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Irak

Reprise de l'est de Mossoul par les forces irakiennes

Des spécialistes estiment que l'ouest de la ville va être libéré d'ici début mai. Mais pour cela, il faut que les soldats se servent des leçons apprises lors des trois derniers mois de combats.

L'armée irakienne a annoncé avoir repris la partie est de Mossoul de l'emprise de l'organisation État islamique. Il s'agit d'une avancée majeure pour l'armée qui cherche à expulser le groupe terroriste de la deuxième plus grande ville du pays.

Le Lieutenant Général Talbi Shaghati, en charge des services antiterroristes irakiens, a indiqué à la presse ce mercredi que ses hommes avaient pris le contrôle de la rive orientale du fleuve Tigre, qui coupe la vieille ville du nord au sud, rapporte Reuters.

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« Aujourd'hui nous célébrons… la libération de la rive est de Mossoul, » a dit Shaghati.

Des soldats de l'armée régulière combattent encore des petites poches de combattants l'EI, terrés dans le nord-est de la ville, d'après un communiqué de l'armée.

Le Premier ministre irakien, Haider Al-Abadi, s'est réjoui de cette avancée tout en assurant que l'armée allait continuer à faire son possible pour libérer l'ouest de la ville, qui est totalement sous le contrôle de l'EI.

Mossoul comptait 2 millions d'habitants et représentait l'un des joyaux de l'EI — d'un point de vue stratégique et symbolique. En juin 2014, le leader du groupe terroriste, Abou Bakr Al-Baghdadi, avait proclamé l'établissement du « califat » dans la grande mosquée de Mossoul.

La bataille de Mossoul, la plus grande opération militaire dans le pays depuis l'invasion américaine en 2003, avait commencé sur les chapeaux de roues le 16 octobre dernier. Une immense coalition composée de soldats irakiens, de peshmergas kurdes, des miliciens chiites et de combattants des tribus sunnites avançait sur la ville.

Avec près de 100 000 hommes à leur disposition — bien plus que les quelques milliers de combattants de l'EI stationnés dans la ville — et le soutien aérien et logistique des États-Unis et d'autres partenaires internationaux, les forces irakiennes ont gagné du terrain pendant les premières semaines. Mais cette avancée s'est ralentie quand les soldats sont arrivés dans le centre de la ville pour tomber sur une opposition djihadiste très préparée.

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Les combattants de l'EI qui ont pris Mossoul en juin 2014 ont eu le temps de se préparer à cet assaut, annoncé de longue date. Ils ont construit un large réseau de tunnels et ont minutieusement piégé la ville pour ralentir l'avancée de l'armée.

Mike Knights, chercheur spécialiste de l'Irak au Washington Institute for Near East Policy estime que l'EI s'est « sacrément bien battu » pour défendre l'est de la ville. Les forces irakiennes ont dû davantage s'appuyer sur leurs partenaires internationaux — du moins plus qu'ils l'avaient envisagé.

Knights considère que la bataille de l'est de Mossoul n'a pas été une catastrophe humanitaire aussi grave que les agences humanitaires le craignaient. Cela n'a pas non plus été une victoire facile comme la coalition l'espérait.

« Nous n'avons pas assisté à des destructions massives. Il n'y a pas non plus eu autant de déplacés que les agences humanitaires craignaient, » dit-il. « D'un autre côté, la coalition espérait que Mossoul tombe rapidement — on est dans un entre-deux. »

Ce mardi, l'agence onusienne en charge des réfugiés a indiqué que plus de 160 000 personnes ont été déplacées de Mossoul et des villages alentour depuis le début de l'offensive. Le nombre de déplacés augmente quelque peu ces dernières semaines avec l'intensification des combats. Certaines familles déplacées commencent à retourner dans les zones libérées suite à l'avancée des forces gouvernementales.

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Homeward bound:ppl continue to flee — Caroline Gluck (@carogluck)January 18, 2017

Knights s'attend à ce que l'ouest de la ville soit libéré d'ici la fin avril ou début mai. Pour cela, il faut que les soldats se servent des leçons apprises ces trois derniers mois de combats. Difficile en revanche de savoir combien de combattants de l'EI sont encore présents dans la ville.

« On ne sait pas à quel point cela leur a coûté de défendre l'est de Mossoul, » dit le spécialiste. Il s'attend que l'assaut contre l'ouest se déroule comme celui de l'est, avec des troupes irakiennes pressant l'EI depuis les banlieues de Mossoul — plutôt que de traverser la rivière qui coupe la ville en deux.

La perte de Mossoul, la plus grande ville sous le contrôle de l'EI, serait un coup dur porté à l'organisation terroriste et pourrait signer la fin de son contrôle territorial en Irak, estime Knights. Le groupe contrôle de larges pans de territoires en Syrie, dont la capitale du califat autoproclamé, Rakka.

Si Mossoul est reprise, l'EI va quand même continuer à frapper en Irak, estime Knights. Le groupe va maintenir une présence dans les territoires non-gouvernés du pays et va continuer à perpétrer des attentats dans les villes tenues par le gouvernement.


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