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Crime

Pourquoi la prise de Ramadi en Irak est une victoire stratégique pour l'organisation État islamique

Les combattants de l’EI se sont emparés ce dimanche de cette ville stratégique de l’ouest irakien. Ramadi est la capitale de la plus grande province d’Irak et est située à 130 kilomètres de Baghdad.
Photo via AP

Les combattants de l'organisation État islamique (EI) ont remporté une victoire importante sur le sol irakien, ce dimanche 17 mai, en s'emparant de la ville de Ramadi, la capitale de la province d'Anbar. Les forces gouvernementales irakiennes présentes dans certaines parties de la ville ont été contraintes de reculer. La ville avait été la cible d'une récente vague de frappes aériennes américaines pour éviter que Ramadi ne tombe entièrement aux mains des djihadistes.

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Les combattants de l'EI ont pillé le quartier général militaire de la zone de Ramadi pour se saisir d'une importante cache d'armes. Ils ont aussi exécuté plusieurs soutiens du gouvernement selon le quotidien américain The New York Times qui s'appuie sur des témoignages d'officiels militaires et de leaders locaux.

« La ville est tombée, » a déclaré Muhannad Haimour, un porte-parole du gouverneur d'Anbar.

Des images qui auraient été filmées ce dimanche près de Ramadi — située à 130 kilomètres de Baghdad — montrent des dizaines de véhicules, notamment des Hummers militaires et autres blindés, quittant précipitamment la ville.

De multiples sources militaires ont confié à McClatchyDC (une agence de presse américaine) que les combattants de l'EI sont venus à bout des renforts envoyés par le gouvernement irakien ce samedi afin de reprendre la ville assiégée. Plusieurs unités d'élite irakiennes auraient abandonné leurs équipements, fournis par les États-Unis, alors qu'elles quittaient la ville selon l'agence de presse.

Ce vendredi, les combattants de l'EI ont lancé une série d'attaques à la voiture piégée pour prendre contrôle d'un lotissement sous contrôle du gouvernement de la province d'Anbar, qui abrite un poste de police et le bureau du gouverneur. Une vidéo de l'assaut diffusée par Aamaq News, un organe de presse pro-EI, montre des combattants qui tirent à feu nourri, à l'aide de mitrailleuses depuis les toits, et de larges nuages de fumée noire qui balayent les rues désertes.

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Haider Kata, un journaliste irakien joint par VICE News, explique des dizaines de milliers de réfugiés, qui fuient les combats, sont coincés dans la province d'Anbar. Pour quitter la zone, il faut obtenir la recommandation d'un habitant de Bagdad.

Les forces de sécurité gouvernementales qui ont réussi à échapper à l'attaque se sont repliées à Habbaniya, une importante base militaire située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Ramadi. Une chaîne de télévision irakienne rapporte que les militaires ont formé des digues de sable pour contenir les avancées des combattants de l'EI vers l'est.

En mars, VICE News s'est entretenu avec des officiels irakiens qui craignaient que les zones tenues par le gouvernement de la ville de Ramadi ne tombent aux mains de l'EI, sans un soutien aérien adéquat de la coalition internationale, menée par les États-Unis. Des avions de la collation ont conduit au moins 7 frappes ce week-end sur des cibles situées dans et aux alentours de la ville assiégée.

Des officiels de la police locale avaient confié à VICE News que près de 2 000 officiers ont été tués dans la province d'Anbar depuis janvier 2014, date à laquelle les combattants de l'EI sont arrivés dans la capitale provinciale. Le plus grand hôpital de la province a recensé plus de 600 civils morts sur la même période. Haimour, le porte-parole du gouverneur, affirme qu'au moins 500 civils et membres des forces de sécurité ont été tués ces deux derniers jours dans la région de Ramadi, selon les propos rapportés par The New-York Times.

Le Conseil Provincial d'Anbar se serait réuni à Baghdad ce dimanche pour demander au Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, d'envoyer des milices chiites secourir Anbar — la plus grande province d'Irak — dont la population est majoritairement sunnite. Abadi a alors publié un communiqué pour demander aux milices — dont certaines soutenues par l'Iran — de se tenir prêtes pour aller combattre dans la province d'Anbar. Les États-Unis se sont opposés au déploiement de milices chiites, craignant que leur présence n'aggrave les tensions entre chiites et sunnites.

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