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Crime

Une fin d’année dans la Jungle de Calais

On a visité le camp de réfugiés de Calais que l'on surnomme la "Jungle". Près de 7 000 hommes, femmes et enfants y vivent dans des conditions terribles. Mais malgré tout, une vie en communauté s'organise.
Photo de Sally Hayden/VICE News

C'est une fraîche soirée d'hiver dans le camp de réfugiés de Calais que l'on surnomme la « Jungle ». Un jeune Afghan vient de ramasser un pistolet à terre. Il le charge et pointe le canon en direction de l'assemblée, dont les membres se mettent progressivement à genoux, à mesure que le jeune homme oscille de gauche à droite. Il porte un jeans, une veste à capuche, et un foulard rouge lui entoure la tête. Son pistolet est imaginaire, mais l'audience ne pipe mot quand il les vise.

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Entre 5 000 et 7 000 personnes vivent actuellement ici — ce qui fait de la Jungle le plus grand camp de réfugiés d'Europe occidentale et représente l'épicentre boueux d'une crise mondiale. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, venant d'une multitude d'horizons, se retrouvent sur ce bout de terrain vague à l'extérieur de cette ville portuaire du nord de la France. Beaucoup d'entre eux ont voyagé seul pendant des mois. Maintenant, ils sont assis les uns à côté des autres, à même le sol, le regard fixé devant une scène en bois, où un homme qui s'appelle Yasin mime une scène.

C'est le Good Chance Theater, une des nouvelles activités installées dans la Jungle. Ce théâtre est une grande tente imperméable blanche, avec une petite scène à l'une des extrémités. La « sortie de secours » — une ouverture dans la bâche — est sans cesse battue par le vent.

Misba, un homme sourd qui vient d'Afghanistan, a créé la performance de ce soir. Son histoire raconte celle d'un soldat afghan qui est sans cesse suivi, avant d'être capturé et emprisonné. Finalement, notre protagoniste trouve un moyen de s'échapper. Le pitch de la pièce imprimé sur un petit prospectus décrit le spectacle comme un message d'espoir dans un contexte d'obstacles apparemment insurmontables, une réunion avec de vieux amis, avec un message de pardon.

Il y a une raison pour laquelle cette production est captivante. « Le mime est vraiment à la mode en ce moment, » explique à VICE News Joe Robertson, 25 ans, à l'origine de ce projet de théâtre.

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Il explique que les réfugiés et migrants attirés jusqu'au théâtre « adoptent un storytelling physique, parce qu'il y a tellement de langages différents ici. C'est un bon moyen de raconter des histoires d'une nouvelle manière. »

Le Good Chance Theater dans la Jungle de Calais. (Photo de Sally Hayden / VICE News) 

Le Good Chance Theater est ouvert depuis 3 mois et fonctionne grâce à un groupe de volontaires. Robertson vient de Hull en Angleterre, une autre volontaire, Amy, 18 ans, vient de Londres. C'est son année sabbatique.

Le théâtre peut accueillir jusqu'à 200 personnes, accueille un chat qui « empêche les souris de s'installer » et offre un large programme d'activités allant du yoga, au cirque, jusqu'à la poésie.

« C'est un espace sûr pour s'exprimer : raconter des histoires, partager des expériences, » explique Robertson. « Nous avons des activités toute la journée, puis un spectacle le soir — une pièce de théâtre ou un concert acoustique. Nous avons entre 1 000 et 2 000 personnes qui viennent chaque semaine. »

Le jeune Anglais continue. « Je pense que les gens ont besoin d'avoir un espace où ils se sentent acceptés et peuvent parler, réfléchir, et méditer sur leur situation. Je pense que s'exprimer est presque aussi important que se nourrir, être à l'abri et recevoir des soins. »

Robertson explique que des gens de toutes les nationalités viennent ici pour écrire, lire, jouer des instruments, et réciter des poèmes. Lors d'une journée type, des leçons d'anglais peuvent être données dans un coin, pendant que la scène accueille des répétitions.

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Plus de 40 000 euros ont été récoltés pour faire fonctionner le lieu, grâce au crowdfunding et au soutien de théâtres britanniques. Cela permet de payer la maintenance et les réparations, de faire fonctionner les générateurs, et d'acheter des matériaux pour créer. « Beaucoup de choses nous sont données, mais cela reste cher de faire fonctionner un théâtre dans un camp de réfugiés, » explique Robertson.

Des peintures données par l'artiste Chav ont dû être retirées des murs après que l'humidité a commencé à les ruiner.

En plus de servir d'espace de performance et de travail, le théâtre peut remplir d'autres missions.

