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FRANCE

« Un acte prémédité » : un nouveau point sur l’attaque de Nice par le procureur Molins

Quelques heures après une minute de silence observée à midi dans toute la France, le procureur de Paris, François Molins a fait un nouveau point sur l’attaque du jeudi 14 juillet qui a fait 84 morts à Nice.
Le procureur de la République de Paris, François Molins, lors d’une conférence de presse, le 24 novembre 2015. REUTERS/Eric Gaillard

Quelques heures après une minute de silence observée à midi dans toute la France, le procureur de Paris, François Molins a fait un nouveau point sur l'attaque du jeudi 14 juillet qui a fait 84 morts à Nice.

• Les victimes

Le procureur en charge de l'enquête portant sur le drame qui a frappé la promenade des Anglais a tout d'abord fait un nouveau bilan des victimes. Il y a « 84 décédés, 74 blessés, dont 28 en réanimation avec pronostic vital engagé pour 19 d'entre eux. »

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François Molins a ensuite insisté sur le travail de différents services oeuvrant pour que les opérations d'identification des corps se déroulent « dans les meilleurs délais ». Les opérations de la médecine légale, notamment 12 autopsies, sont désormais terminées.

« Les permis d'inhumer peuvent être délivrés » à condition que l'identification soit certaine « pour éviter les risques d'erreurs lors de la restitution des corps. » 71 personnes ont été identifiées formellement. 52 permis d'inhumer ont été délivrés.

• L'enquête

François Molins a prévenu qu'il ne s'étendrait pas sur les six personnes en garde à vue actuellement. Il s'agit d'individus qui ont pu être en contact avec Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l'homme au volant du camion le soir du 14 juillet. Les enquêteurs veulent savoir s'ils ont pu lui prêter une aide quelconque en amont de l'attaque.

« Un gardé à vue apparaît comme le destinataire d'un SMS » envoyé par Lahouaiej Bouhlel quelques minutes avant son passage à l'acte. Le message fait état de la réception « d'un pistolet ». Les messages et appels téléphoniques passés par l'auteur de la tuerie sont toujours en cours d'analyse.

Les éléments apportés depuis le début de l'enquête et le dernier point fait par Molins le lendemain de l'attaque, permettent au procureur « d'établir le caractère prémédité » de l'attaque. C'est le 4 juillet que le conducteur loue le camion pour la date du 11 juillet. Il le récupère ce jour-là en échange d'un chèque de caution.

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Plusieurs photos récupérées sur le téléphone de l'auteur de l'attaque indiquent qu'il s'est rendu sur la Promenade des Anglais en repérage les jours précédant l'attaque. Le 12 juillet il prend ainsi un cliché de l'endroit, depuis le camion précise Molins. Ensuite, ce sont des « selfies » de l'homme sur cette même promenade que l'on trouve dans le téléphone. Toujours le 12 juillet, « il s'est arrêté devant l'hotel Negresco [NDLR, situé sur la Promenade] en allumant les warnings du camion ».

Une autre photo prise avec le téléphone a retenu l'attention des enquêteurs, celle d'un article de presse du 1er janvier 2016 qui titre : « Il fonce volontairement sur la terrasse d'un restaurant. »

Sur l'ordinateur retrouvé au domicile de l'auteur de l'attaque, une analyse des recherches faites depuis le 1er juillet permet de faire remonter les mots suivants : « horrible accident mortel » ou « vidéo choc, âmes sensibles s'abstenir ».

Enfin, différents éléments de l'enquête permettent d'établir que l'homme cherchait à réunir de l'argent avant l'attaque. Il essaie ainsi de contracter « un prêt à la consommation de 5 000 euros » qui lui sera refusé le 28 juin.

Le procureur en conclut donc qu'il s'agit « d'un attentat préparé et pensé au moins pendant les derniers jours précédant l'attaque. »

• Le profil de Mohamed Lahouaiej Bouhlel

Le Tunisien de 31 ans abattu au volant du camion est, d'après les éléments réunis par le procureur, un « individu très éloigné des considérations religieuses », à la « vie sexuelle débridée ». Mohamed Lahouaiej Bouhlel est présenté comme une personne « extrêmement violente », notamment à l'égard de son épouse.

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Un témoignage retenu par l'enquête indique de l'homme se laissait pousser la barbe huit jours avant l'attaque, expliquant qu'il y avait là une signification religieuse.

L'étude de son ordinateur laisse pense que Mohamed Lahouaiej Bouhlel regardait des vidéos de décapitation. Du 1er au 13 juillet il aurait fait des recherches sur la fusillade à Dallas, ou « sur les actions terroristes » de Magnanville et Orlando.

Dans la machine, les enquêteurs ont retrouvé des photos de combattants de l'EI, de Ben Laden, de Mokhtar Belmokhtar, ou encore de Charlie Hebdo.

Le procureur Molins a conclu en disant que si aucun lien direct n'était pour le moment établi, il y avait là un « intérêt » certain pour la mouvance radicale islamiste, parlant de « terrorisme de proximité » qui répond à des mots d'ordre lancés « sans indications précises » mais qui « peuvent pousser des individus à passer à l'acte ». « C'est un acte terroriste » a tranché François Mollins.

• Le Premier ministre sifflé

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Manuel Valls a été largement hué et sifflé à son arrivée pour la minute de silence à Nice. La colère de personnes venues assister à cet d'hommage a également été entendue au départ des élus.

Sur des images saisies par un drone de Nice Matin, on peut voir la foule réunie lors de la minute de silence sur la promenade des Anglais.


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