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FRANCE

Dans la manifestation des lycéens contre les violences policières

Près de 1 000 lycéens ont participé ce jeudi à un rassemblement place de la Nation à Paris, en soutien à Théo, le jeune homme de 22 ans victime d'un viol présumé.
Des lycéens qui courent vers la place de la Nation pour une manifestation contre les violences policières, le 23 février 2017. (Photo de Henrique Valadares/VICE News)

Près de 1 000 lycéens ont participé ce jeudi à un rassemblement place de la Nation à Paris, en soutien à Théo, le jeune homme de 22 ans victime d'un viol présumé lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) début février. Les jeunes Parisiens ont répondu à un appel à manifester lancé par de nombreux lycéens et notamment relayé par le Mouvement Inter Luttes Indépendant (MILI). Selon Le Parisien, 28 lycées parisiens ont été bloqués ou perturbés dans la matinée de ce jeudi, avant la manifestation.

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Devant le lycée Arago, à proximité de la place de la Nation. (Photo de Henrique Valadares/VICE News)

La manifestation non-déclarée s'est déroulée dans un climat tendu place de la Nation — lieu de rassemblement classique des manifestations étudiantes et lycéennes. Après quelques moments de flottement, quelques manifestants, dont certains étaient masqués, ont tenté de gagner l'avenue Philippe Auguste mais en ont été empêchés par les forces de l'ordre, qui ont répondu aux quelques jets de cailloux par du gaz lacrymogène.

De nombreux heurts ont éclaté entre les manifestants et la police, qui a fait usage de gaz lacrymogène. Selon Le Parisien, au moins onze personnes ont été interpellées, alors que la Préfecture de Police, elle, ne fait état que de 8 interpellations, « pour vols en réunion, dégradations… » Selon Le Parisien, deux magasins Franprix ont été pillés en marge des rassemblements et des blocages des lycées.

Des manifestants portent une banderole "Vengeance pour Théo" ce jeudi place de la Nation. (Photo de Henrique Valadares/VICE News)

Les forces de l'ordre n'ont pas réussi à retenir les manifestants sur la place de la Nation, qui ont investi quelques rues environnantes et sont entrés dans des immeubles, notamment pour fuir les sommations de la police, selon l'un des intéressés.

« On a eu au moins une dizaine de blessés, dont une grande partie à cause d'intoxications au gaz lacrymogène. On a également eu des traumas crâniens dus aux tirs de flashball et beaucoup de blessés à cause de coups de matraque [Ndlr, des informations que nous n'avons pu vérifier] », indiquent Antoine et Inès à VICE News. Ces deux lycéens de 17 ans, habillés en blanc et avec une grande croix rouge dessinée sur le dos, se qualifient de « street médic », présents pour secourir des participants blessés. Ils étaient parmi ceux qui se sont cachés dans les immeubles. « On est d'abord et avant tout secouristes, puis en deuxième lieu, manifestants », expliquent-ils.

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Portant des banderoles « Vengeance pour Théo » ou « Une matraque dans ton cul ? Accidentel, c'était pas voulu », les manifestants sont passés d'un côté de la place à l'autre.

Un manifestant tient une pancarte listant des victimes de violences policières. (Photo de Henrique Valadares/VICE News)

« Nous sommes là pour protester contre les violences policières », disent à l'unisson Deborah, Lucie, Inès et Tanguy, élèves de 1ère S dans les lycées environnants, et qui ont également pris part aux manifestations contre la Loi Travail au cours du printemps 2016. « Dans mon lycée, Voltaire, on est très actifs politiquement, même les profs », glisse Tanguy. « Les blocus sont très efficaces pour nous permettre de manifester et de se rassembler, c'est notre seul moyen… et ça arrange tout le monde », lâche Lucie, étudiante au Lycée Arago. « On continuera à se mobiliser, si c'est contre les violences policières », abondent Deborah et Inès.

La veille du rassemblement place de la Nation plusieurs membres du MILI avaient reçu des interdictions de séjour place de la Nation, pour ce jeudi 23 février. La Préfecture de police a également affirmé dans un tweet que « toute incitation ou participation à un attroupement non déclaré engage votre responsabilité morale et juridique ». Or, comme l'indique Libération, c'est incorrect : participer à une manifestation, même non déclarée n'est pas illégal. Les participants à un rassemblement de ce type peuvent être punis « d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende » seulement dans le cas où ils souhaitent « continuer volontairement à participer à un attroupement après les sommations » pour se disperser.

Des manifestants font face à la police ce jeudi place de la Nation. (Photo de Henrique Valadares/VICE News)

Également ce jeudi, un proviseur-adjoint du lycée Elisa Lemmonier, dans le 12ème arrondissement de Paris, a été blessé lorsqu'un manifestant a lancé un extincteur dans son dos. Une plainte a été déposée. Le rectorat a également fait état de plusieurs départs de feu devant des établissements.


Suivez Henrique Valadares sur Twitter : @HenriqValadares