Le soir des attaques du 13 novembre dernier à Paris, un feu a été déclenché dans la zone occupée par les Soudanais qui vivent dans la Jungle. Les flammes ont rapidement consumé un large pan du camp, où étaient installées 300 tentes. Nombre de personnes qui avaient alors perdu leur seul abri, se sont alors dirigées vers le théâtre. Transformé un abri d'urgence, le théâtre a alors accueilli des personnes qui dormaient à même le sol.

Deux jours plus tard, le théâtre a tenu une veillée en hommage aux victimes des attaques du 13 novembre. Des responsables religieux, des anciens et des volontaires étaient tous présents. « Il y a eu un moment de silence, puis des discours après ça, » se souvient Robertson. « Beaucoup de gens ici fuient la même idéologie derrière laquelle se cachent les terroristes du vendredi 13. Donc je pense que l'impact de ces événements était vraiment palpable. »

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Des volontaires préparent à manger et arrangent des habits dans les entrepôts de Care 4 Calais. (Photo de Sally Hayden / VICE News) 

Les attaques de Paris ont choqué beaucoup de monde dans le camp. Pour les réfugiés qui fuient des conflits et la violence, ces attentats sont un drôle de rappel : Vous n'êtes pas en sécurité, même en Europe.

« Tout le monde dit « N'allez pas en France, allez en Grande-Bretagne. [La France] est dangereuse, » explique à VICE News Ahmed, un jeune Afghan de 12 ans.

Ahmed a un visage doux et parle un anglais rudimentaire. Il est aussi visiblement effrayé. Il est dans la Jungle depuis deux semaines, avec son père Faisal — qui nous traduit ce que dit Ahmed — et son petit frère âgé de 10 ans, qui porte un sweat-shirt GAP et des bottes en plastique rose pleines de boue.

Ahmed explique que sa famille doit partir pour rejoindre sa soeur et son oncle au Royaume-Uni. Ils ne veulent pas rester en France parce qu'ils ont peur que l'organisation État islamique attaque à nouveau.

« À Paris, il y a eu une attaque à la bombe. Je le sais, vous le savez, il n'y a pas sécurité ici. » Il dit avoir vu des images des attaques à la télévision. « Nous avons vu des gens mourir [en France] des mains de Daesh (EI). »

Ahmed estime que la Jungle va être une des prochaines cibles. « Je sais qu'il va y avoir une attaque ici aussi. »

La famille a quitté l'Afghanistan il y a trois mois à cause de la menace que représentent les Talibans, explique Ahmed. « Les Talibans ne nous laissent pas tranquille. Ils vont nous tuer maintenant. En Afghanistan, en l'espace d'un mois des milliers de personnes meurent. »

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Le « hall of fame » dans l'entrepôt de Care 4 Calais. (Photo de Sally Hayden / VICE News) 

Les attaques de Paris ont aussi eu un impact sur la vie politique française et notamment à Calais, où Marine Le Pen, présidente du Front National, n'était pas loin de remporter les élections régionales dans la néorégion Nord-Pas-de-Calais Picardie — avant d'être finalement battue par Xavier Bertrand, le candidat du parti Les Républicains.

Le Pen avait essayé de capitaliser sur la peur et la colère nées des suites des attaques contre la capitale française, appelant à bloquer l'accueil de réfugiés syriens dans le pays, et estimant que Schengen (l'accord qui permet de circuler librement sans passeport dans l'Union européenne) était une « folie ».

À lire : Le jour où Calais a finalement dit non au Front National

Ceux qui sont présents dans la Jungle représentent 2 pour cent du nombre total de migrants qui arrivent en Europe. Cette année, 1 million de migrants sont arrivés sur le continent par voie maritime et terrestre. 51 pour cent d'entre eux fuyaient la Syrie, d'après les estimations du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations unies (UNHCR). Plus de 3 700 sont morts en essayant de rejoindre l'Europe.

Le nombre de nouveaux arrivants dans la Jungle baisse avec l'arrivée de l'hiver — et tous ceux qui sont là n'ont pas pour projet de rejoindre le Royaume-Uni. Certains ont fait une demande d'asile et attendent de recevoir un logement. D'autres essayent de passer tous les soirs près de l'entrée du tunnel sous la Manche, escaladant les barrières qui bordent les rails des trains qui se dirigent vers l'Angleterre.

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Plus tôt au cours du mois de décembre, l'artiste britannique Banksy avait laissé une marque de son passage dans la Jungle. « Il est venu une nuit. Je ne savais pas qui c'était, » explique à VICE News un homme qui campe près de l'oeuvre de l'artiste peinte sur un pont en béton.

