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Saisie record de méthamphétamines en France : d’où vient cette drogue ?

Vendredi dernier, les douanes françaises ont annoncé avoir fait une saisie record de méthamphétamine, ou « meth », cachée dans des paquets de céréales.
Capture d'écran via Douanes françaises

Vendredi dernier, les douanes françaises ont annoncé avoir fait une saisie record de méthamphétamine, ou « meth », cachée dans des paquets de céréales.

L'opération a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi dernier, mais elle n'a été portée à la connaissance du public que le vendredi suivant. Les douanes françaises ont mis la main sur 70 paquets de céréales arrivés à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, en région parisienne.

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Dans 40 des 70 paquets, les agents des douanes trouvent des cristaux de méthamphétamines, conditionnés dans du papier d'aluminium.

Vidéo de la saisie, filmée par les douanes françaises.

Les douanes françaises expliquent que le poids anormalement élevé des paquets leur a mis la puce à l'oreille. Mais c'est surtout un ciblage du fret qui a permis la saisie. Les deux cartons contrôlés venaient de Yaoundé, capitale du Cameroun, et étaient envoyés vers la Malaisie.

Au total, la saisie pèse 51,5 kg. Il y en a pour 3,8 millions d'euros, d'après les estimations des douanes françaises.

Une carte du trafic de méthamphétamine

La méthamphétamine est aujourd'hui l'une des substances illicites les plus populaires du monde. C'est également l'une des drogues les plus rentables pour les trafiquants. De l'Australie à l'Asie, de l'Afrique à l'Amérique du Nord, la méthamphétamine est aujourd'hui la drogue préférée des narcotrafiquants.

Les quantités de méthamphétamine saisies par les autorités au cours des dix dernières années reflètent cette poussée. D'après l'Office des Nations Unies Contre la Drogue et le Crime (UNODC), les saisies de méthamphétamine ont presque quadruplé entre 2008 et 2012, passant de 22 à 104 tonnes. Au Mexique, les saisies sont passées de 341 kg en 2008 à 40 tonnes en 2012. En Australie, elles ont augmenté de plus de 400 pour cent en un an, passant de 426 kg en 2011, à 2 269 kg en 2012.

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La carte que nous avons réalisée ci-dessous, schématise les circuits du trafic de méthamphétamine, ou « meth » dans le monde :

La méthamphétamine que l'on trouve en Asie est principalement produite en Chine, où les précurseurs chimiques utilisés dans la fabrication des stupéfiants sont facilement accessibles, ainsi que dans la région du Triangle d'Or de Birmanie et au Laos.

Dans un article que nous avions publié en mai dernier sur la circulation de la drogue dans le monde, Jeremy Douglas, représentant régional de l'UNODC pour l'Asie du Sud-Est, nous expliquait que « l'usage du crystal meth a explosé au sein de la région ». D'après les premières estimations de l'UNODC, les autorités y ont saisi 23 tonnes de méthamphétamine en 2015.

Profits énormes et « super-laboratoires »

Douglas précise que la production de méthamphétamine est particulièrement intéressante pour les trafiquants parce que les coûts de démarrage et le coût des opérations sont peu élevés. Pour l'héroïne, il faut payer des centaines de fermiers pour des récoltes qui, au final, ne produiront qu'une quantité limitée de gomme d'opium. Pour fabriquer de la méthamphétamine, il suffit de se faire livrer des produits chimiques qui sont plutôt faciles à obtenir et d'avoir quelques connaissances scientifiques. Il suffit ensuite d'envoyer la drogue en Australie, où le prix au kilo est le plus élevé au monde, pour générer des profits énormes.

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La plupart des composants chimiques de la méthamphétamine sont fabriqués en Chine, où l'industrie pharmaceutique (un secteur en plein essor) produit les substances chimiques qui servent à produire la version cristalline de la méthamphétamine — un produit d'une grande pureté appelé « ice », ou « crystal meth ».

« [Dans le cas] du crystal meth, la Chine semble être au premier rang [de la production], mais les Philippines et l'Indonésie produisent également des quantités importantes, et dans une certaine mesure, la Birmanie aussi », nous dit Douglas. « Mais au cours des dernières années, on a remarqué que quelques labos en Chine en produisent à échelle industrielle. » D'après la DEA, les cartels mexicains produisent 90 pour cent de la méthamphétamine consommée aux États-Unis.

En 2009, un homme d'affaires mexicain d'origine chinoise, Zhenli Ye Gon, a été arrêté lorsque la police a découvert 207 millions de dollars en argent liquide dans sa résidence à Mexico City. Ye Gong a par la suite admis avoir vendu des tonnes de précurseurs de méthamphétamine au Cartel de Sinaloa. Le cartel des Chevaliers du Temple envoie en Chine des quantités importantes de minerai de fer provenant d'exploitations illégales, contre des précurseurs chimiques. Et les fabricants de crystal meth sud-africains, eux, troquent apparemment des ormeaux de contrebande (très prisés en Chine) contre des précurseurs.

Les liens entre les groupes mexicains — en particulier le Cartel de Sinaloa — et les réseaux criminels asiatiques sont bien connus. Début 2015, un membre présumé du Cartel de Sinaloa nommé Horacio Hernandez Herrera a été arrêté à Manille, accusé par les autorités locales de vouloir s'implanter dans le marché local de la méthamphétamine. Peu de temps après l'arrestation de Herrera, la police aux Philippines a mis la main sur 84 kg de crystal meth haut de gamme, dit « shabu », d'une valeur de 9,4 millions de dollars. Elle a également arrêté trois suspects pour leurs liens présumés avec le Cartel de Sinaloa.

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D'après l'ONUDC, le Cartel de Sinaloa est également soupçonné d'avoir des liens avec des fabricants de méthamphétamine au Nigeria. en avril dernier, les autorités à Asaba, au Nigeria, ont arrêté quatre Mexicains et démantelé un « super-laboratoire » capable de produire jusqu'à 3,6 tonnes de méthamphétamine par semaine.


Cet article reproduit en partie un dossier sur la circulation de la drogue dans le monde publié en mai 2016.

Keegan Hamilton a participé à la rédaction de cet article.

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