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Crime

Une chanson qui ne fait pas de bruit en tête des ventes en Autriche pour soutenir les migrants

L’arrtiste a eu l’idée de ce projet après avoir suivi la situation d’un centre pour réfugiés surpeuplé, situé à Traiskirchen, une ville qui se trouve au sud de Vienne.
Image via Raoul Haspel

C'est une entrée fracassante mais silencieuse dans le top iTunes autrichien — une chanson sans mélodie, sans basses, sans paroles.

L'artiste autrichien Raoul Haspel a publié une chanson ce vendredi qui s'appelle « Schweigeminute (Traiskirchen) », une minute de silence qui fait office de chant de protestation. Le but de cette chanson est de dénoncer le sort que l'Europe réserve aux réfugiés, que l'artiste juge choquant.

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Haspel a eu l'idée de ce projet après avoir suivi la situation d'un centre pour réfugiés surpeuplé, situé à Traiskirchen, une ville qui se trouve au sud de Vienne.

« J'étais sans voix face à ces conditions de vie, qui sont indignes d'êtres humains, » a-t-il expliqué à VICE News par téléphone. Ce triste spectacle expose ce que l'artiste décrit comme « L'échec incroyable du gouvernement Autrichien et de la politique européenne. »

L'artiste qui a 35 ans, espère que l'attention portée à sa chanson et les ventes de celle-ci permettront de sensibiliser le grand public à ce qu'il se passe à Traiskirchen. L'argent récolté doit aider les migrants qui se trouvent là-bas. Haspel est cependant frappé de voir avec quelle vitesse les utilisateurs d'iTunes ont réagi à cette proposition radicale : les pré-achats de « Schweigeminute » ont propulsé la chanson en tête du classement.

« C'est comme si j'avais trouvé les bons mots pour ce problème, en n'en mettant aucun. »

Pour Haspel, le succès rencontré traduit une idée simple :

« La majorité silencieuse dit 'non' à la politique européenne vis-à-vis des migrants, » dit-il.

Le camp de Traiskirchen est géré par ORS, une entreprise suisse qui aurait été payée 21 millions d'euros pour le centre sur ces quatre dernières années. À l'origine, l'endroit devait accueillir 1 800 personnes, mais à la fin du mois de juillet, on comptait 4 500 hommes, femmes et enfants. Environ 1 500 personnes dorment dehors, au milieu de l'été étouffant, elles sont à la merci des tempêtes de pluies et des températures qui peuvent atteindre plus de 35 degrés.

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Une tente et des poussettes aux abords du centre de réfugiés de Traiskirchen. (Photo par Roland Schlager/EPA)

Amnesty international, qui a visité Traiskirchen il y a quelques jours, estime que la manière avec laquelle les réfugiés sont traités est « scandaleuse ». L'organisation insiste sur le fait que le traitement réservé aux 1 400 enfants non accompagnés est inadapté. Autres points noirs : des bus servant d'abris, et l'état des sanitaires. Les Nations Unies ont décrit cet endroit comme « inhumain ».

Le gouvernement autrichien a déclaré plus tôt ce mois-ci qu'il stopperait la prise en charge de nouveaux arrivants et gérerait le nombre de personnes actuel en forçant d'autres régions à respecter les quotas d'accueil de demandeurs d'asile. Des quotas qu'ont rejetés des conseils locaux.

« J'ai choisi le silence parce que le débat se fait de plus en plus fort, » continue Haspel. Il explique avoir conçu son oeuvre comme « un tour fait aux médias classiques à la recherche de scandale, un tour contre le flot d'images et d'informations qui tue l'empathie » pour les réfugiés.

« C'est comme si j'avais trouvé les bons mots pour ce problème, en n'en mettant aucun. »

Une tente et des poussettes aux abords du centre de réfugiés de Traiskirchen. (Photo par Roland Schlager/EPA)

Le morceau sort au moment où l'Europe fait face à sa plus grande crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Une crise nourrie par le nombre record de personnes qui fuient des zones de conflit comme la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, et qui se retrouvent aux frontières de l'Europe.

En Autriche, le nombre de demandes d'asile a atteint le nombre de 28 300, pour une période qui va de janvier à juin — c'est autant que pour l'ensemble de l'année 2014. Les autorités estiment qu'au total, à la fin de l'année, l'on devrait atteindre les 80 000 demandes.

La chanson d'Haspel est disponible sur iTunes, Amazon, ou Google Play — des plateformes qui prélèvent une commission pour tout achat. Haspel espère que ces entreprises renonceront à ce pourcentage pour en faire don.

Suivez Andrea Maurer sur Twitter:@an_maurer