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Crime

Une vidéo aérienne montre les bombardements de l’Arabie saoudite sur le Yémen

Le président yéménite Hadi a trouvé refuge à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite. Parallèlement, le royaume wahabite a lancé une opération militaire au Yémen.
Photo via Reuters

L'ambassadeur saoudien à Washington a déclaré ce mercredi que son pays avait commencé à bombarder les rebelles houthistes au Yémen. L'intervention de l'Arabie saoudite dans le conflit yéménite a eu lieu le même jour que la fuite du président Hadi de son refuge d'Aden, assiégé par les rebelles. Il a désormais trouvé refuge à Riyad, capitale de l'Arabie Saoudite.

Ce vendredi, des officiels du ministère de la Santé à Sanaa ont dit à l'AFP que ces raids aériens auraient déjà fait au moins 39 morts parmis les civils.

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Yémen : images aériennes des bombardements sur… par lemondefr

Images des bombardements menés le vendredi 27 mars par l'Arabie Saoudite sur un aéroport de Sanaa au Yemen.

Le président Abd Rabbo Mansour Hadi aurait quitté le palais présidentiel de la ville portuaire tôt dans la journée de mercredi. Les rebelles chiites houthistes ont commencé à bombarder l'enceinte du palais, ont mis à prix la tête d'Hadi et ont arrêté son ministre de la Défense.

Les autorités avaient alors déclaré qu'Hadi était dans la salle de commandement des opérations pour diriger ses forces contre l'offensive houthiste mais Associated Press (AP) a rapporté ce mercredi qu'il avait fui le pays en bateau.

Depuis le début de la semaine, les rebelles houthistes avancent vers le Sud, et la fuite du président semble sonner la fin de sa tentative de s'accrocher au pouvoir.

La fuite d'Hadi augmente la probabilité que le conflit au Yémen se transforme en un conflit armé durable, avec des répercussions dans la région. Les pays du Golfe, dont l'Arabie Saoudite, sunnite, ont soutenu les militaires restés loyaux au président Hadi.

Al-Jubeir aurait déclaré que les Saoudiens feraient « tout ce qui était nécessaire » pour protéger le peuple yéménite et le « gouvernement légitime » du pays.

On pense que le pouvoir chiite iranien soutien les houthistes, mais ces derniers nient être liés à Téhéran.

À regarder : Yémen, un État en échec

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Depuis que l'autocrate Ali Abdullah Saleh a été chassé du pouvoir en 2012, après un soulèvement inspiré par le printemps arabe, la transition politique au Yémen a été grosso modo perçue comme un succès. Mais ce pays pauvre est de plus en plus chaotique depuis que les houthistes, venus de l'extrême nord du pays ont envahi Sanaa, la capitale, en septembre, pratiquement sans rencontrer la moindre opposition. En janvier, Hadi a été placé en résidence surveillée. Le président s'est ensuite enfui à Aden pour tenter de consolider ses forces. Les rebelles houthistes, historiquement anti-américains et anti-israëliens, sont souvent accusés d'être utilisés par Saleh pour lui permettre de restaurer son pouvoir et son influence, et qu'ils sont alliés avec des éléments loyaux à celui qui fut autrefois le dirigeant.

Les houthistes avancent au Sud et à l'Ouest, affrontant des tribus qui soutiennent Hadi, ainsi que les forces d'AQPA. L'avancée des rebelles vers le sud fait suite à un attentat suicide devant deux mosquées de Sanaa, dont les fidèles sont favorables aux houthistes, qui a fait plus de 130 morts vendredi. Deux jours plus tard, les houthistes ont pris la troisième plus grande ville du pays, Taez, une ville stratégiquement importante, située sur la route d'Aden. Ils ont rapidement commencé à y entasser leurs forces. Ils ont également renforcé leur propagande. Leur chef, Abdel Malik Al-Houthi a déclaré dimanche que les milices devaient se mobiliser en vue d'un assaut contre les militants d'AQPA et de l'organisation État islamique (EI), qui revendique les attaques des lieux de culte de vendredi dernier. Des hauts responsables houthistes avaient déjà accusé Hadi d'être allié à AQPA, bien que les forces du gouvernement se soient engagées dans la lutte contre les djihadistes.

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Le conseiller de l'ONU, Jamal Benomar, a déclaré lors d'une réunion d'urgence du conseil de sécurité de l'ONU que le Yémen était « au bord d'une guerre civile » et que la situation pourrait vite dégénérer en quelque chose qui ressemblerait à ce qu'il se passe en Irak, en Libye et en Syrie si on ne parvenait pas à trouver une solution diplomatique. Mais les analystes estiment qu'au vu du niveau de défiance qui existe entre les différentes parties, un accord est difficilement possible. Dans une allocution à la télévision dimanche, Al-Houthi a déclaré que le « dialogue ne pouvait pas continuer éternellement » et a semblé ne pas adhérer aux négociations de paix qui ont lieu sous l'égide de l'ONU en déclarant qu'il s'agissait d'une « mascarade ».

Les milices houthistes gagnent du terrain au sud du pays. Elles rencontreront sans doute une opposition de la population dans cette région à majorité pro-Hadi. Les houthistes font déjà face à des oppositions dans les zones qu'ils contrôlent, où ont lieu des manifestations et des attentats commandités par AQPA et d'autres. Des manifestations ont eu lieu lundi et mardi à Taez pour demander le retrait des houthistes. Les combattants ont répondu avec des tirs et des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Six personnes sont mortes et des douzaines d'autres ont été blessées.

Les forces qui s'affrontent au Yémen sont deux formations politiques, mais le risque que des groupes comme l'EI ou AQPA émergent comme troisième force est bien présent. AQPA a brièvement contrôlé une ville dans la province de Lahj pour un week-end, mais s'est retiré après avoir exécuté 20 soldats fidèles au régime. Le groupe a aussi tiré parti du chaos pendant le soulèvement de 2012 pour prendre le contrôle de territoires dans le sud. Les États-Unis et leurs alliés voient AQPA comme la faction la plus dangereuse d'Al-Quaïda. C'est ce groupe qui a revendiqué l' attentat contre Charlie Hebdo en janvier dernier.

La présence de l'EI au Yémen est difficile à évaluer. Des groupes armés et des religieux ont annoncé leur soutien au groupe, mais les liens entre les combattants sur le terrain et les dirigeants en Syrie et en Irak n'est toujours pas clair.

Certains signes semblent toutefois indiquer que l'EI est présent. L'attaque des mosquées était un attentat sans précédent au Yémen, un pays dans lequel Sunnites et Chiites vivent et parfois prient ensemble. Cibler des Chiites en masse, ça ressemble plus aux méthodes d'Abou Moussab Al-Zarqawi, l'ancien leader islamiste en Irak, précurseur de l'EI, qu'à celles d'Al-Qaïda. Certains craignent que ce soit le signe avant-coureur d'un nouveau paramètre de tension religieuse, qui pourrait être exacerbée par la rivalité entre l'Arabie Saoudite et l'Iran.

Suivez John Beck sur Twitter: @JM_Beck

Cet article a été mis à jour après avoir été publié initialement le 25 mars.