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Crime

Inquiétudes autour d'une série de décès de mammifères marins au SeaWorld de San Antonio

La mort d’un orque âgé de 18 ans nommé Unna, le troisième décès depuis juillet dans le parc, semble avoir été causée par une infection qui, selon les défenseurs de l’environnement, ne se produirait pas en milieu sauvage.
Photo de Mike Blake/Reuters

SeaWorld se retrouve à nouveau sous les critiques après la mort la semaine dernière d'un orque âgé de 18 ans du nom de Unna, dans le parc à thème de San Antonio (Texas). Unna suivait un traitement pour une infection fongique depuis plusieurs mois.

Unna est le troisième mammifère marin à mourir dans le parc de San Antonio depuis le milieu de l'année 2015. Un béluga du nom de Stella est mort en novembre de complications gastro-intestinales, et un petit béluga prématuré est mort en juillet.

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Le docteur Naomi Rose, scientifique spécialiste des mammifères marins à l'Animal Welfare Institue, affirme que la mort d'Unna à un âge relativement jeune est préoccupante.

« Unna avait seulement 18 ans, c'est jeune ; il n'y a pas d'autre manière de dire les choses », dit-elle. « Dans la nature, les femelles orques reproductives ont un taux de mortalité très bas. »

Selon elle, Seaworld « ne devrait pas perdre ses jeunes femelles. Ce n'est pas le signe d'un bon élevage et de bons soins. »

Une enquête du San Antonio Express-News a révélé qu'avant la mort de Unna, 14 animaux étaient décédés au SeaWorld de San Antonio depuis 1991. Le plus vieil orque décédé avait 26 ans, la majorité avait moins de vingt ans.

Dans la nature, la durée de vie d'un orque varie généralement, selon les espèces, entre 50 à 100 ans, d'après la National Oceanic and Atmospheric Administration aux États-Unis. Mais l'âge médian des orques dans les parcs des États-Unis est seulement de 12 ans, selon une étude publiée dans le journal Marine Mammal en avril.

SeaWorld n'a pas souhaité commenter ces informations.

À lire : SeaWorld annonce la fin de son spectacle avec des orques — mais seulement dans son parc de San Diego

Dans un communiqué, l'entreprise qui gère les parcs SeaWorld à Orlando, San Antonio et San Diego, a annoncé que Unna suivait depuis plusieurs mois un traitement contre une candidose, une infection fongique qui peut se déclarer chez toutes sortes d'animaux.

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« La candidose, et les infections fongiques en général, peut se déclarer chez les cétacés sauvages », dit le communiqué. « Les infections fongiques peuvent se trouver à la fois chez les cétacés sauvages et au sein des installations zoologiques. »

Selon le docteur Rose, ce communiqué est trompeur. Alors que la candidose peut effectivement se déclarer chez les cétacés — un groupe de mammifères qui comprend les baleines, les dauphins et les marsouins — on ne la trouve pas fréquemment chez les orques.

« Autant que je sache, dans la littérature [spécialisée], les infections fongiques sont communes chez certaines espèces de cétacés, comme les grands dauphins, mais pas chez les orques, » explique-t-elle.

SeaWorld déclare dans son communiqué qu'une autopsie va être conduite pour déterminer la cause finale de la mort de l'animal. Mais selon Rose, il s'agit de la candidose, une infection systémique qui apparait lorsqu'un individu stressé est infecté, ou lorsque le système immunitaire est affaibli. La présence même des levures de Candida, ajoute-t-elle, met en lumière les conditions générales de captivité des orques.

« Aucune étude ne montre qu'on trouve la Candida chez les orques sauvages », affirme la chercheuse. « En captivité, en revanche, c'est très commun. »

La cause la plus fréquente de mort des orques en captivité est la pneumonie, selon l'Inventaire des mammifères marins, une base de données gouvernementale. Toutes les organisations qui possèdent des mammifères marins en captivité, y compris les établissements publics, doivent soumettre les résultats des autopsies à cette base de données, selon le Marine Mammal Protection Act de 1972.

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Seaworld fait face à de nombreuses critiques concernant son programme d'orques en captivité, en particulier depuis le documentaire « L'orque tueuse », datant de 2013, qui a attiré l'attention sur les conditions de vie au sein de ses parcs. Le film suggère que des traitements brutaux de la part des entraineurs de SeaWorld rendent les animaux agressifs — et parfois les tue.

En août de l'année dernière, Seaworld a annoncé qu'il allait construire de nouveaux environnements, plus grands, pour ses orques et financer les efforts de recherche et de préservation des animaux.

SeaWorld a ensuite été gravement mis en cause en juillet, lorsque l'association de défense des droits des animaux People for the Ethical Treatment of Animals (PETA, ou « les hommes pour un traitement éthique des animaux » en français) a accusé l'entreprise d'avoir infiltré ses rangs, avec la coopération de la police de la ville de Pasadena. L'association a déposé plainte contre les forces de l'ordre pour ne pas avoir dévoilé des documents qui, selon elle, montrerait la collusion de la police dans cette affaire d'espionnage industriel.

Enfin, en octobre, la Californie a interdit au parc de San Diego de pratiquer la reproduction des orques en captivité. Un mois plus tard, l'entreprise avait annoncé qu'elle arrêtait les spectacles d'orques dans ce parc.

Suivez Hannah K. Gold sur Twitter : @togglecoat

Regardez notre reportage L'extinction des lions de mer de Californie :