FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

« Grassouillet », le fils d'un baron de la drogue arrêté après avoir fait le malin sur Twitter

Après avoir exposé son train de vie de narco sur les réseaux sociaux, Ismael Zambada Imperial pourrait devenir une mine d'information pour les autorités qui veulent faire tomber son père, chef d'un puissant cartel.
Photo via Twitter

Ismael Zamaba Imperial — le fils aîné du chef du cartel mexicain de Sinaloa, Ismael « El Mayo » Zambada — a été arrêté la semaine dernière à Culiacán dans l'État du Sinaloa par les forces spéciales de la police mexicaine. Le rejeton et plusieurs de ses associés ont été capturés le 12 novembre par des membres de l'armée et de la marine mexicaine au cours d'une opération qui visait son père.

Le jeune Zambada — surnommé « El Mayito Gordo », ce qui veut dire grosso modo la version grassouillette de son père — ne joue pas un rôle important dans l'empire du papa, mais son arrestation est peut-être le signe que les autorités sont enfin décidées à traquer l'insaisissable baron de la drogue.

Publicité

Contrairement à son père, qui fait profil bas, Mayito semble avoir été une cible facile à suivre pour les autorités. Non seulement à cause de sa réputation de play-boy à Culiacán — capitale du Sinaloa et bastion du cartel — mais il a aussi fait étal de son train de vie de narco sur Twitter, où il a posté des photos de ses joujoux hors de prix et de ses fiestas.

….U…. - Mayito Gordo (@ismaelimperial)July 3, 2014

- Mayito Gordo (@ismaelimperial)September 17, 2013

- Mayito Gordo (@ismaelimperial)July 11, 2013

Un cartel mexicain sème la terreur sur Twitter. À lire ici.

On a beaucoup écrit sur la présence sur les réseaux sociaux des fils de différents chefs de cartels. L'autre fils d'El Mayo, Serafin Zambada a aussi attiré l'attention, et Alfredo Guzmán, le fils de Joaquin "El Chapo" Guzmán est célèbre pour ses photos de guépards, de liasses de billets et de Lamborghini. El Mayito interagissait avec les deux sur les réseaux. Sur Twitter, il utilisait le nom de « Mayito Gordo » (son compte n'a pas été vérifié par Twitter) et en octobre 2013, il écrit un tweet pour dire qu'il n'est plus gros, comme le dit son surnom.

Ya no estoy gordo les afirmo

- Mayito Gordo (@ismaelimperial)October 24, 2013

"On dit que je ne suis plus gros."

El Mayito aimait partager des photos de camions onéreux, de véhicules tout-terrain, de montres et de chaussures. Parmi les tweets postés en août 2013, on trouve la photo d'une paire de Nike qui aurait appartenu à El Chino Ántrax, l'homme de main du cartel de Sinaola qui a été capturé à Amsterdam en décembre 2013. Chino Ántrax, dont le véritable nom est Rodrigo Arechiga Gamboa a été extradé aux États-Unis et fest accusé de trafic de drogue. Chino Ántrax avait une activité appuyée sur Twitter et Instagram, et certains articles disent que c'est sa présence sur les réseaux sociaux qui a conduit à sa chute.

Publicité

- Mayito Gordo (@ismaelimperial)August 22, 2013

"Ne le dis à personne."

Lo dificil para mi - Mayito Gordo (@ismaelimperial)July 11, 2013

"La vie est dure."

Le journaliste mexicain Javier Valdez qui écrit sur le crime organisé et qui a cofondé l'agence de presse Rio Doce, basée à Culiacan a déclaré à VICE News que l'arrestation d'El Mayito ne porterait pas vraiment un coup au cartel Sinaloa.

« Pour moi, l'arrestation d'El Mayito Gordo n'est pas très importante, » explique-t-il. « C'est un coup sentimental, familial et moral qui est porté à la famille de Mayo Zambada. Mais le mec [El Mayito] n'avait aucun poids dans l'organisation. Il sortait, allait à des fêtes, montrait ses fusils, ses bijoux, ses femmes. On dit que ce n'était pas un membre actif, et que ses fonctions à Culiacan n'étaient pas très importantes. Il était là parce que c'était le fils d'El Mayo. »

D'après Javier Valdez, la rumeur dit qu'El Mayo aurait demandé à son fils ainsi qu'à d'autres membres du cartel d'arrêter de poster sur les réseaux sociaux après l'arrestation de Chino Ántrax. Le dernier tweet d'El Mayito a été posté le 25 juillet 2014. On le voit entouré de jeunes femmes à une fête ou en boîte.

