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FRANCE

Survolée par de mystérieux drones, la France contre-attaque

Il y a un an les sites nucléaires les plus sensibles de France étaient survolés par des drones des dizaines de fois, sans que les pilotes soient identifiés. Airbus a présenté son système anti-drone qui pourrait être déployé dans quelques mois.
Image d'illustration via MIKI Yoshihito / Flickr

La société française Airbus Defence and Space, vient de développer, sur demande des autorités françaises, un système qui permet de neutraliser des drones à distance, un an après le début des nombreux et mystérieux survols de zones sensibles par ces robots volants en France.

« Nous avons eu des demandes des autorités françaises pour prévenir l'intrusion dans l'espace de ces drones, » a déclaré un porte-parole de la société dans un article publié ce mardi par le quotidien français Le Parisien.

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Airbus Defence and Space, qui est la section du groupe Airbus chargée de développer des technologies destinées à des usages militaires, a présenté cette innovation lors de l'édition 2015 du salon international spécialisé dans le matériel de défense DSEI (Defence and security equipment international), qui eu lieu à Londres du 15 au 18 septembre.

.— Gareth Jennings (@GarethJennings3)17 Septembre 2015

Un croquis du système anti-drone d'Airbus présenté au salon DSEI

D'autres projets avancés ces derniers mois, alors que les vols de drones se multipliaient — mettant systématiquement en échec les forces de l'ordre — semblent finalement avoir été mis aux oubliettes. Il y avait par exemple les lasers qui abattaient les drones en vol, ou encore un filet qui les capturait un peu comme on attraperait des papillons.

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La technologie préférée par Airbus vise, elle, à prendre le contrôle à distance du drone détecté dans une zone interdite — comme une centrale nucléaire par exemple.

Détection sur 10 km, prise de contrôle et localisation du pilote

Voilà comment le système d'Airbus fonctionne.La détection du drone se fait grâce à un radar Spexer 500, conçu à l'origine pour la protection des bases militaires, et d'une caméra infrarouge. Le dispositif peut détecter un objet de 20 centimètres carrés jusqu'à 10 kilomètres de distance, selon les informations du Parisien.

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Grâce à un troisième appareil, il est ensuite possible de brouiller les ondes du drone repéré au-dessus de la zone contrôlée par le radar, et de prendre la main sur sa trajectoire pour le faire atterrir à l'endroit désiré.

Enfin, le dispositif permettrait également de retrouver le pilote du drone, à l'aide d'un radiogoniomètre. La position du pilote pourrait même être directement transmise aux autorités, selon Airbus. Une aide précieuse, lorsque l'on sait que la plupart des enquêtes pour retrouver ceux qui ont fait voler des drones sur des zones interdites n'a pour le moment rien donné.

Selon l'entreprise, le système sait faire la différence entre un objet volant et un petit oiseau, par exemple, et le brouillage très ciblé des ondes n'interférerait pas avec d'autres ondes, comme celles des téléphones portables.

Des tests auraient actuellement lieu, et le système devrait être finalisé pour le second semestre 2016.

Le mystère reste entier

Ce projet vient répondre à une inquiétude grandissante de la part des autorités, suite à de nombreux survols de sites sensibles il y a un an — des centrales nucléaires, où des bâtiments officiels tels que l'Élysée, où réside le président français.

De septembre 2014 à mars 2015, des sites sensibles français avaient été survolés par des drones à 68 reprises, selon les médias. Pourtant, les responsables sont rarement retrouvés. Seules deux personnes avaient été mises en examen en novembre 2014 pour « survol volontaire d'une zone interdite par un aéronef », après avoir été arrêtées près de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (centre de la France).

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À lire : Les mystérieux survols de centrales nucléaires

Il est illégal en France de survoler une centrale dans un périmètre de 5 km et de 1 000 mètres d'altitude sans autorisation préalable délivrée par l'armée de l'air.

D'autres projets en cours

Quelques mois après le début de ces mystérieux survols, un appel à projets avait été confié à l'Agence nationale de la recherche (ANR) par le Secrétariat général de la Défense nationale (SGDN), afin de financer le développement de techniques anti-drone. Lancé en décembre 2014, il a été clôturé en février 2015. Des tests ont commencé en avril dernier pour une durée de 18 mois.

Contactée par VICE News ce mardi midi, l'ANR nous a confirmé que trois projets avaient été sélectionnés pour être financés (celui présenté par Airbus ne fait pas partie de ce programme).

BORÉADES

Le premier est le système de détection de drones du projet Boréades, développé par le groupe CS « Communication et Systèmes ». Il fonctionne avec des caméras thermiques panoramiques, qui peuvent repérer la signature thermique d'un drone de 30 cm d'envergure — et ce dans un rayon de 6 kilomètres. Un démonstrateur devrait être opérationnel d'ici le printemps 2016. Il sera disponible en version fixe — pour la surveillance des sites sensibles comme les centrales nucléaires — et en version mobile — par exemple pour protéger des manifestations. Les spécialistes de CS réfléchissent aussi à une possible localisation du pilote du drone en traçant le chemin de retour du drone.

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ANGELAS

Autre projet retenu par l'ANR, ANGELAS piloté par l'Onera (Office national d'études et de recherches aérospatiales) et Thalès, est plus mystérieux quant à la technologie retenue pour détecter les drones. L'Onera explique vouloir « faire gagner en maturité certaines technologies plus émergentes », sans préciser de quelles technologies il s'agit. Plusieurs démonstrateurs devraient être présentés dans un an.

SPID

Enfin, le SPID, dernier projet financé par l'ANR, repose sur plusieurs technologies complémentaires : acoustique (détection du bruit fait par le drone), optronique (détection visuelle avec des caméras), radiogononiométrie (détection et contrôle des fréquences radio), et radar. Le projet SPID prévoit aussi de détourner les drones standards en prenant le contrôle des fréquences radio qui permettent de piloter les drones. Un prototype sera disponible dans 9 mois, pour un déploiement prévu dans un an et demi.

Pour le moment, cet automne, aucune vague de survol de sites sensibles par des drones n'a été signalée en France.

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Image d'illustration via MIKI Yoshihito / Flickr