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Etats-Unis

Soupçons de harcèlement sexuel chez Uber

Le patron d'Uber a demandé à la nouvelle responsable des ressources humaines de l'entreprise de mener une « enquête urgente concernant ces accusations. »
Sipa USA via AP

Un récent billet posté sur le blog d'une ancienne employée d'Uber fait des remous dans le monde feutré de la Silicon Valley. Sur son blog, Susan Fowler décrit une expérience prolongée et systématique de harcèlement sexuel au sein de l'entreprise.

La page LinkedIn de Fowler indique qu'elle a travaillé pour Uber en tant qu'ingénieure de fiabilité entre novembre 2015 et décembre 2016, et qu'elle a quitté l'entreprise pour rejoindre la startup Stripe le mois dernier.

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La raison pour laquelle Fowler a quitté le géant de la réservation de voitures avec chauffeur, elle l'explique sur son blog au cours d'un post intitulé « Réflexions sur une année très, très bizarre chez Uber » dans lequel elle détaille une « expérience bizarre, fascinante et légèrement horrifiante. »

Au cours de ses premières semaines chez Uber, Fowler affirme que son manager lui a fait des avances sexuelles — ce qu'elle a signalé au services des ressources humaines. La direction et les RH lui ont répondu qu'ils « ne se sentaient pas à l'aise avec l'idée de donner autre chose qu'un avertissement » au manager, puisque c'était sa première faute.

D'après Fowler, les RH et la direction étaient généralement totalement désintéressées par ses dires et les affirmations d'autres femmes travaillant chez Uber. Apparemment, les RH auraient modifié clandestinement ses bilans de performance, auraient suggéré à Fowler qu'elle était la cause de ses problèmes de harcèlement et l'auraient menacé de la virer pour avoir signalé un supérieur aux RH (ce qui est illégal, comme l'a expliqué plus tard le responsable technique de Fowler).

Si Fowler écrit qu'elle a « eu une chance unique de travailler avec les ingénieurs les plus brillants de la Bay Area », elle précise néanmoins que pendant son passage chez Uber, seulement 3 pour cent des 150 ingénieurs de fiabilité étaient des femmes.

Depuis la publication du post de Fowler ce dimanche, il a été largement partagé sur les réseaux sociaux et a contraint Uber à répondre.

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Dans un communiqué envoyé à VICE News, le directeur d'Uber, Travis Kalanick, déclare que « Ce qu'elle décrit est abominable et va à l'encontre de tout ce que Uber défend. » Il ajoute qu'il a demandé à la nouvelle responsable des RH chez Uber, Liane Hornsey, de mener une « enquête urgente concernant ces accusations. »

Ariana Huffington — entrepreneur et membre du board d'Uber — a écrit sur Twitter qu'elle va travailler avec Hornsey pour « mener une enquête indépendante totale dès maintenant ». Interrogé sur cette enquête « indépendante », un porte-parole d'Uber nous a dit qu'Huffington « allait travailler en collaboration avec nous dans les prochains jours. »

Le sexisme et la discrimination de genre sont deux problèmes considérés comme endémiques dans la Silicon Valley — mais les efforts consentis pour régler ces soucis n'ont pas porté leurs fruits. Le comportement de certains membres de la direction d'Uber permet néanmoins de comprendre d'où pourrait venir cette culture d'entreprise particulière.

En 2014, Kalanick plaisantait avec un journaliste de GQ sur une startup de « femmes sur demande » baptisée « Boob-er ». L'année passée, suite à une enquête de BuzzFeed News sur des plaintes pour agressions sexuelles concernant des chauffeurs, Uber avait répondu que le site d'information avait surestimé le nombre de plaintes parce que « toute adresse e-mail ou nom de chauffeur/client qui contient les lettres R, A, P, E [Ndlr, viol] consécutivement (par exemple Don Draper) » allait affecter le nombre de résultat.

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Suite à cette défense hasardeuse, Uber avait admis que son fournisseur de logiciel de service client l'avait contacté « pour nous dire que leur moteur de recherche ne ferait pas apparaitre un nom comme Don Draper, lorsque que vous cherchez le mot rape [viol]. »

Susan Fowler n'était pas disponible pour répondre à nos questions.


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