faille dans le texte permet à tous ceux qui arrivent à atteindre le sol canadien (même s'ils ont traversé illégalement) de voir leur demande prise en compte.

Les avocats spécialisés en droit de l'immigration et les activistes ont depuis longtemps demandé la suppression de cet accord afin que les réfugiés en provenance États-Unis soient autorisés à demander l'asile au Canada sans contrainte. Janzen est d'accord.

« Je pense que le gouvernement fédéral doit faire quelque chose avant que davantage de personnes ne meurent, » a-t-il dit. « C'est assez déroutant. Nous avons besoin de laisser entrer ces gens en passant par des points d'entrée sans danger, si nous voulons continuer à les laisser venir ici. »


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