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Crime

Des joueurs de l’équipe de football d’Érythrée s’enfuient pour s’installer au Botswana

Après un match qualificatif pour la Coupe du monde, disputé au Botswana, 10 joueurs de l’équipe nationale érythréenne ont refusé de reprendre l’avion pour rentrer dans leur pays, miné par les violations des droits de l’homme.
Photo par Michael Kooren/Reuters

Un groupe de 10 joueurs de l'équipe de football d'Érythrée a trouvé refuge au Botswana après s'y être rendu il y a deux semaines pour un match qualificatif de la prochaine Coupe du monde. Après le match, les joueurs concernés avaient refusé de rentrer dans leur pays, miné par les violations des droits de l'homme.

Les 10 joueurs érythréens avaient fait leur demande d'asile le 14 octobre dernier, un jour après avoir refusé de monter dans l'avion qui devait les ramener chez eux.

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La plus haute cour du Botswana a décidé de leur accorder l'asile, a annoncé ce jeudi le Mouvement érythréen pour la démocratie et les droits de l'homme — une organisation basée en Afrique du Sud qui a réglé les frais juridiques des joueurs.

« Nous sommes reconnaissants du gouvernement du Botswana. Sa décision prouve que son État de droit et ses fondements sont solides, » a expliqué à Reuters, Eyasu Hatemarian, de l'organisation sud-africaine.

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Pendant que les autorités botswanéennes étudiaient la demande des joueurs, ceux-ci ont passé les deux dernières semaines dans un centre de surveillance à Francistown — la ville où a été joué le match. Après avoir pris la décision de rester au Botswana, leur avocat Dick Bayford a expliqué à Reuters que les joueurs risquaient d'être accusés de désertion s'ils étaient renvoyés dans leur pays. En effet, la plupart d'entre eux étaient aussi membres de l'armée érythréenne.

Le ministre de la Défense botswanéen avait déclaré que les joueurs devaient rentrer dans leur pays. L'Érythrée a été accusé par le Haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations unies de violations systématiques des droits humains, notamment pour travail forcé et conscription militaire (le fait d'être engagé de force dans l'armée).

« Le problème est simple : ils doivent retourner dans leur pays. Vous ne venez pas ici pour jouer au football, perdre, et puis dire que vous voulez l'asile politique. Il y a des étapes précises à suivre si vous voulez devenir un réfugié, » a expliqué à la radio locale GabzFM, le ministre de la Défense, Shaw Kgathi.

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Ce n'est pas la première fois que des membres de l'équipe nationale érythréenne font défection et demandent l'asile hors d'Érythrée. 50 joueurs ont fui le pays depuis 2009, date à laquelle l'équipe avait refusé de rentrer après un tournoi au Kenya.

En 2012, toute l'équipe était allée au bureau du HCR (Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies) à Kampala, après avoir affronté l'équipe nationale ougandaise. Ils avaient finalement obtenu l'asile aux Pays-Bas.

D'autres sports en Érythrée sont aussi concernés par ces défections. Le coureur à pied Weynay Ghebresilasie a demandé l'asile au Royaume-Uni juste après avoir participé au marathon des Jeux Olympiques de Londres en 2012 — au cours desquels il était porte-drapeau de l'Érythrée.

En plus des athlètes, des milliers d'Érythréens ont quitté le pays ces dernières années, le nombre de départs augmentant chaque année. En 2014, plus de 35 000 Érythréens ont fui pour l'Europe, contre 13 000 l'année précédente.

L'Érythrée s'est retrouvé sous les projecteurs cette année après la demande du HCR d'étendre son enquête dans le pays jusqu'en 2016. Cette extension va permettre au HCR de peaufiner son enquête sur ce que l'agence onusienne estime être des violations flagrantes des droits de l'homme en Érythrée. Certaines de ces violations pourraient même rentrer dans le cadre de crimes contre l'humanité d'après le HCR.

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