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FRANCE

Sarkozy et les violences du CPE : Bayrou demande l’ouverture d’une « enquête »

L’épisode des Invalides en 2006 ressort parce qu’un livre pose la question de la responsabilité de l’ancien ministre de l’Intérieur.
La police anti-émeute française bloque l'accès aux Invalides à la suite d'une manifestation d'étudiants à Paris, le 23 mars 2006. Jacky Naegelen/REUTERS

C'est un livre qui vient compliquer une semaine déjà difficile pour Nicolas Sarkozy. Patrick Buisson, ancien conseiller du président de la République, publie aujourd'hui La cause du peuple (éd. Perrin), un livre dans lequel Sarkozy est accusé de plusieurs choses : rapprochement avec le FN, phrases assassines pour ses collaborateurs, etc.

Un passage fait ressortir une vieille affaire, datant de 2006. Patrick Buisson accuse en effet celui qui était encore ministre de l'Intérieur d'avoir laissé « les bandes de blacks et de beurs agresser les jeunes blancs aux Invalides ». Il fait référence à une fin de manifestation anti Contrat première embauche (CPE), en mars 2006.

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Sur l'esplanade des Invalides, à la fin de la manifestation, des bandes de jeunes avaient agressé des jeunes manifestants pendant de longues minutes, sans que les forces de l'ordre postées tout autour n'interviennent.

Pour Buisson, cette absence d'intervention n'est pas neutre. Il explique que Nicolas Sarkozy avait anticipé ces violences sans vouloir les empêcher, dans le but de nuire à l'image de son concurrent à la présidentielle de 2007, le Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin. C'est lui qui avait porté cette loi impopulaire.

Invité d'Europe 1 ce jeudi matin, François Bayrou a demandé l'ouverture d'une « enquête » pour vérifier ces propos. « C'est une chose extrêmement lourde », a affirmé le président du MoDem. Si cela est confirmé, « c'est une forfaiture, c'est-à-dire quelqu'un qui trahit sa mission au profit de ses intérêts. »

Buisson poursuit ses accusations dans les pages de son livre : après avoir décidé de laisser faire l'entrée des « casseurs » aux Invalides, Nicolas Sarkozy aurait prévenu « les photographes de Paris Match de la probabilité de sérieux incidents ». Les images diffusées dans les médias ont de fait choqué l'opinion publique : des étudiants frappés, des vitrines brisées, des boutiques pillées, des CRS harcelés mais immobiles.

Discrédité et face à la forte contestation, le gouvernement De Villepin avait fait marche arrière et abrogé le CPE le 10 avril 2006. Ce nouveau contrat voulait inciter l'embauche des jeunes de moins de 26 ans, notamment en instaurant une période d'essai de deux ans au lieu de huit mois pour un CDI traditionnel.

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Pour un policier, c'est « possible »

Interrogé sur France Inter ce mercredi, un ancien chef de section des CRS présent sur la manifestation anti-CPE a jugé « possible » l'accusation de Patrick Buisson. « J'étais présent, en mesure d'interpeller des casseurs, je les avais identifiés, et on ne m'a jamais donné l'ordre, avec ma section, d'intervenir » a-t-il dit sur France Inter. Pour lui, les forces de l'ordre ont été « instrumentalisées ».

Mais Bruno Jeudy, rédacteur en chef de Paris Match, a démenti formellement une partie des propos de Patrick Buisson. Invité sur le plateau de BFMTV mardi soir, il a affirmé que « Paris Match n'a jamais été contacté par le ministère de l'Intérieur. Paris Match a acheté les photos à une agence qui s'appelle Gamma ». Pour le journaliste, « on peut se dire quand même qu'il y a un certain nombre de choses romancées par Patrick Buisson qui donnent une couleur très gênante à tout cela. »

L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy semble vouloir, avec son nouveau livre La cause du peuple, régler ses comptes avec le candidat à la primaire de la droite. Au-delà de l'épisode du CPE, on trouve un inventaire de formules assassines imputées à l'ancien président, des révélations et confidences de l'ancien chef d'État. Buisson fait ainsi dire à Nicolas Sarkozy que « les valeurs du Front national sont celles de tous les Français », ou que François Fillon est un « pauvre type ».


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