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Etats-Unis

Un policier de Baltimore aurait placé de l'héroïne sur le lieu d'une arrestation

Sur une vidéo, on voit l'officier en train de glisser un sachet rempli de capsules blanches dans une boîte de conserve vide.

Les procureurs de Baltimore enquêtent sur une vidéo enregistrée par la caméra fixée au plastron d'un policier. Selon le Bureau du défenseur public, la vidéo montre un policier en train de cacher un sachet de capsules d'héroïne sur le lieu d'une arrestation.

La vidéo, qui date de janvier dernier, montre l'officier Richard Pinheiro, dans la brigade depuis 2011, dans une allée longeant une cour remplie de débris, en train de glisser un sachet rempli de capsules blanches dans une boîte de conserve vide, pendant que deux autres policiers l'observent.

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Les caméras des policiers peuvent sauvegarder 30 secondes de vidéo avant d'être activées, mais sans le son.

Après avoir placé les drogues dans la boîte de conserve, Pinheiro retourne dans la rue, et active sa caméra. « Je vais aller regarder là-bas, » l'entend-on dire. Il retourne dans l'allée, entre dans la cour, ramasse la boîte de conserve, et « découvre » le sachet de drogue.

Après la diffusion de la vidéo par le Bureau du défenseur public, le Département de police de Baltimore a suspendu Pinheiro et a placé les deux autres policiers en congé administratif.

Deborah Levi, qui recense les erreurs des policiers pour le Bureau du défenseur public, a montré la vidéo au parquet la semaine dernière. Après avoir vu la vidéo, les procureurs ont annulé l'inculpation pour possession d'héroïne de l'homme arrêté sur les lieux. Celui-ci était en prison depuis janvier, car il ne pouvait pas payer les 50 000 dollars de caution, selon le Baltimore Sun.

Cependant, Michael Wood, un policier à Baltimore depuis 11 ans, qui, en 2015, avait exposé la corruption et les fautes graves commises par son Département, a demandé au public de ne pas tirer de conclusions hâtives.

Selon Kevin Davis, commissaire de police, la police explore aussi une autre piste : l'officier n'aurait pas déposé une fausse preuve et était en fait en train de « recréer » le moment où il a trouvé les drogues, afin de le documenter avec sa caméra allumée. Mercredi dernier, Davis a dit aux journalistes que même si la vidéo était une « re-création », elle montrait tout de même « un officier en train de déposer des preuves et de les ramasser, une action qui va contre la façon de faire de la police. »

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« J'aurais recréé chaque saisie de drogue que j'ai effectuée, » dit Wood, notant le nombre important d'arrestations réalisées chaque jour par les policiers de Washington. « Aujourd'hui, la police de Baltimore veut et est prête à coopérer. Cela suggère, selon moi, qu'ils savent qu'il n'y a rien à tirer de cette histoire. »

Quand on effectue des centaines de saisies de drogues, selon Wood, on a du mal à se souvenir ensuite de la lumière ou encore du décor exact – des détails qui peuvent être demandés à un policier au tribunal. « On doit documenter ces choses-là, » ajoute Wood.

Mais cela ne veut pas dire que les policiers n'insèrent jamais de fausses preuves. Wood dit ne jamais avoir vu cela arriver, après 11 ans dans la police. « On ne constate pas de plus en plus d'ajouts de fausses preuves, mais l'on voit de plus en plus de policiers imaginer des liens qui n'ont pas lieu d'être, » dit Wood. « Quelqu'un est dans les environs, on trouve des drogues dans un pot de fleurs, et l'on déforme un peu la réalité, pour pouvoir justifier que l'on menotte cette personne. »

Aucune des deux théories (le dépôt de fausses preuves et la re-création d'une scène passée) n'a totalement convaincu Wood. « Je pense surtout à un policier qui agit d'une manière inappropriée. »

Phil Stinson, un ancien officier de police devenu professeur en criminologie à la Bowling Green University qui recense les fautes policières dans le pays, a déjà enregistré 36 cas d'officiers de police arrêtés pour avoir implanté de fausses preuves dans le cadre de poursuites pour possession ou trafic de drogue entre 2005 et 2012. Stinson pense que ce chiffre est bien inférieur à la réalité.

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« Selon moi, les policiers insèrent de fausses preuves beaucoup plus souvent que l'on ne le pense, » dit Stinson. « La plupart des crimes commis par la police restent discrets, secrets, ignorés, encouragés. »

Le Département de police de Baltimore est au centre de l'attention depuis quelques années en raison de la mort de Freddie Gray pendant qu'il était en garde à vue. L'évènement avait déclenché des émeutes dans toute la ville et poussé le Département de la Justice à enquêter sur les pratiques de la police de Baltimore. L'enquête a débouché sur un rapport accablant qui met en lumière une tendance générale à la discrimination raciale.

Depuis janvier, la police de Baltimore est obligée de mettre en place les réformes recommandées par les enquêteurs du Département de la Justice. En mars, sept officiers de la police de la ville ont été inculpés pour corruption.

Baltimore est l'une des rares villes où le taux de meurtres, en forte hausse, a récemment fait augmenter d'environ 15 pour cent le taux national d'homicide.


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