FYI.

This story is over 5 years old.

FRANCE

Tout ce que l’on sait depuis l’arrestation de Salah Abdeslam

Retour sur un week-end chargé en hypothèses et révélations après l’arrestation du fugitif le plus recherché d’Europe, qui commencerait à se livrer aux enquêteurs.
Des policiers masqués lors de l’opération menée à Molenbeek, le 18 mars 2016. REUTERS/Francois Lenoir

Vendredi dernier en fin d'après-midi, la cavale de 4 mois de l'homme le plus recherché d'Europe a pris fin, à moins de 500 mètres de chez lui. Salah Abdeslam, suspecté d'être le logisticien et un acteur direct des attentats meurtriers du 13 novembre à Paris, a été appréhendé dans son quartier de Bruxelles, à Molenbeek — d'où la Une du journal Le Soir pour son édition de samedi : « De Molenbeek à Molenbeek ».

Publicité

La chaîne française iTélé révèle ce lundi matin de nouvelles images de l'opération qui a conduit à l'interpellation d'Abdeslam dans ce quartier où il a grandi avec son frère Brahim. Il s'était fait exploser au Comptoir Voltaire, après avoir pris part au « commando des terrasses » le soir du 13 novembre à Paris.

  • L'enterrement de Brahim Abdeslam

Selon plusieurs médias belges, ce pourrait être justement grâce à l'enterrement de Brahim — qui s'est tenu jeudi dernier au cimetière multiconfessionnel d'Evere, à Bruxelles — que Salah Abdeslam a pu être appréhendé le lendemain par la police.

En début de semaine dernière, des éléments laissent penser qu'Abdeslam avait failli être attrapé lors d'une intervention de police dans une planque dans le quartier de Forest (Bruxelles). Mais le jeune homme de 26 ans aurait réussi à s'échapper par une fenêtre, grâce à la diversion créée par Mohamed Belkaïd, un Algérien logisticien des attaques de Paris, caché avec lui à Forest.

À lire : Fusillade en Belgique : le Parquet a donné les dernières informations en conférence de presse

Belkaïd, qu'on a longtemps connu sous le pseudo de Samir Bouzid, va se lancer dans une confrontation armée avec la police, qu'il va payer de sa vie — probablement pour permettre à Abdeslam de s'échapper. Abdeslam aurait alors contacté un vieil ami, Abid Aberkan, pour lui demander de l'aide. Aberkan, un individu radicalisé depuis plusieurs années, cache Abdeslam dans la cave de l'appartement de sa mère à Molenbeek, au numéro 79 de la rue des Quatre-Vents.

Publicité

Après avoir mis en lieu sûr Abdeslam, Aberkan se rend à Evere pour porter le cercueil de Brahim Abdeslam, lors d'une cérémonie surveillée de près par la police. D'après RTL Info, c'est grâce à des informations glanées lors de l'enterrement, que les enquêteurs ont pu remonter jusqu'à la rue des Quatre-Vents.

La police commence alors à planquer devant l'appartement ou se cachait Abdeslam. D'après le site Politico une femme résidant dans l'appartement où se cachait Abdeslam se fait livrer de nombreuses pizzas — ce qui indique aux policiers que plusieurs personnes s'y trouvent.

Quelques minutes après l'arrestation d'Abdeslam, Aberkan a été appréhendé à Jette, dans le nord de Bruxelles et a été placé sous mandat d'arrêt. Amine Choukri, un ami d'Abdeslam présent dans l'appartement de la rue des Quatre-Vents ce vendredi en fin d'après-midi, a lui aussi été placé sous mandat d'arrêt.

Arrêté à Jette, Abid Aberkan portait le cercueil de Brahim Abdeslam jeudi (PHOTOS) — Pauline Oger (@pocket_pau)March 19, 2016

Aberkan a été inculpé de participation aux activités d'un groupe terroriste et recel de criminels, et Choukri de participation à des meurtres terroristes et participation aux activités d'un groupe terroriste.

  • Abdeslam aurait prévu de se faire exploser au Stade de France

Au cours du week-end, Abdeslam, blessé à la jambe pendant le raid, a commencé à se livrer aux enquêteurs avant d'être transféré samedi en fin de journée à la prison de Bruges dans une cellule isolée. On a notamment appris que le fugitif était « prêt à refaire quelque chose à Bruxelles » selon le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders.

Publicité

« Et c'est peut-être la réalité parce que nous avons trouvé beaucoup d'armes, des armes lourdes au cours des premières investigations, et nous avons trouvé un nouveau réseau autour de lui à Bruxelles », a déclaré Reynders au Soir ce dimanche.

Lors de son audition, Abdeslam aurait aussi expliqué aux enquêteurs que, le soir du 13 novembre, il voulait aller au Stade de France et se faire exploser, mais il aurait finalement fait machine arrière. Un détail du témoignage d'Abdeslam que le procureur français, François Molins, a révélé en conférence de presse ce samedi soir.

