Un dimanche à Cuba : le Pape célèbre une messe place de la Révolution et rencontre Fidel Castro

Le Pape François a célébré une messe en plein air sur la place de la Révolution à Cuba ce dimanche. Il en a profité pour délivrer un message spirituel et politique à l'assistance composée de dizaines de milliers de personnes massées sur la place, le coeur symbolique de la révolution cubaine.

Le Pape a également rencontré le leader révolutionnaire Fidel Castro ce dimanche. Il est passé voir l'ex-président de 89 ans chez lui, a expliqué un porte-parole du Vatican.

Dans sa messe, le Pape a averti des dangers du pouvoir et de l'idéologie quand ces derniers excluaient des individus. Au même moment, la police cubaine a empêché des dissidents d'assister à l'événement. Ils voulaient apparemment distribuer des tracts aux alentours de la messe.

La place gigantesque accueille entre autres le siège du gouvernement et du parti communiste. C'est ici que l'on fête le 1er mai, sous des portraits géants des leaders de la révolution Ernesto "Che" Guevara et Camilo Cienfuegos.

L'accueil du Pape s'est fait avec des posters de ce genre représentant Jésus Christ. Le Pape a participé au rapprochement récent entre Cuba et les USA.

Des fidèles ont attendu des heures dans la chaleur pour entendre le premier Pape venu d'Amérique latine s'exprimer en espagnol.

« Le pape François est venu bénir cette nouvelle union entre Cuba et les États-Unis, » explique Enrique Mesa, un employé du secteur touristique de 32 ans.

Entre 30 et 40 dissidents ont été arrêtés pour les empêcher d'assister aux événements prévus pour la visite du pape dans le pays, a expliqué un membre d'un groupe de défense des droits de l'homme.

Des agents de sécurité ont maîtrisé deux hommes et une femme aux abords de la place de la Révolution, et les ont exhortés plus loin, alors qu'ils criaient et distribuaient des prospectus, d'après un témoin qui s'est confié à Reuters.

L'homélie du pape portait des messages qui ont pu à la fois plaire aux ardents défenseurs du gouvernement cubain et aux critiques féroces du pouvoir.

« Chacun d'entre nous est appelé, par la vertu de notre vocation chrétienne, au service qui sert réellement et à s'aider les uns les autres sans être tenté de choisir la voie d'un service intéressé, » a déclaré le pape.

Les opposants du gouvernement ont pu s'imaginer que le pape visait Fidel et Raul Castro, les deux frères qui se sont succédé au pouvoir depuis la révolution de 1959. Les soutiens des frères Castro et du pouvoir cubain ont pu se raccrocher à un autre passage de l'homélie du pape qui saluait la révolution, qui a permis la mise en place de la gratuité de l'éducation et des frais de santé.

« Qui est le plus important ? Jésus est clair : « Quiconque souhaite être le premier parmi vous doit être le dernier de tous, et le serviteur de tous » », a lancé le pape François.

À son arrivée ce samedi, le pape a exhorté Cuba et les États-Unis à poursuivre le processus de détente entamé et a encouragé Cuba à donner plus de liberté à l'Église catholique romaine.

« Sa visite nous donne l'espoir d'une amélioration de la situation, » explique le biologiste, Benito Espinoza, 41 ans et présent sur la place de la Révolution. « Nous sommes un peuple optimiste, mais nous avons souffert pendant tant d'années. »

Le pape a salué les Cubains d'un geste de la main lors de son arrivée à la messe, et fait le bonheur d'une famille quand il a embrassé Karen Correoso, une fillette de 4 ans.

« C'est un moment historique pour elle et pour nous. Il l'a bénie, » explique la tante de la jeune fille, Maria Teresa Gonzalez, 64 ans, depuis une église de la ville de Matanzas.

De nombreux Cubains apprécient le pape pour son rôle lors des négociations secrètes de décembre dernier qui ont mené à la normalisation des relations américano-cubaine.

Le pape François va se rendre en avion à Washington ce mardi pour rencontrer le président américain, Barack Obama et s'exprimer devant le Congrès américain et les Nations Unies.

Rendez-vous manqué

Elizardo Sanchez, qui est à la tête de la Commission cubaine pour les Droits de l'Homme et la Réconciliation Nationale, explique que la plupart des 30 ou 40 militants d'opposition capturés étaient à Santa Clara ou à La Havane.

La responsable du groupe dissident Ladies in White, Berta Soler, précise que parmi ceux-ci, trois dissidents n'ont pas pu honorer leur rencontre avec le pape, prévue ce samedi soir, à cause de leur détention.

Au lieu de rencontrer le pape à la résidence diplomatique du Vatican située à La Havane, Berta Soler explique qu'elle a été maintenue en détention par la police aux côtés de deux autres militantes, Miriam Leyva et Martha Beatriz Roque.

« Le Saint-Père ne va rien changer à Cuba, » explique Soler. « Nous n'attendons pas grand-chose du pape François, parce qu'il a fait le déplacement pour discuter des relations politiques entre les États-Unis et Cuba, et non pas pour résoudre quoi que ce soit. »

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