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FRANCE

Les LGBT se suicident quatre fois plus que le reste de la population

La fédération Inter-LGBT lance une campagne de sensibilisation du public à l’homophobie, et à la banalisation de l'usage des insultes visant les LGBT dans le langage quotidien.
Image tirée de la campagne campagne Inter-LGBT

Une campagne de sensibilisation du public à l'impact de l'homophobie, des  sur le suicide des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles (LGBT) a été lancée ce jeudi 5 février, à l'occasion de la journée de prévention contre le suicide. La fédération Inter-LGBT, qui milite pour les droits des LGBT indique dans sa campagne que les personnes LGBT se suicident en moyenne quatre fois plus que le reste de la population.

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Cette campagne prend la forme de deux affiches et d'un spot radio (déjà diffusé en septembre dernier sur Fun Radio, à l'occasion de la journée, mondiale celle-ci, de prévention du suicide). L'utilisation dans le langage courant de mots comme « tapette », « gouine » ou encore « PD » y est clairement dénoncée.

Le lien entre la banalisation de ces termes et le suicide est établi très explicitement par les militants de l'association : dans le message radio, on entend une jeune femme s'exclamer « Mais qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux, c'est quoi cette coupe de goui […] », suivi d'un bruit de coupure violente.

Une voix grave énonce ensuite : « Ça n'a pas l'air bien méchant dit comme ça, et pourtant, les personnes LGBT se suicident en moyenne quatre fois plus que le reste de la population. Pas à cause de ce qu'elles sont, à cause de ce qu'elles subissent au quotidien. Il est temps que ça s'arrête. Changeons de comportement. »

Spot Radio Campagne prévention suicide LGBT par Inter-LGBT

Interrogé par VICE News, Nicolas Rividi, porte-parole de la fédération Inter-LGBT explique qu'il veut « Faire comprendre aux gens le lien entre la « LGBT-phobie » quotidienne, et des actes irrémédiables commis par des personnes en situation de grande souffrance. Nous voulons interpeller les gens sur le fait que c'est la « LGBT-phobie » qui est responsable aujourd'hui du taux plus élevé que la moyenne chez les personnes LGBT. » Il affirme que « Le risque suicidaire est de 3 à 4 pour cent dans la population globale, alors qu'il est de 12 à 13 pour cent chez les personnes LGBT, on a donc un facteur de 1 à 4. » Ce constat est notamment fait dans une étude de l'INPES, « Les minorités sexuelles face au risque suicidaire ».

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Image Inter-LGBT

Le rapport 2014 de SOS homophobie note une augmentation en 2013 de témoignages rapportant des faits d'homophobie de plus de 80 pour cent par rapport à l'année précédente 2012. Cette étude porte sur des chiffres de 2013, quand une partie du débat sur « le mariage pour tous » a dégénéré, et que le débat public français a été débordé par une libération de la parole homophobe.

Le rapport recense plus de 3 500 témoignages d'insultes, injures et menaces d'agression.

Pour Nicolas Rividi, « La société française aujourd'hui n'est pas guérie de l'homophobie. Cette campagne d'interpellation c'est aussi pour dire aux gens de faire attention quand ils utilisent des mots, des expressions. »

L'Inter-LGBT relève que le phénomène est d'autant plus inquiétant chez les adolescents. En 2013, l'association Le Refuge, qui vient en aide aux jeunes homosexuels avait révélé, dans un rapport remis au Sénat, que 30 % des homosexuels de 24 à 35 ans avaient déjà tenté de mettre fin à leurs jours. La fédération souhaite interpeller le gouvernement à ce sujet.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter @meloboucho