FYI.

This story is over 5 years old.

FRANCE

Reprise de la destruction musclée d'une partie de la "Jungle" de Calais

La veille, une première journée d'évacuation et de destruction violente d'une portion de ce camp de fortune habité par des migrants s'était terminée dans la soirée par des affrontements entre militants, migrants et forces de l'ordre.
Photo Laurent Dubrule/EPA

VICE News regroupe ses articles sur la crise migratoire mondiale sur son blog «Migrants »


La démolition d'une partie sud de la "Jungle" de Calais a repris ce mardi, non loin du port français de Calais. La veille, une première journée d'évacuation et de destruction violente d'une portion de ce camp de fortune habité par des migrants s'était terminée dans la soirée par des affrontements entre militants, migrants et forces de l'ordre.

Publicité

Le processus de démolition a commencé ce lundi. Le but est de dégager la partie la plus au Sud de ce bidonville qui accueille entre 4 000 et 5 500 personnes. La semaine passée, le gouvernement français a remporté une bataille judiciaire, l'autorisant à déplacer par la force des migrants pour les installer dans un camp officiel fait de containers ou vers des centres d'accueils à travers la France. L'idée à terme est de réduire la taille du camp à un maximum de 2 000 habitants.

À lire : Jungle de Calais : une carte interactive pour comprendre cette crise migratoire

Des associations travaillant dans le camp ont mentionné l'utilisation de gaz lacrymogène, de flash-balls, la présence de canons à eau, de bulldozers, maillets et tronçonneuses. Quelques jours avant, les autorités françaises avaient promis que l'évacuation serait progressive et se ferait dans un climat de paix.

"Atterrés et tristes" écrivait ce lundi l'ONG CalAid. "Les équipes de démolition sont dans la partie sud du camp, mettant les abris en miettes et déplaçant les résidants en dehors du camp. Les flash-balls et les gaz lacrymogènes pour les gens, les maillets et les cutters pour les maisons. Les bénévoles ne peuvent pas entrer dans le camp. Les réfugiés prennent la route avec seulement un sac de couchage."

Avant le début des opérations, Xavier Bertrand, à la tête de la région Nord-Pas-de-Calais, a expliqué à des journalistes que cela était nécessaire, compte tenu de l'état des conditions de vie dans le camp.

Publicité

"La fermeté est un signe d'humanité. Beaucoup d'entre vous le savent, ce n'est pas la première fois que vous venez à Calais, vous avez vu les conditions de vie dans la Jungle… Je ne veux pas entendre des gens dire n'importe quoi en disant que les conditions de vie dans le Centre d'accueil temporaire sont indignes, c'est exactement le contraire. C'est là-bas que c'est indigne, et ici c'est digne", a dit Xavier Bertrand d'après Reuters.

Des abris en flammes lors de la démolition ce lundi (Photo par Laurent Dubrule / EPA)

Des réfugiés face à des forces de police françaises (Photo par Laurent Dubrule / EPA)

Beaucoup de ceux qui vivent dans le campement de fortune ne veulent pas bouger. Entre autres parce qu'on leur demandera leurs empreintes, par exemple pour entrer dans le centre d'accueil temporaire. Ils pensent que cela les forcera à demander l'asile en France. La plupart veulent se rendre en Angleterre, où l'accès à l'asile est plus facile qu'en France (41 pour cent contre 25 pour cent des demandes), et où ils ont de la famille.

Dans le cours de la soirée de lundi, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur les migrants, qui eux lançaient des pierres, en direction des équipes de démolitions, a rapporté la BBC. Les lacrymos ont aussi visé environ 150 personnes qui essayaient de monter dans des camions en route pour le port. Certains avaient des barres de fer et des bâtons en main.

Une centaine d'abris ont été démantelés lundi, d'autres ont été incendiés. La police a fait usage de canons à eau pour éteindre les incendies.

Chaos in the — Good Chance Calais (@GoodChanceCal)29 février 2016

Publicité

"De nombreux réfugiés qui sont venus en France pour échapper à des zones de guerre ont perdu leurs biens et leurs maisons de nouveau aujourd'hui",  pouvait-on lire dans un communiqué de Help Refugees, une organisation qui travaille à Calais depuis des mois.

L'association a fait part de son inquiétude concernant les centaines de mineurs non accompagnés dans le camp et les enfants pris entre les gaz lacrymogènes.

"Dans la confusion et la panique qui règnent dans le camp après les événements du jour, nous avons peur que ces enfants vulnérables s'éparpillent, les laissant sans l'aide de base apportée par notre réseau de volontaires, et qu'ils s'ajoutent aux 10 000 enfants réfugiés "perdus" en Europe, d'après Europol. Beaucoup de ces enfants ont des membres de leurs familles au Royaume-Uni."


Suivez Miriam Wells sur Twitter: @missmbc