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environnement

Le tour du monde de l’avion solaire a commencé, le calvaire de ses pilotes aussi

Deux pilotes suisses se sont lancés dans un tour du monde historique et éprouvant en 12 étapes, à bord du Solar Impulse 2, un avion solaire futuriste, en forme d’espoir environnemental. Aussi large qu’un Airbus A380 et plus léger qu’un 4x4.
Pierre Longeray
Paris, FR
Photo via Wikimedia Commons / Milko Vuille

Le Solar Impulse 2 (Si2), un avion suisse qui fonctionne à l'énergie solaire, a décollé ce lundi matin, au lever du soleil, de la capitale des Émirats Arabes Unis, Abou Dhabi, pour se lancer dans un tour du monde avec escales, sans utiliser la moindre goutte de kérosène. Il s'agit de la première tentative de ce genre. Un voyage de 35 000 kilomètres autour du monde (en 12 étapes) utilisant seulement l'énergie solaire. André Borschberg et Bertrand Piccard, les deux fondateurs de Solar Impulse et pilotes du Si2, devraient être de retour à Abou Dhabi dans cinq mois après avoir visité entre autres l'Inde, la Chine, Hawaï, New York et Madrid. Après avoir mis leurs corps et esprits à rude épreuve.

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L'avion a atterri à Oman, sa première étape, vers 17h15, heure française.

Borschberg et Piccard seront chacun responsables de 6 étapes, la cabine n'accueille qu'un seul pilote. Certains trajets pourront durer 5 jours et 5 nuits. Le pilote ne pourra pas se tenir debout dans la cabine, ni dormir plus de 20 minutes d'affilée.

Les deux pilotes ont suivi des séances de yoga et d'hypnose en guise d'entraînement pour ce qui s'annonce comme un voyage plus qu'éprouvant. Ils porteront par exemple des masques spéciaux qui émettent des flashs lumineux pour les réveiller de leurs siestes à répétition.

« Il faut que vous arriviez à faire du cockpit votre petite maison dans le ciel pendant près d'une semaine, » a expliqué Piccard à l'Associated Press quelques heures avant le décollage.

L'avion devait décoller ce samedi mais cela a finalement été reporté à ce lundi matin pour des questions météo. Ce lundi, à 7h12 du matin (heure locale) André Borschberg s'est élancé sur la piste de l'aéroport d'Al-Bateen pour rejoindre la capitale du sultanat d'Oman, Muscat. Le vol de 400 kilomètres devait durer environ 10 heures (alors qu'un vol commercial classique ne prendrait qu'une petite heure). Le voyage du Si2 était diffusé en direct sur YouTube.

La confection de l'avion et la préparation du projet ont demandé plus de 12 ans. Le Si2 a une envergure de 70 mètres — atteignant quasiment la taille du plus grand avion commercial sur le marché, l'Airbus A380. Plus de 17 000 cellules solaires sont disposées sur les ailes de cet avion qui ressemble à un immense planeur. Celles-ci alimentent quatre moteurs électriques et rechargent des batteries au lithium qui permettent à l'avion de voler de nuit. L'avion fait le poids d'un 4x4 classique — un peu plus de deux tonnes, soit 1 pour cent du poids de l'A380. Un seul pilote peut se glisser dans l'exigu cockpit de l'avion solaire.

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Le pilote sera en communication constante avec la base de contrôle installée dans la principauté de Monaco — le Prince Albert II est un soutien très investi du projet Si2 — mais aussi avec des médias, des universités et des scientifiques pour décrire leur expérience.

Enjoy every single moment of this flight — Bertrand PICCARD (@bertrandpiccard)March 9, 2015

Piccard, le président de Solar Impulse, et Borschberg, directeur Général, ont déjà traversé les États-Unis en 2013 à bord de leur premier avion — Solar Impulse. Le duo d'aventuriers suisses est unique et rodé à ce type d'expérience.

Borschberg est un ancien pilote de chasse et ingénieur en chef des 80 ingénieurs spécialisés qui travaillent sur le projet. Piccard a quant à lui été le premier homme à faire le tour du monde en ballon, sans escale, en 1999 avec l'Anglais Brian Jones. Psychiatre de formation, Piccard est à l'initiative du projet.

« Il s'agit d'un projet humain, d'un défi humain, » a expliqué Borschberg aux reporters présents ce dimanche à Abou Dhabi, alors que Piccard ajoutait, « Nous voulons partager notre vision d'un futur propre. » Le projet du Si2 semble avoir une visée plus politique qu'industrielle.

Les deux pilotes ont ainsi expliqué que ce tour de la planète devait permettre aux pays du monde entier de « se confronter à la Conférence sur le climat des Nations Unies, qui redéfinira le nouveau protocole de Kyoto en décembre 2015 à Paris. »

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« Le changement climatique est aussi une opportunité fantastique pour développer de nouvelles technologies vertes, économiser les ressources naturelles de notre planète, faire des bénéfices, créer des emplois, et soutenir la croissance, » a expliqué Piccard.

130 personnes sont impliquées dans ce défi — 65 météorologues, ingénieurs et contrôleurs aériens resteront sur place à Monaco, alors que 65 autres suivront Piccard et Borschberg autour du monde.

Après Oman, le Si2 survolera la mer d'Arabie pour rejoindre l'Inde avant de se diriger vers la Chine, Hawaï, Phoenix et New York. L'avant-dernière étape entre New York et Madrid sera sans doute une des plus redoutables (avec la traversée du Pacifique en deux étapes) avant de rejoindre Abu Dhabi.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter @PLongeray  

Photo via Wikimedia Commons / Milko Vuille