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FRANCE

Une parfumerie française veut capturer l’odeur de vos proches décédés

Une femme d’affaires française qui voulait conserver le souvenir olfactif de son père décédé a lancé une entreprise qui permettra aux gens de reconstituer l’odeur d’un proche disparu ou absent et de la garder dans un flacon.
Image via Flickr / Florit0

Le père de Katia Apalategui était diabétique, avait un chien terrier sur les genoux toute la journée et il portait l'eau de toilette Fahrenheit. Quand il est mort il y a sept ans, Katia a voulu retrouver son parfum, mélange de toutes ces odeurs. C'est comme ça que lui est venue l'idée de créer une entreprise qui permettrait aux gens de conserver l'odeur d'un proche disparu dans un flacon, comme on conserve une photo ou un objet.

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Dans un premier temps, c'est l'odeur des disparus qui sera commercialisée par Kalain, l'entreprise que Katia Apalategui a créé avec son fils Florian Rabeau, qui termine son école de commerce. Par l'intermédiaire des entreprises de pompes funèbres qui proposeront ce service en complément des autres services funéraires, les proches du défunt pourront obtenir un flacon contenant son odeur, pour environ 560euros.

Le spot publicitaire qui présente le parfum des proches décédés.

Contactée ce vendredi, Katia Apalategui explique à VICE News qu'elle s'est rendu compte que cette idée séduisait beaucoup de monde. Certains voudraient emporter avec eux l'odeur d'un enfant quand ils s'en vont en déplacement, et d'autres, celle d'un animal. « Nous avons beaucoup de gens qui nous ont dit « moi, ce que je voudrais c'est l'odeur de mon chien, ou de mon cheval, » alors c'est une déclinaison sur laquelle nous allons travailler, » nous explique-t-elle.

Katia Apalategui, 52 ans, a développé son projet au sein de l'agence régionale d'innovation de Haute-Normandie Seinari. VICE News s'est entretenu avec le chargé d'affaires de cette agence, Mickaël Arnoult, qui a accompagné le projet. Il nous explique que « C'est un projet blanc ou noir, soit on est un peu dégouté, soit on marche à fond. » Il a été immédiatement séduit par l'idée, mais il a fallu avant tout savoir si le projet était techniquement réalisable. « Il y a des gens qui essaient de recréer des parfums de star, mais en aucun cas ce n'est leur vraie odeur. La vraie odeur, ça vient des polluants, de la lessive, du parfum, de la cigarette pour les fumeurs… »

Pour s'approcher de l'odeur voulue, Seinari a mis Katia Apalategui en relation avec l'unité de chimie organique et macromoléculaire (Urcom) de l'université du Havre, qui a développé une technique pour reproduire l'odeur humaine à partir d'un tissu imprégné de l'odeur de quelqu'un. « On prend le vêtement de la personne, on extrait l'odeur, ce qui représente plus d'une cinquantaine de molécules, et on la reconstitue sous forme d'un parfum, dans de l'alcool, au bout de quatre jours », a expliqué Géraldine Savary, maître de conférences à l'Urcom à l'AFP.

D'après l'Insee, 560 000 décès sont recensés tous les ans en France, et les prévisions annuelles à l'horizon 2045 sont de 740 000 décès, ce qui fait du secteur funéraire un marché qui présente de nombreuses opportunités commerciales, qu'exploitent déjà d'autres entreprises. LivesOn propose par exemple de continuer à Twitter pour ses clients après leur mort, en s'inspirant du style de leur fil d'actualité de leur vivant.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter: @meloboucho

Image via Flickr / Florit0