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FRANCE

Un millier de migrants évacués d'un camp de fortune en plein Paris, à Stalingrad

Le millier de migrants, qui vivait sous la station de métro Stalingrad à Paris dans des conditions désastreuses, a été évacué au petit matin ce mercredi.
Pierre Longeray / VICE News

VICE News regroupe ses articles sur la crise migratoire mondiale sur son blog « Migrants ».


Le millier de migrants, qui vivait sous la station de métro Stalingrad à Paris dans des conditions désastreuses, a été évacué au petit matin ce mercredi.

L'opération a été menée conjointement par les services de l'Office français de l'immigration, et de l'intégration (OFII), de la préfecture de police et de la ville de Paris. Pour des raisons de sécurité, la circulation avait été coupée sur le boulevard bordant le camp et la station Stalingrad avait été temporairement fermée.

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« Même les animaux ne vivent pas comme ça, » nous lançait la veille de l'évacuation, Qayoom, un Afghan originaire de Nangarhar. « On mange de la nourriture périmée, les gens sont malades, tout est mouillé, » énumérait d'un air grave celui qui tenait un magasin avant d'être contraint de quitter son pays à cause des difficultés économiques et sécuritaires.

Dans le calme, le lendemain, les migrants sont peu à peu montés dans des bus à mesure que le jour se levait. Direction des centres d'hébergements d'urgence en région parisienne ou en province, selon la ville de Paris jointe par VICE News ce mercredi matin.

Deux gendarmes à Stalingrad ce mercredi matin. (Pierre Longeray / VICE News)

Ils seront hébergés pendant au minimum un mois — le temps de souffler et de commencer les démarches pour demander l'asile en France. Si les migrants entament ces démarches, l'hébergement est automatiquement prolongé pour toute la durée des démarches administratives.

941 personnes ont accepté d'être relogées ce matin — dont 50 mères avec enfants qui ont reçu un accompagnement spécifique.

Dans un communiqué commun diffusé ce mercredi matin, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve et la maire de Paris, Anne Hidalgo, « se sont engagés à une résorption et à la prévention de l'installation de campements à Paris et en Île-de-France, par la mise à l'abri et la bonne orientation des migrants, pour lesquels la rue ne saurait être un refuge. » Il est aussi précisé que le camp de Stalingrad a été complètement résorbé.

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Un employé du service de nettoyage ratisse le campement de fortune de Stalingrad ce mercredi matin. (Etienne Rouillon / VICE News)

Depuis le 2 juin 2015 et l'évacuation du camp de La Chapelle (considéré comme le premier de ces nouveaux camps de migrants parisiens, situé à quelques pas de Stalingrad), ce sont 6 500 migrants qui ont été pris en charge, précise la ville de Paris.

Surplombé par les couloirs bondés de Parisiens du métro aérien, le camp de Stalingrad avait déjà été évacué le 7 mars dernier. 393 personnes avaient été emmenées vers un hébergement, mais nombre de migrants auraient raté les bus — ce qui les aurait obligés à revenir s'installer à Stalingrad.

Ainsi, cela faisait près de trois semaines que des Afghans, Somaliens, Érythréens et Soudanais avaient à nouveau trouvé refuge sous le métro aérien dans le nord de Paris. Ils vivaient au milieu des détritus, sans hygiène, ni toilettes dignes de ce nom — subsistant uniquement grâce à l'aide de quelques riverains, associations et commerçants du quartier.

Installés sur des matelas et couvertures détrempés posés à même le sol, les conditions étaient particulièrement rudes — notamment pour les femmes et quelques enfants en bas âge que comptait le camp.

Des migrants dans le campement la veille de son évacuation (Pierre Longeray / VICE News)

Quelques heures avant l'évacuation, le camp semblait être totalement laissé à lui-même. La seule aide que l'on trouvait était celle de Zabit — un Afghan arrivé en France en décembre 2014, qui faisait office de traducteur entre les migrants et les rares associatifs qui passaient.

« Il y a des associations qui viennent le soir, vers 9 heures, » expliquait Zabit. « Ils apportent de la nourriture, des couvertures. Parfois, nous, on emmène des gens à l'hôpital, » précisait Zabit, qui a désormais trouvé un appartement à Paris — qu'il partage avec trois autres Afghans, qui viennent aussi aider la journée pour les traductions.

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Des gendarmes devant le campement de fortune ce mercredi matin (Etienne Rouillon / VICE News)

« Pas mal de gens sont allés à Calais, mais sont revenus ici. La plupart veulent juste avoir une maison en France, » expliquait Zabit. Ce qui semble se vérifier dans les chiffres, puisque la ville de Paris nous confie que la grande majorité des migrants pris en charge à Paris demande l'asile en France — et ne souhaite pas continuer la route vers le Royaume-Uni.

Avec l'évacuation de ce mercredi matin, ce sont 19 camps de migrants qui ont été évacués dans Paris depuis juin 2015.


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