La peinture représente Steve Jobs, le fondateur d'Apple. Dans un communiqué, Banksy explique son choix. « Nous sommes souvent amenés à penser que la migration n'est pas bonne pour les ressources d'un pays, mais Steve Jobs était le fils d'un immigré syrien. »

« Apple est l'une des entreprises qui fait le plus de bénéfices dans le monde, et paye près de 7 milliards de dollars d'impôts chaque année — et tout cela existe seulement parce qu'ils ont laissé s'installer aux États-Unis un jeune homme venu de Homs [en Syrie]. »

Les autorités calaisiennes ont depuis déclaré qu'elles protégeraient les oeuvres de Banksy.

Devant le portrait de Steve Jobs, VICE News plaisante sur le fait que les migrants campant à côté pourraient faire payer ceux qui viendraient voir l'oeuvre. Et apparemment, plusieurs migrants auraient justement commencé à faire cela.

L'oeuvre de Banksy. (Photo de Michel Spingler / AP) 

Un nombre croissant de volontaires s'occupent de fournir la nourriture et les vêtements dont les résidents de la Jungle ont désespérément besoin.

VICE News a pu visiter les deux entrepôts de Care 4 Calais, pleins de dons. Dans l'entrepôt « de tri », on range et organise les dons en fonction des tailles et des types de vêtements. Les vestes imperméables médium vont dans un carton, toutes les polaires small vont dans un autre. Puis ces boîtes sont empilées dans le deuxième entrepôt, où elles sont distribuées.

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« C'est une grosse opération, très grosse. Les gens sont tellement généreux, » explique John Sloan, cofondateur de Care 4 Calais, qui est en France depuis trois mois. Il précise que le groupe essaye de rapatrier les dons dans un délai de 7 jours.

On a demandé à VICE News de ne pas révéler l'emplacement exact des entrepôts, par peur de subir les représailles de certains membres de la communauté locale.

« Travailler à Calais a des bons et des mauvais côtés, » explique Sloan. « Il y a des gens qui nous soutiennent et d'autres qui ne nous soutiennent pas, puis il y a ceux qui n'aiment pas ce que l'on fait. »

Claire Mosley, l'autre cofondatrice de Care 4 Calais explique que l'opposition à leur projet a parfois été agressive — expliquant que certains hôtels ou restaurants de Calais ne voulaient pas les recevoir.

Sloan ne compte pas partir « avant que la situation soit résolue ».

« Le problème est énorme et les gens doivent avoir le droit à un logement digne de ce nom — que cela soit en France, en Grande-Bretagne ou ailleurs. Ils ne peuvent pas continuer à vivre comme cela. »

L'Église Saint Michael dans la Jungle. Des messes se tiennent ici chaque jour. (Photo de Sally Hayden / VICE News)

Il y a quelques jours, de nombreux migrants originaires d'Afghanistan se sont rassemblés dans le Good Chance Theater pour assister à une série de discours donnés par des militants et des politiques venus de Londres. Une pétition a été signée, posant sur papier l'intention des visiteurs venus de l'autre côté de la Manche de tout faire pour aider ceux qui campent à Calais à entrer au Royaume-Uni.

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Après cela, une conseillère du parti travailliste britannique venu de Londres a crié « Bienvenue en Grande-Bretagne. » La foule a applaudi, alors qu'un homme afghan souriait, mais restait sceptique. « Elle peut essayer, mais David Cameron ne nous acceptera pas, » dit-il.

Khan, un jeune homme âgé de 24 ans originaire d'Afghanistan, est à Calais depuis deux mois. « C'est dur, très dur, » explique-t-il quant à ses multiples tentatives de traverser la Manche.

Khan était commerçant en Afghanistan — il possédait un « grand magasin » — mais il s'est fait dévaliser et a ensuite quitté le pays.

Il a aussi évoqué la nouvelle menace qui plane au-dessus des migrants qui campent ici : le placement en centres de rétention. D'après la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) française, 779 migrants ont été emmenés en centre de rétention entre le 21 octobre et le 10 novembre.

À lire : Le ministère de l'Intérieur à nouveau épinglé pour sa gestion de la situation à Calais

Khan explique que la police attrape seulement des gens en dehors du camp et sans laisser la possibilité de prévenir qui que ce soit. « Ils les jettent en prison, vous ne pouvez le dire à personne. Les membres deotre famille, s'ils sont aussi à Calais, ils pleurent votre absence [pendant qu'ils vous cherchent]. Ils peuvent même en venir à penser que vous êtes mort, » explique Khan.

Abdul a 20 ans et se tient derrière Khan. Il dit être dans la Jungle depuis 4 mois.

