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FRANCE

Tel-Aviv à Paris Plages : Dispositif policier renforcé pour encadrer la journée de jeudi

La municipalité israélienne sera à l’honneur pour une journée, dans le cadre de l’habituelle opération culturelle et ludique Paris Plages. L’initiative suscite la polémique, née dans les rangs du conseil municipal parisien, un an après la guerre à Gaza.
Image via Sharat Ganapati / Wikimedia Commons

D'après le journal Le Figaro, au moins 300 policiers devraient venir grossir les rangs des forces de sécurité qui seront déployées ce jeudi autour d'un événement organisé par la Mairie de Paris. Rebaptisée « Tel-Aviv sur Seine » sur les réseaux sociaux (ce n'est pas son nom officiel) cette initiative met ce jeudi à l'honneur la ville balnéaire israélienne, le temps d'une journée, dans le cadre de l'opération culturelle et ludique Paris Plages.

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Un an après la dernière guerre de Gaza, des voix politiques se sont élevées pour demander l'annulation de cet événement décrit comme une « journée à haut risque » par les autorités qui, craignent des débordements de violence dans un contexte géopolitique tendu. Sur les réseaux sociaux, des montages photo et des échanges crispés ont eu lieu ces dernières heures autour du hashtag #TelAvivSurSeine.

« Quatre unités des forces mobiles (…) plus de 300 policiers et gendarmes, » c'est ce qu'a annoncé le quotidien français Le Figaro, ce lundi dans la soirée, en précisant que ce contingent devrait servir de « renforts » au dispositif de sécurité qui sera mis en place ce jeudi 13 août, lors d'une journée spéciale Tel-Aviv organisée par la Mairie de Paris. Selon le journal, ces renforts représenteraient un « doublement » des effectifs initialement prévus par les autorités.

« Il s'agit d'une journée à haut risque, » a indiqué ce mardi matin à VICE News une porte-parole de la préfecture de Paris, contactée par téléphone. Si la préfecture conteste les chiffres avancés par Le Figaro, il nous a été précisé qu'un « dispositif adapté est en cours d'élaboration » avec la mairie de Paris. « Vu l'ampleur que prend cette affaire, » nous a expliqué la porte-parole, « nous ne préférons pas communiquer, ni sur le nombre de policiers mobilisés, ni sur l'endroit où les équipes seront postées. »

Une source proche du dossier à la mairie de Paris a confirmé à VICE News ce mardi que les chiffres donnés par le Figaro sont proches de la vérité. La même source nous a indiqué par ailleurs qu'aucun changement n'a été apporté au programme.

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Côté israélien, Eytan Schwartz, un conseiller du maire de Tel-Aviv, a salué la décision d'Anne Hidalgo de maintenir l'évènement, rapportait l'AFP ce lundi.

La mairie de Paris souhaite mettre la ville de Tel-Aviv à l'honneur pendant une journée en organisant diverses activités culturelles et ludiques de 10h à 22h (foodtrucks, Dj set…) en plein centre de la ville, sur les quais de la Seine, où sont installées des plages artificielles (Paris Plages) chaque année, pendant la période estivale, depuis 2002.

Economie circulaire à Paris : le sable de — Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo)10 Août 2015

Au sein de la municipalité de Paris, plusieurs élus se sont vivement opposés à ce projet.

C'est le cas de Danielle Simonnet — conseillère municipale et secrétaire nationale du Parti de Gauche — qui a publié samedi dernier un billet d'opinion dans lequel elle fustige « l'indécence totale » de la Ville de Paris concernant cet événement. La conseillère a demandé que la mairie de Paris annule ou modifie la programmation cette journée jugée « cynique ». Dans son billet, Simonnet propose notamment l'organisation de « rencontres-débats » portant sur la situation actuelle en Israël mais aussi sur « les événements de l'année dernière. » Une prise de position qui a depuis suscité un débat chaud sur Internet. Les politiques ont également réagi Eric Ciotti (Les Républicains, ancien UMP) s'est dit « scandalisé » par une polémique aux « relents antisémites ». D'autres membres du conseil de Paris ont manifesté leur désaccord quant à la tenue de cette journée de mise en avant de Tel Aviv.

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Entre juillet et août 2014, Israël avait lancé l'opération Bordure Protectrice, dans la bande de Gaza (territoire palestinien à l'ouest d'Israël) lors de ce que l'on appelle la Guerre de Gaza de 2014. De violents affrontements avaient opposé l'armée israélienne et différents groupes palestiniens — comme le Hamas.

Les échanges de tirs (roquettes artisanales et missiles) ont duré près de 50 jours, détruisant près de 18 000 habitations selon l'Organisation des Nations Unies. Son Secrétaire général Ban Ki-moon s'était déclaré « très affecté » par ce conflit qui a coûté la vie à 2 205 Palestiniens et 71 Israéliens selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.

Une trêve avait finalement été conclue entre les belligérants le 26 août 2014.

Si la polémique autour de la journée de ce jeudi crispe autant en France, c'est que les répercussions de ce conflit de 2014 s'étaient faites ressentir jusqu'en France, où des manifestations en faveur d'un camp ou d'un autre avaient dégénéré l'été dernier, opposant sympathisants pro-palestiniens, militants pro-israéliens, et forces de l'ordre. Des commerces tenus par des membres de la communauté juive avaient été saccagés.

Face aux critiques et aux menaces qui pèsent sur l'événement, la mairie de Paris refuse catégoriquement d'annuler la journée spéciale.

« Je ne saurais rendre une ville ou une population comptable de la politique de son gouvernement, » a écrit Anne Hidalgo, la maire de Paris — faisant référence à Israël et à la ville qui est souvent présentée comme sa capitale économique — dans une tribune publiée ce mardi après-midi par le journal Le Monde. Dans cette adresse, la maire socialiste explique que l'initiative s'inscrit dans un plan de coopération plus vaste qui lie la ville de Paris aux autorités palestiniennes et israéliennes. « Je crois en la diplomatie des villes, » a-t-elle indiqué ce mardi, en résumant son engagement par la formule « Échanger plutôt que boycotter. »

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« Cette idée, finalement banale pour qui aime les villes au bord de l'eau, est née autour d'un déjeuner que les élus des deux villes ont partagé lors du déplacement du Conseil de Paris en Israël et en Palestine que nous avons effectué au mois de mai, » explique la maire. Anne Hidalgo a rappelé qu'elle s'était rendue en mai en Cisjordanie pour signer un partenariat en matière de traitement des eaux de la ville de Bethléem (au sud de Jérusalem).

D'après Hidalgo, si Tel-Aviv a été choisie, c'est pour le côté « progressiste » de cette station balnéaire qui serait, selon la maire de Paris, « détestée à ce titre en Israël par tous les intolérants. » Confiante, Anne Hidalgo a invité les habitants de la ville à venir « nombreux ».

Ce lundi, l'association pro-palestinienne Capjpo-Europalestine a lancé un appel à la manifestation prévue jeudi en marge de la journée spéciale, qualifiée « d'événement obscène » par ces militants.

Suivez Pierre-Louis Caron sur Twitter : @pierrelouis_c

Paris Plages en 2012. Image via Sharat Ganapati / Wikimedia Commons