Drogue

Les bikers australiens s'emparent du marché de la drogue en Asie du Sud-Est

Selon un rapport des Nations unies, les efforts de répression menés par les autorités australiennes obligent les gangs de motards à étendre leurs activités à l'étranger.
Gavin Butler
Melbourne, AU
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IMAGE VIA L’UTILISATEUR FLICKR ROY LISTER, CC LICENCE 2.0 (à gauche) ET WIKIMEDIA (à droite)

Un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a récemment estimé que le marché des méthamphétamines en Asie du Sud-Est, en Asie de l'Est, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Bangladesh atteint désormais une valeur comprise entre 30,3 et 61,4 milliards de dollars par an. L'Australie et la Nouvelle-Zélande représentent à elles seules 11,1 milliards de dollars, en grande partie à cause des prix exorbitants des drogues dans ces pays. Et selon l'étude de l'ONUDC, un nombre croissant de gangs de motards australiens étendent leurs activités dans la région de l'Asie du Sud-Est pour profiter de l'essor du marché, rapporte The Guardian.

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L'étude, publiée la semaine dernière, détaille la « portée mondiale » des exportations de drogues en provenance de pays comme le Myanmar, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Elle rapporte que les groupes spécialisés dans le crime organisé distribuent des « quantités insondables » de méthamphétamine « à profit élevé » en provenance de ces pays. Et que « récemment, des bandes de motards hors-la-loi venus d'Australie et de Nouvelle-Zélande ont ouvert un certain nombre de chapitres en Asie du Sud-Est et sont impliquées dans le trafic de drogue, l'extorsion, le blanchiment d'argent et d'autres crimes ». « Ils étendent leur présence en Asie de l'Est et du Sud-Est afin de transporter des drogues illicites, en particulier de la méthamphétamine et des précurseurs chimiques connexes », affirme le rapport.

Les auteurs signalent un incident survenu en juin 2017, lorsque les autorités australiennes ont saisi plus de 1,4 tonne d'éphédrine dans la province chinoise du Guangdong et arrêté 14 personnes, dont les membres d’un gang de motards. Un autre incident survenu à Melbourne en avril 2017 a vu trois hommes associés à un gang de motards criminalisés être arrêtés avec 119 kilogrammes de crystal meth provenant de Malaisie.

Alors que les principaux groupes criminels venus de Chine, de Hong Kong et de Thaïlande sont les « acteurs dominants » de la production et du trafic de méthamphétamine en Asie du Sud-Est, les bandes de motards d'Australie et de Nouvelle-Zélande tentent « de prendre pied dans la région », selon l’étude. Cette expansion est probablement motivée, en partie, par les perspectives lucratives du marché, en particulier par le « faible prix au kilogramme et les quantités colossales de méthamphétamine produites dans la région » et par les prix de gros et de détail « disproportionnés » de la drogue en Australie et en Nouvelle-Zélande.

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Mais le rapport suggère également que ce changement résulte en partie des efforts de répression menés par les forces de l'ordre à leur encontre au niveau national. Alors que les bandes de motards hors-la-loi australiennes et néo-zélandaises font face à des sanctions de plus en plus sévères de la part des autorités locales, nombre d'entre elles semblent mener leurs opérations à travers la mer du Timor et dans des pays asiatiques où le produit est moins cher et les échappatoires plus nombreuses.

Jeremy Douglas, le représentant régional de l'ONUDC pour l'Asie du Sud-Est et le Pacifique, estime les pays de la région doivent adopter une approche unifiée afin de s'attaquer au problème de la criminalité transnationale et du trafic de drogue en Asie du Sud-Est.

« En ce qui concerne le crystal meth et le marché en pleine expansion en Australie et en Asie du Sud-Est, il est évident qu'il faut mettre davantage l'accent sur la prévention, le traitement et la réduction des méfaits, a-t-il déclaré à Fairfax. Alors que l'Australie a beaucoup investi dans les efforts de réduction de la demande au niveau national, l’Asie du Sud-Est ne l’a pas fait, ce qui fait partie du problème. La réponse est incohérente et déséquilibrée, et ne profite qu'au crime organisé. »

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