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Crime

Un demandeur d’asile assassiné en Allemagne

Khaled Idris Bahray, originaire d'Erythrée a été poignardé à mort près de son appartement de Dresde la semaine dernière.
Photo via Facebook

La montée de l'islamophobie en Allemagne semble avoir pris un tournant tragique avec l'assassinat d'un demandeur d'asile de 20 ans la semaine dernière à Dresde.

Khaled Idris Bahray, musulman originaire d'Érythrée a été poignardé à mort près de son domicile au sud de la ville de Dresde dans la matinée de mardi dernier. La nuit précédente, environ 25 000 manifestants des Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident (PEGIDA), qui revendiquent leur opposition à l'extrémisme islamique, avaient défilé dans le centre-ville. Beaucoup font le lien entre le meurtre de Khaled Idris Bahray et la montée des attaques racistes dans la ville.

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Un mouvement islamophobe allemand prend de l'ampleur à Dresde. À lire ici.

Le quartier du sud de la ville, Leubnitz-Neuostra, se caractérise par des tours à l'architecture massive peu accueillante. Lundi 12 au soir, Khaled Idris Bahray et sorti pour acheter des cigarettes à l'épicerie du coin. Il n'est jamais revenu. Au départ, ses colocataires ne se sont pas inquiétés, pensant qu'il était allé chez des amis dans le quartier. Son corps ensanglanté, portant des traces de coups, a été retrouvé mardi matin par un voisin.

La police a d'abord écarté la piste du meurtre, mais après un tollé de la part des médias locaux et des représentants de la communauté érythréenne, une autopsie a été demandée.

« D'après nos premiers résultats, les blessures ont été causées par un coup de couteau. Nous concluons que ce n'était pas un accident, mais bien un meurtre, » a déclaré le chef de la police de Dresde Dieter Kroll.

Une enquête sur le meurtre a débuté, ainsi qu'une enquête sur la façon dont l'affaire a été gérée — motivée par le fait qu'on a d'abord écarté la piste du meurtre — qui a été portée devant le parlement allemand par des élus du parti écologiste.

Juste après l'incident, des questions se sont posées sur la montée des sentiments anti-immigrants et islamophobes dans la ville. Quelques jours avant l'attaque, des graffitis néonazis, dont une croix gammée ont été peints sur la porte de l'appartement dans lequel vivait Khaled Idris Bahray. Le message « Nous vous aurons tous » était également inscrit.

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Beaucoup d'étrangers ne se sentent pas en sécurité dans les rues de la ville avec cette hausse des attaques et menaces à Dresde. Après une manifestation de PEGIDA en décembre, un groupe de « jeunes ayant l'air étrangers » ont été attaqués dans un centre commercial de Dresde, et plusieurs d'entre eux ont été blessés. Lors d'un rassemblement à la mémoire de Khaled, un Érythréen s'est adressé à la foule en disant : « Nous avons peur. Aidez-nous. » Il a également déclaré que beaucoup de demandeurs d'asile dans la ville voulaient partir.

Cette manifestation croissante de haine à l'égard des réfugiés et des immigrés se fait dans le contexte des manifestations de PEGIDA qui ont commencé en octobre 2014 et qui peuvent rassembler désormais jusqu'à 25 000 personnes à Dresde. PEGIDA se revendique comme un mouvement citoyen contre l'islam radical et rejette les accusations d'extrémisme, même si beaucoup de ses membres sont connus par la police pour être des néonazis et des néo-fascistes. Le leader, Lutz Bachmann, a été par le passé poursuivi pour vol et arrêté pour des affaires de trafic de drogue. Certains partisans de PEGIDA appartiennent aussi au groupe de hooligans de football « Hooligans Against Islamism » (HoGeSa), dont les membres ont saccagé Cologne fin 2014. Des contre-manifestations ont été organisées dans plusieurs villes allemandes. On estime qu'environ 100 000 personnes se sont ainsi rassemblées à travers le pays, et Angela Merkel elle-même s'est rendue à une manifestation organisée par la communauté musulmane de Berlin.

Deux membres du NPD, le parti d'extrême droite allemand qui a été accusé de néonazisme, ainsi que cinq membres Alternativ fur Deutschland (AfD), un parti de droite europhobe font partie du conseil de Dresde. La ville, qui a été bombardée par les alliés en 1945, a longtemps organisé des marches de « commémoration » de sympathisants nazis, qui ont réuni jusqu'à 6 000 personnes, avant d'être limitées par des contre manifestations anti-fascistes.

Le meurtre de Khaled Idris Bahray n'est pas la première attaque raciste qui marque la ville. En juillet 2009, Marwa El-Sherbini a été assassiné à Dresde.

Un débat soutenu sur la question des demandeurs d'asile anime la scène politique allemande ces dernières années, surtout dans l'ancienne RDA. La politique retenue est d'accueillir des réfugiés dans des centres de rétention, souvent à la périphérie des villes, et de limiter leurs déplacements. Des centres de rétention, qui sont souvent installés non loin de viviers néonazis, comme le quartier de Marzahn à Berlin, qui a été le théâtre ces dernières semaines d'affrontements entre fascistes, anti-fascistes et policiers.

Suivez Mike Meehall Wood sur Twitter: @MillbankBhoy