Cette révélation du procureur Molins (qui avait déjà fuité dans la presse) n'a pas été du goût de Maitre Sven Mary, l'avocat de Salah Abdeslam, qui souhaite désormais porter plainte contre Molins. « La lecture d'une partie de l'audition de Mr Abdeslam en conférence de presse constitue une violation [de l'instruction], » a indiqué Mary au journal Le Soir.

Ce dépôt de plainte (qui devrait être effectif dès ce lundi) a en revanche peu de chance d'aboutir parce que dans la loi française, un procureur peut se soustraire au secret de l'instruction dans certaines circonstances, selon l'article 11 du code de procédure pénale.

  • Abdeslam refuse d'être extradé

Au cours du week-end, Sven Mary a aussi indiqué que son client refusait d'être extradé vers la France. « Nous avons refusé sa remise à la France parce qu'il y a d'abord un dossier en Belgique qui doit être géré et où il doit s'expliquer », a précisé Mary.

Publicité

Mais d'après le procureur François Molins cette requête a peu de chance d'aboutir. Pour le procureur, l'extradition d'Abdeslam vers la France devrait avoir lieu dans les 3 mois qui viennent — comme le prévoit la procédure du mandat d'arrêt européen.

Sven Mary a insisté à plusieurs reprises au cours du week-end sur l'importance de son client pour l'enquête des attentats de Paris.

« Je dirais même qu'il vaut de l'or. Il collabore, il communique, il ne maintient pas son droit au silence », a indiqué l'avocat à la RTBF. Toujours selon Mary, Abdeslam répond aux questions « et pas seulement sur son propre rôle », « ce qui fait davantage avancer l'enquête ».

  • Bisbilles franco-belges

Le week-end a aussi été le théâtre de bisbilles entre Belges et Français qui travaillent main dans la main dans cette enquête. Si le procureur François Molins a souligné « la collaboration exemplaire » entre magistrats et enquêteurs belges et français, certains hommes politiques français ont remis en cause cette version.

C'est le député français Alain Marsaud, ancien chef du service central de lutte antiterroriste au parquet de Paris, qui s'est montré le plus virulent en déclarant dans sur Europe 1, « Soit Salah est très malin, soit les services belges sont nuls ! », avant d'ajouter dans Le Soir, « La naïveté des Belges nous a coûté 130 morts ! »

Ce lundi matin, la maire de Paris, Anne Hidalgo, y est aussi allée de sa petite pique envers la Belgique. Interrogée sur France Info, Hidalgo a estimé que la « forme très communautariste d'organisation » qui a cours à Molebeek a « sans aucun doute protégé » Salah Abdeslam.

Publicité

« Il y a des réseaux de solidarité familiaux, sûrement aussi de petite délinquance qui ont joué, l'enquête dira tout ça, je ne suis pas qualifiée pour avoir un jugement là-dessus. Ce qui est sûr, c'est que la forme très communautariste d'organisation de la ville de Molenbeek est un sujet, » a insisté la maire de Paris.

  • Les recherches continuent

Ce lundi matin, le parquet fédéral et le juge d'instruction belges lancent un nouvel avis de recherche contre Najim Laachraoui, que l'on connaissait sous le pseudonyme de Soufiane Kayal. Laachraoui a été contrôlé la frontière entre la Hongrie et l'Autriche en septembre 2015 en compagnie de Salah Abdeslam et Mohamed Belkaïd (tué la semaine dernière par la police à Forest).

Le Parquet Fédéral lance un appel à témoin à son encontre. Soufiane Kayal : Najim LAACHRAOUI né le 18/05/1991. — Guillaume Woelfle (@GuiWoelfle)March 21, 2016

D'après les informations du parquet belge, Laachraoui est né le 18 mai 1991 et serait parti en Syrie en février 2013. Des traces ADN de ce dernier ont été trouvées dans un appartement de Schaerbeek à Bruxelles, où Salah Abdeslam aurait aussi séjourné. Une trace ADN d'Abdeslam avait été retrouvée par la police début janvier.

Les frères Khalid et Ibrahim El Bakraoui sont aussi activement recherchés par la police. Khalid a loué l'appartement de Forest où Abdeslam s'était caché avec Belkaïd, alors que son frère Ibrahim a loué une autre planque à Charleroi, qui aurait aussi servi aux assaillants du 13 novembre.

Publicité

  • Ce que l'on savait sur la fuite d'Abdeslam avant la perquisition de l'appartement de Forest :


Suivez VICE News sur Twitter : @vicenewsFR

Likez la page de VICE News sur Facebook : VICE News FR

Image : Des policiers masqués lors de l'opération menée à Molenbeek, le 18 mars 2016. REUTERS/Francois Lenoir