90. - Mayito Gordo (@ismaelimperial)July 25, 2014

« On sait que cet été, il a attiré l'attention de son père et qu'il [El Mayo] lui a interdit de poster des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) qui montraient ses beuveries et qui pouvaient potentiellement indiquer où il se trouvait et ce qu'il faisait, » continue Javier Valdez.

Publicité

Mayito est le troisième des fils d'El Mayo à avoir été arrêté. Serafin Zambada a été capturé alors qu'il traversait la frontière près de Nogales en Arizona en novembre 2013. Son compte Twitter, plein de photos de ses sacs de weed, de chats exotiques et de fusils d'assaut aurait aidé les autorités dans leur opération.

Vicente Zambada Niebla — ou El Vicentillo — a lui été arrêté en 2009 à Sinaloa et extradé vers les États-Unis. Il aurait été une figure clé, responsable de la coordination de livraison de drogue aux États-Unis. Il a plaidé coupable en avril. Les documents de la cour indiquent qu'en échange d'informations, la Drug Enforcement Administration (DEA) aurait fermé les yeux sur des importations de cocaïne de Zambada à Chicago.

Alejandro Hope, un ancien responsable des renseignements mexicains qui travaille à présent comme analyste de sécurité estime lui aussi qu'El Mayito n'était pas un membre important du cartel Sinaloa, mais il pense que le jeune Zambada pourrait fournir des informations de valeur s'il était extradé comme son frère.

« Très bien ils l'ont arrêté, mais la question est de savoir s'ils vont l'extrader comme son frère et tomber encore une fois sur une mine d'informations, » explique Alejandro Hope. « Ça, ça serait intéressant. » Il ajoute que cette arrestation est un signe que « La chasse à Mayo est toujours ouverte. »

El Mayo aurait dans les 66 ans. C'est une légende vivante au Mexique. Il a commencé comme fermier dans une zone rurale du Sinaloa, puis s'est mis à travailler pour le cartel Juarez dans les années 1980. Il a gagné du pouvoir pendant deux décennies, formant sa propre organisation dont il est depuis resté à la tête, alors que ses partenaires et ses rivaux se faisaient tuer ou terminaient derrière les barreaux, à l'instar d'El Chapo qui a été arrêté le 22 février dernier à Mazatlán, une ville côtière de Sinaloa.

Publicité

En 2010, El Mayo a accordé une interview à un journaliste mexicain du magazine d'investigation Proceso. À part ça, il a surtout cherché à éviter le feu des projecteurs. Depuis qu'El Chapo est en prison, El Mayo et Juan José "El Azul" Esparragoza sont les deux leaders du cartel Sinaloa. La rumeur a couru qu'El Azul était mort d'une crise cardiaque plus tôt dans l'année. Des preuves ont ensuite montré qu'il avait simulé sa mort et qu'il était toujours en vie.

Le timing de l'arrestation d'El Mayito est étrange. D'après Javier Valdez, il apparaissait souvent à Culiacán, suggérant que la police aurait pu l'arrêter quand bon lui semblait.

« Il se promenait dans les rues de Culiacán, allait au restaurant, dans les centres commerciaux, au cinéma et en boîte de nuit sans aucun problème, » raconte Javier Valdez. « Il était toujours entouré de ses gardes du corps, mais ça ne faisait pas scandale. Il aimait les femmes et faire la fête, bien sûr. »

Le Mexique a capturé de nombreux barons de la drogue ces derniers mois, dont Vicente Carrillo Fuentes, leader du cartel Juarez, et Hector Beltrán Leyva, à la tête d'un important trafic de drogue. Les critiques ont accusé le Mexique d'attendre des scandales ou des moments de crise politique pour arrêter les barons de la drogue et détourner l'attention des médias.

Le pays est en proie à de violentes manifestations après le probable massacre des 43 étudiants de l'école normale d'Ayotzinapa dans l'état de Guerrero par la police locale, de mèche avec des tueurs à gage. Mais Alejandro Hope affirme que l'arrestation d'El Mayito est sans rapport.

Publicité

« Ce n'est pas évident de programmer ces opérations en fonction d'un agenda politique, » explique Hope.

« Vous ne pouvez pas décider tout à coup d'appuyer sur l'interrupteur. Ça demande du temps, et du travail. Vous devez avoir un plan, vous ne pouvez pas juste y aller. »

« Ce n'est pas parce qu'ils ont arrêté le fils de Mayo Zambada que les gens vont arrêter de parler d'Ayotzinapa, » conclut-il.

Étudiants disparus : une chronologie du scandale mexicain

Suivez Keegan Hamilton sur Twitter: @keegan_hamilton