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Crime

Une branche d’Occupy Wall Street rachète près de 4 millions de dollars de dette étudiante

Un collectif formé par d'anciens d'Occupy Wall Street rachète à bas prix des dettes médicales et étudiantes.
Photo via Flickr/Michael Fleshman

Occupy Wall Street s'est fait un nom en demandant que le système change pour aider les « 99% ». Depuis le lancement du mouvement, l'une de ses ramifications a évolué en soulageant des individus de leurs prêts.

Lors du troisième anniversaire d'Occupy Wall Street, qui s'est déroulé plutôt discrètement, sans grande couverture médiatique, une faction issue du groupe, Strike Debt (« frapper la dette ») et son projet Rolling Jubilee a annoncé avoir racheté près de 4 million de dette étudiante, dernière d'une série de rachat de créances pilotée par le groupe.

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La dette étudiante est la seconde cause d'endettement aux États-Unis ; près de 40 millions d'américains sont concernés. La génération de diplômés de 2014 est la plus endettée de l'histoire du pays, avec un emprunt d'environ 33 000 dollars par tête (environ 25 000 euros). C'est devenu un véritable enjeu politique : en juin dernier, Barack Obama a annoncé une extension du programme d'aide au remboursement.

Le rachat de cette dette par Strike Debt a soulagé près de 3000 personnes à travers le pays, et parallèlement a permis d'attirer l'attention sur des pratiques que le groupe dénonce comme prédatrices, de la part de colleges à but lucratif.

Le mouvement, qui se bat pour l'annulation des dettes, a racheté 3,8 millions de dollars à un organisme de prêts privé, Corinthian Colleges, un important réseau de campus à travers le pays. Le groupe a dépense seulement 100 000 dollars pour racheter des de dettes, utilisant des fonds collectés pendant un téléthon et une campagne virale sur internet.

« C'était surtout de petites donations, les gens donnaient 5 dollars, en nous disant « je suis fauché, mais je veux aider » », explique Laura Hanna, l'une des organisatrices de Strike Debt, à VICE News. « À l'origine, notre but était de lever 50 000 dollars, et de démontrer que 50 000 dollars suffisaient à racheter un million de dettes, de prouver que ça n'en valait pas la peine. Ça nous a pris du temps ». Les dettes sont souvent revendues sur un marché secondaire, à un prix bien plus bas que leur prix d'origine).

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Débuté fin 2012, à travers le projet Rolling Jubilee, Strike Debt a racheté la dette médicale de milliers de personnes, pour une valeur de plus de 18 millions de dollars. Les organisateurs ont utilisé les fonds récoltés ensuite pour s'attaquer à la dette étudiante.

« On veut se concentrer sur les problèmes que cause l'éducation à but lucratif, qui envisage l'éducation comme une marchandise. On se bat pour l'idée qu'on ne doit pas avoir à s'endetter pour avoir accès à des choses nécessaires », continue Laura Hanna.

« On ne peut pas résoudre le problème dans son entier, mais on peut participer à réparer le problème systémique », ajoute-t-elle.

Les volontaires de Strike Debt travaillent aux côtés d'experts et de conseillers juridiques qui offrent leurs services gratuitement. Une fois qu'ils ont racheté la dette, ils ont envoyé des lettres à près de 3000 étudiants des Corinthian Colleges pour leur dire qu'au moins un de leurs prêts avait été remboursé, et qu'ils ne devaient plus s'en soucier.

Le réseau universitaire est sous le coup d'une investigation fédérale qui met en cause ses tactiques de recrutement et ses taux de placement. Ils ont aussi été attaqués par le bureau de protection financière des consommateurs qui les accuse de pratiques prédatrices. Le bureau de protection plaide pour que la cour efface plus de 500 millions de dollars de dette contractée par les étudiants des Corinthian Colleges.

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Kent Jenkins, porte-parole des Corinthian Colleges a critiqué cette plainte. Dans une déclaration à VICE News, il a dit que moins de 40% de ses étudiants contractaient un prêt privé, avec un intérêt d'environ 9%, « bien en dessous des prix du marché » d'après lui. Il a ajouté qu'ils « obligeaient leurs étudiants à rembourser pendant leurs années d'étude pour leur inculquer la discipline de rembourser leurs prêts tous les mois ».

Strike Debt a déclaré être en mesure de racheter la dette contractée auprès d'organismes privés, mais pas les prêts alloués par le gouvernement, qui représentent la majorité des prêts que les étudiants acquièrent afin d'étudier dans des collèges sans but lucratif.

« Si on est en mesure de racheter la dette médicale auprès de revendeurs, la majeure partie de la dette étudiante n'est pas disponible sur ces marchés, parce qu'elle est garantie par le gouvernement fédéral, et ainsi elle ne peut être annulé en cas de faillite », explique le groupe.

Pour aider les gens endettés auprès du gouvernement, comme ceux qui ont une dette médicale ou un crédit, le groupe lance un nouveau project, The Debt Collective, un site Web et une organisation qui doit donner les moyens aux individus de s'allier pour peser.

Les gens peuvent s'enregistrer sur le site et rentrer leur dette, et la région dans laquelle ils vivent. Strike Debt organisera des réunions pour exposer les tactiques auxquelles les gens peuvent avoir recours contre leurs créanciers, notamment la « grève », c'est à dire le refus de pays ou un payement retardé.

« On veut que ce soit un endroit où l'on réfléchit à la construction d'un pouvoir collectif qui se dressera face aux marchés financiers qui sont tout-puissants », expliqua Laura Hanna. « On est en train de se pencher sur d'anciens modèles de syndicalisation et de regarder comment on peut s'en inspirer aujourd'hui ».