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Crime

Les journalistes de VICE News transférés dans une prison turque de haute sécurité, loin de leur défense

Ils ont été transférés dans un établissement pénitentiaire de haute-sécurité de "type-F", qui se trouve à plus de cinq heures de l'endroit où se trouvent ceux qui assurent leur défense.

Mise à jour le 3 septembre à 16h50 : La Turquie libère deux journalistes de VICE News, un autre reste en prison


L'équipe de trois journalistes travaillant pour VICE News — ils sont toujours détenus en Turquie pour des motifs sans fondements et absurdes — a désormais été transférée dans un établissement pénitentiaire de haute-sécurité de "type-F", qui se trouve à plus de cinq heures de l'endroit où se trouvent ceux qui assurent leur défense, à plus de cinq heures également du tribunal où ils doivent être présentés, explique ce mercredi Kevin Sutcliffe, le chef des programmes d'information de VICE en Europe.

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"Cet acte apparaît comme une obstruction flagrante à la procédure juste et légale que la Turquie s'est engagée à respecter à plusieurs reprises. Nous demandons au gouvernement turc d'abandonner ces chefs d'inculpation ridicules et de libérer nos collègues immédiatement," dit-il.

Ce lundi après-midi, un tribunal turc a inculpé formellement de terrorisme deux journalistes de VICE News et un confrère. Dans le même temps, de nombreuses associations et organisations de défense des droits de l'homme ont multiplié les appels demandant la libération de ces journalistes.

Les deux journalistes britanniques Jake Hanrahan et Philip Pendlebury, et le journaliste et traducteur Mohammed Ismael Rasool, un Irakien basé en Turquie sont détenus depuis jeudi dernier dans la soirée, heure locale. Les trois ont été placés en garde à vue dans la région du sud-est de la Turquie, dans la ville de Diyarbakir. Un chauffeur a aussi été arrêté jeudi, il a été relâché lundi.

Mohammed Ismael Rasool

Kevin Sutcliffe a condamné cette détention dans un communiqué publié lundi.

"Aujourd'hui, le gouvernement turc a accusé trois journalistes de VICE News de faits injustifiés, et faux à un point inquiétant, à savoir de "travailler pour le compte d'une organisation terroriste", une tentative de les intimider et de censurer leur reportage," dit-il. "Avant d'être détenus, ces journalistes travaillaient et documentaient la situation en cours dans la province de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie."

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"VICE News condamne avec la plus grande fermeté les tentatives du gouvernement turc de réduire nos reporters au silence, alors qu'ils ont rapporté des informations essentielles de la région," ajoute Sutcliffe. "Nous continuons à travailler avec toutes les autorités compétentes pour accélérer la libération en toute sécurité de nos trois collègues et amis."

Des organisations de défense des droits de l'homme dont Amnesty International, PEN International, et le Committee for the Protection of Journalists ont tous condamné ces détentions et appelé à la libération des journalistes.

"Il est tout à fait légitime pour des journalistes de couvrir cette information importante, " a dit Amnesty International. "La décision de détenir ces journalistes est mauvaise, quant aux allégations de soutien à l'organisation État islamique, elles sont sans fondement, scandaleuses et étranges."

Ces accusations sont lancées dans un contexte de répression visant la liberté d'expression en Turquie. Zeynep Oral, le président de Pen Turquie, a relevé le fait qu'il était de plus en plus difficile pour les journalistes de travailler dans le pays.

"Dans un moment d'incertitude, à la fois pour le pays et pour la région, nous avons le plus grand besoin de liberté d'expression et nous avons le droit de savoir," dit Oral. "Nous demandons justice et la libération immédiate de journalistes qui font leur travail."

La censure du gouvernement comprend de nouveaux moyens comme la fermeture temporaire de réseaux et plateformes sociales sur Internet comme Twitter ou YouTube — des espaces et mediums largement utilisés durant le Printemps arabe en 2011. Des témoignages font état d'une répression plus forte depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a échoué à réunir une majorité lors de l'élection de juin.

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"[Erdogan] a intensifié ses efforts pour écraser toute couverture critique, c'est particulièrement le cas pour la couverture des conflits grandissants dans la région à dominante kurde du sud-est," explique Maureen Freely, présidente de PEN Anglais. "Son but, comme toujours, c'est de contrôler l'information."

Alors que la Turquie va plus avant dans son combat contre l'extrémisme, aux côtés de la coalition menée par les États-Unis dans le Moyen-Orient, le pays reste réticent quant à l'idée d'armer et d'entraîner les combattants kurdes qui affrontent l'organisation État islamique à la frontière entre la Syrie et la Turquie, le pays craignant que les Kurdes s'allient avec le groupe du PKK, que la Turquie considère comme une organisation terroriste.

Hanrahan et Pendlebury sont des journalistes expérimentés. Ensemble, ils ont couvert, entre autres, la crise des migrants à Calais, le référendum écossais, les jeunes républicains en Irlande.

Outre son travail pour VICE News, Hanrahan a écrit pour le Guardian, Independent, Wired, et Rolling Stone Middle East. Pendlebury est un cameraman et monteur expérimenté. Il a tourné, entre autres pays, en Irak, en Afghanistan, en Corée du Nord.

Rasool est un journaliste et un traducteur expérimenté qui a travaillé avec VICE News en Irak précédemment. Il a travaillé également au Moyen-Orient pour Associated Press, Anatolia Agency, et Al-Jazeera.

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