Appel vidéo violences conjugales confinement
Société

Comment détecter les signes de violence conjugale en période de confinement

Vérifiez si votre ami·e sort parfois et peut prendre ses propres décisions. Portez également une attention particulière aux yeux gonflés de pleurs lors d'un appel Zoom.

Le confinement ne protège pas des violences conjugales. C'est pourquoi nous avons lancé une campagne d'affichage en collaboration avec le collectif féministe Laisse Les Filles Tranquilles. Vous pouvez télécharger l'affiche via ce lien , l'imprimer et la coller sur votre fenêtre, dans le hall de votre immeuble, au supermarché ou à pharmacie. Si vous n'avez pas d'imprimante, copiez simplement le message sur une feuille ou partagez-le sur Instagram ou Facebook.

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Être dehors, c'était ce pour quoi je vivais. J'aimais sortir du lit pour une conférence à huit heures et demie du matin. Faire du vélo dans le froid glacial jusqu'à un rendez-vous obligatoire était comme une fête. C'était un soulagement d'être loin de mon partenaire violent pendant quelques heures. Deux ans se sont écoulés. J'ai quitté mon studio rempli de mauvais souvenirs. Je vais bien et je vais où je veux. Je suis en sécurité maintenant.

Aujourd'hui, le monde est en crise, le gouvernement nous appelle à rester chez nous, et je me rends compte chaque jour que j'ai de la chance d'être loin de lui. Quand je me suis baladée dans un parc, j'ai vu une affiche accrochée derrière une fenêtre avec le message « Stay Home, Stay Safe » écrit en grand. Mais rester à la maison est synonyme de danger pour les victimes de violences conjugales. Et l'isolement social, l'incapacité de voir les autres en personne, réduit également les chances d'obtenir une aide extérieure.

Que faire si vous soupçonnez de la violence ? Comment rester vigilant·e et offrir de l'aide à distance ? Marianne van der Krans, secrétaire de projet au sein d'une organisation contre les violences conjugales aux Pays-Bas, nous donne quelques conseils.

Vous avez de plus en plus de mal à voir votre ami·e

Au début de ma relation violente, j'étais autant que possible avec des potes ou j'étudiais à la bibliothèque, mais il a rapidement commencé à y mettre un terme. Quand je mangeais avec une amie, il m'envoyait des messages sans arrêt et menaçait de jeter mes clés de maison si je ne rentrais pas immédiatement. Il a même été jusqu'à casser mon vélo, cacher ma carte de transport en commun et me menacer de mort. « Ce schéma est typique des relations violentes », selon Marianne Van der Krans. « La victime a de moins en moins de possibilités et est de plus en plus isolée des autres. »

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Pour l'instant, il c'est compliqué de sortir ou de voir ses potes, mais on peut tout de même le faire en respectant les règles de distanciation sociale. « Si votre pote ne veut plus faire de balade avec vous pour des raisons qui vous semblent vagues, ça peut être un signe que quelque chose ne va pas », explique Marianne. Les auteur·es de violences conjugales préfèrent avoir leur victime à la maison, sous leur contrôle.

Votre ami·e prend de moins en moins ses propres décisions

Si vous lui proposez de skyper et que votre pote indique que vous devez d'abord demander à son partenaire, soyez sur vos gardes. Mon ex a explosé lorsque j'ai vu quelqu'un sans sa permission. J'avais peur de ses menaces violentes, alors je demandais sa permission. Selon Marianne, cependant, il est important de comparer la situation actuelle avec la situation pré-quarantaine : « Quand il y a des enfants, il est logique que les partenaires doivent coordonner qui sort quand. Alors essayez de checker si c'est plus fréquent qu'avant et si la situation vous semble logique. »

Vous remarquez des bleus, des comportements étranges ou des objets cassés

Sur Skype ou Houseparty, il est beaucoup moins facile de détecter des ecchymoses ou un langage corporel alarmant. Lorsque vous avez des soupçons, essayez de surveiller les yeux au cas où ils serait gonflés de pleurs, d'ecchymoses et de blessures. Marianne ajoute qu'une relation violente ne l'est pas uniquement physiquement. « De nombreuses victimes font aussi face à des violences psychologiques : injures, humiliations, rabaissement. Si vous soupçonnez qu'un·e proche est dans cette situation, il peut être intéressant de voir comment l'interaction entre le couple se déroule pendant, par exemple, un appel Skype.

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Pendant la conversation, son/sa partenaire réagit-iel aux propos de votre pote ? Lisez-vous quelque chose dans leur interaction ? Comment le/la partenaire réagit en vous voyant parler à votre ami·e ? » Si votre proche vous parle de meubles ou d'autres biens cassés, c'est peut-être également un signe de violence au sein du couple. Il arrive souvent que les auteur·es de violences cassent des objets dans la maison ou la propriété de leur victime par colère et agressivité. Quand mon ex pétait un câble, il s'en prenait parfois à mes vêtements, mon maquillage et à mes objets de valeur sentimentale.

Surtout, soyez discret·e

Si vous pensez que votre proche est victime de violences, essayez de commencer le plus subtilement possible ou faites appel à des pros. Mon ex fouillait régulièrement mon téléphone en essayant de lire mes messages. Il est donc important de ne pas émettre d'accusations qui risqueraient d'être lues par l'auteur·e potentiel·le. Selon Marianne, il est préférable d'exprimer vos inquiétudes face à face, lors d'une promenade, ou si ce n'est pas possible, lors d'un appel vidéo à un moment où son partenaire est absent·e. Il suffit de dire une phrase du style : « Je m'inquiète pour toi et je me demande si ton partenaire est assez bien pour toi / prend bien soin de toi », conseille-t-elle. « Si votre proche nie ou rejette cette affirmation, pas la peine d'insister ; dites-lui seulement que s'il y a quelque chose, vous êtes disponible. Si nécessaire, convenez d'un mot code. Lorsque vous en parlez ouvertement, vous pouvez faire un plan ensemble. Par exemple, vous pouvez convenir que s'iel vous appelle pour faire une course, vous appelez immédiatement la police », explique Marianne.

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Le moment le plus dangereux d'une relation violente est lorsque l'agresseur·se sent que la victime envisage l'évasion. Après des années à me blâmer de ne pas avoir quitté mon partenaire violent auparavant, je comprends maintenant que c'était une forme d'autoprotection. Quand je l'ai confronté et lui ai dit que je voulais partir, j'ai dû littéralement me battre pour ma vie. « Le plus important c'est de rester en contact. Envoyez un SMS tous les quelques jours, appelez-vous chaque semaine. Ça ne doit pas pour autant devenir préoccupant, mais soyez simplement un·e bon·ne ami·e. Au moment où votre proche voudra fuir, iel saura où trouver de l'aide », conclut Marianne.

Êtes-vous victime de violences domestique ou avez-vous des soupçons? Appelez la ligne d'écoute 0800 30 0 30 pour en parler. En cas d’urgence, appelez 101

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Cet article a été publié sur VICE NL.