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Crime

À cause du terrorisme, le Kenya veut fermer le plus grand camp de réfugiés du monde

Le gouvernement de Nairobi menace depuis longtemps de fermer le camp de réfugiés de Dadaab, où vivent plus de 300 000 réfugiés originaires principalement de la Somalie voisine.
Photo par Thomas Mukoya/Reuters

Le Kenya s'en tient à son plan de fermer le plus grand camp de réfugiés du monde, après plus de deux décennies de fonctionnement. Le vice-président William Ruto a répété cette semaine que les installations cesseraient de fonctionner à la fin de l'année.

Le gouvernement de Nairobi menace depuis longtemps de fermer les portes du camp de réfugiés de Dadaab, situé au nord-est du Kenya et qui abrite plus de 300 000 réfugiés, principalement originaires de la Somalie voisine. Au cours du dernier mois, les responsables kényans sont devenus de plus en plus fermes, avançant la nécessité de fermer le site. William Ruto réaffirmé cet engagement cette semaine, lors du sommet humanitaire de l'ONU à Istanbul.

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Selon William Ruto les installations accueillant les Somaliens — qui ont quitté leur pays marqué par des décennies de guerre et par la menace plus récente d'un groupe armé islamiste, les Chabab — fermeront à la fin de l'année 2016.

« Le camp de réfugiés représente une menace de sécurité existentielle pour le Kenya », a-t-il déclaré lors de son intervention au sommet lundi soir. William Ruto a soutenu que les récentes attaques au Kenya — dont le carnage qui s'est déroulé au centre commercial Westgate en 2013 et le massacre de l'Université de Garissa en 2015, des centaines de personnes sont mortes — ont été planifiées à Dadaab.

« Le Kenya a été fidèle à ses obligations d'aide humanitaire mais aucun pays ne peut assumer des responsabilités humanitaires aux dépens de la sécurité de son peuple et des réfugiés eux-mêmes », a affirmé le vice-Président.

En plus de menacer le Kenya au niveau national, William Ruto a assuré à Reuters que cela représente aussi un risque pour l'international.

« Il y a une radicalisation menée par des éléments extrémistes dans le camp, en particulier de jeunes personnes », a-t-il déclaré. « Leur recrutement au sein de réseaux terroristes, dont Al-Shabaab et Al-Qaïda, est une menace pour le monde… Le chemin vers [l'État Islamique] est avéré. »

Les Nations Unies et des États occidentaux ont mis en garde le Kenya contre le fait de rapatrier de force les Somaliens (ils sont environ 350 000 à vivre encore dans le vaste camp de Dadaab, dans le nord-est du Kenya) affirmant que cela violerait des engagements internationaux.

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Le camp de Dadaab est né en 1992 alors que des réfugiés somaliens commençaient à traverser la frontière, fuyant un pays enlisé dans une guerre civile. L'instabilité qui perdure depuis plus de vingt ans n'a pas mis fin à ces déplacements.

Prenant la parole à Istanbul, William Ruto a déclaré que la communauté internationale a échoué en Somalie, pays qui essaie encore de se remettre du chaos des années 1990. Le vice-Président a exprimé sa frustration concernant les autres États qui ont tardé à prendre des engagements pour reconstruire la Somalie. Il a assuré que le Kenya a dépensé 7 milliards de dollars à Dadaab ces dernières années.

« Nous comprenons bien nos engagements internationaux », a-t-il déclaré. « Nous n'avons malheureusement… pas vu de responsabilité partagée en Somalie. Nous ne risquons pas seulement d'abandonner la Somalie, nous risquons d'oublier la Somalie dans son ensemble. »

Le Kenya veut que la communauté internationale construise des écoles et d'autres infrastructures de l'autre côté de la frontière pour faire revenir les réfugiés.

En marge du sommet, William Ruto a aussi rencontré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon. Selon certaines sources, tous deux ont discuté des défis humanitaires et sécuritaires auxquels fait face le Kenya, en particulier avec les crises en Somalie et au Burundi. Selon une déclaration de l'ONU à propos de la rencontre, Ban Ki-Moon a exprimé son inquiétude par rapport au plan qui consisterait à forcer les habitants de Dadaab à quitter le camp.

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Le Secrétaire général « a reconnu le rôle humanitaire extraordinaire que le Kenya a joué au cours des dernières années, en tant que l'un des pays du monde les plus accueillant pour les réfugiés, mais il a souligné les possibles conséquences dévastatrices d'une fin prématurée de l'hébergement de centaines de milliers de personnes », dit la déclaration de l'ONU.

Le gouvernement avait déjà menacé d'expulser les réfugiés, mais cette fois, William Ruto a déclaré qu'il allait respecter une date butoir, dans six mois. Il a assuré que cette date limite était convenue avec la Somalie.

L'agence pour les réfugiés de l'ONU, l'UNHCR, a déclaré en janvier dernier que l'objectif de rapatriement de 50 000 réfugiés en 2016 pourrait ne pas être atteint, parce que le gouvernement somalien se bat contre l'insurrection des Chabab et assure peu de services publics. La Somalie qui se reconstruit lentement doit élire un nouveau Parlement en août.

Une opération militaire, lancée en 2011 par l'armée kényane et l'Union africaine, a délogé les insurgés de plusieurs bastions en Somalie. Le Kenya a récemment amplifié ses actions à la suite des attaques de Westgate et de Garissa. Cette année, les Chabab ont multiplié les attaques contre les civils et les attentats suicides en Somalie, particulièrement dans la capitale Mogadiscio.


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