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« La police française [nous] frappe, et [nous] gaze les yeux, » dit-il. « C'est vraiment terrible. Quand vous vous cachez dans un camion, ils vous attrapent et vous envoient en prison. »

Abdul a fait référence à un ami qui est mort la semaine précédente — une tragédie qui est passée inaperçue, explique-t-il. « Cette vie n'est pas pour un homme, c'est [pour] un animal. »

Ceux qui sont coincés dans ce capharnaüm trouvent des activités pour passer le temps. Khan explique qu'il joue au billard la nuit, ou va à la discothèque installée dans le quartier des Érythréens, où il boit des bières. « La nuit dernière nous avons dansé une danse afghane ensemble : l'Attan, » dit-il. « Vous pouvez voir sur YouTube à quoi cela ressemble. »

Une paire de chaussures abandonnée dans la boue dans la Jungle. (Photo de Sally Hayden / VICE News) 

« Je dirais qu'ici les gens se comportent le mieux du monde dans les pires conditions, » explique à VICE News l'auxiliaire paramédical Martin McFigue, assis dans le nouveau centre de vaccination du camp.

« Les conditions de vie sont intolérables. Il y a des installations sanitaires de base : six pompes à eau pour 7 000 personnes. Le temps est atroce. Les équipements ne sont pas adaptés. Mais ce qui prédomine malgré tout ici : c'est que les gens sont adorables. Ils n'ont rien mais donnent tout : ils nous invitent chez eux pour manger. L'esprit de communauté ici est incroyable. »

McFigue travaille avec l'organisation caritative Hands International, basée à Londres. Ils opèrent à l'intérieur de la Jungle depuis le 28 octobre, en collaboration avec les autorités françaises. Ils font partie des trois associations — avec Médecins sans frontières et Médecins du monde — à avoir reçu cette autorisation. Depuis leur arrivé, le centre a vacciné 1 600 résidents de la Jungle contre la grippe — soit 20 pour cent des migrants présents ici.

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« La grande inquiétude est, qu'avec de telles conditions sanitaires et la malnutrition, il y a un fort risque de développement de maladies, » explique McFigue.

En janvier, il explique qu'ils veulent commencer à vacciner contre l'hépatite A et le tétanos. McFigue ajoute qu'une épidémie de tuberculose pourrait se développer si les conditions météorologiques se dégradaient. Des cas de choléra pourraient aussi apparaitre dans le camp, dit-il — bien que cette maladie se développe surtout dans les endroits chauds, il y a beaucoup d'eau stagnante dans le camp.

« Un autre problème que l'on a, c'est l'hypothermie. Nous voyons déjà des gens atteints d'hyperthermie — et sans traitement, vêtements, logements, nourriture et chaleur, cela va empirer. » Il explique que si les températures chutent en janvier, « dans le pire des cas, on pourrait commencer à avoir des morts. »

Cependant, la majorité des morts ne sont pas dues aux maladies ou aux conditions sanitaires, mais résultent des tentatives désespérées de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre.

Il est difficile de savoir combien de personnes exactement sont mortes en essayant de traverser la Manche en 2015, mais les estimations varient entre 23 et 26 individus. Cela inclut notamment un Syrien de 23 ans qui a été électrocuté sur le toit d'un train, une Syrienne de 30 ans renversée par une voiture sur l'autoroute, un Afghan de 16 ans écrasé par un train, et un nouveau-né érythréen mort une heure après sa naissance prématurée. L'accouchement avait dû être avancé suite à la chute sa femme de 20 ans d'un véhicule en marche.

VICE News a aussi entendu d'autres rumeurs : notamment des Syriens qui seraient morts de froid dans un camion frigorifique, et deux personnes qui auraient essayé de rejoindre avec un petit bateau l'Angleterre. Réalisant qu'ils n'y arriveraient pas, les deux individus avaient alors fait demi-tour, mais leur embarcation se serait renversée et ils seraient morts noyés.

Pourtant, des milliers de migrants continuent de prier que leur jour viendra — la plupart d'entre eux assurant qu'ils n'abandonneront pas, même si c'est très difficile.

Solomon, un prêcheur laïc, qui a construit l'église Saint Michael, explique à VICE News qu'en tant que membre de l'Église éthiopienne orthodoxe, il va célébrer Noël en janvier.

L'homme âgé de 35 ans et originaire d'Addis Abeba, a souhaité lancer un appel. « À l'Église de la Jungle, nous avons besoin d'aide. Dites-leur. » Il explique que le problème en ce moment est de pouvoir utiliser du gaz dans l'église pour chauffer la salle pendant que les gens prient.

L'édifice est impressionnant. Il est fait de bric et de broc. Il y a une porte, une salle de rangement, un mur de clôture, en plus de la structure initiale construite pendant l'été. Des sermons quotidiens sont donnés et des dizaines de personnes les suivent.

En évoquant les festivités de fin d'année, Solomon fait le voeu de ne pas passer la nouvelle année dans la Jungle. Il essaye de rejoindre l'Angleterre depuis des mois maintenant et dit essayer chaque jour, « Par le train, dans les camions, dans la rivière, n'importe où. Je vais continuer d'essayer. »

Suivez Sally Hayden sur Twitter : @sallyhayd