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Europe

Sentinel-2A, le nouvel ange gardien de la Terre

Feux de forêt, camps de réfugiés, pollution illégale, sols asséchés : le satellite donnera une image complète de la Terre tous les 10 jours.
Pierre Longeray
Paris, FR
Image via ESA/ATG medialab

Le satellite Sentinel-2A de l'Agence spatiale européenne (ESA) a été mis en orbite, ce lundi, depuis la base de Kourou en Guyane. Ce petit satellite d'une tonne, équipé de caméras couleur et infrarouge, va mener des missions de surveillance de l'environnement dans le cadre d'une mission de l'ESA, baptisée Copernicus — un ambitieux programme d'observation de la Terre.

Décollage de la fusée Vega avec le Sentinel-2A à son bord, ce lundi, depuis la base française de Kourou en Guyane.

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« Le Sentinel-2A va permettre d'observer l'évolution de la végétation, des rivages, des points d'eaux (comme les lacs et rivières), mais aussi des glaciers, et tout ça depuis l'espace, » explique, ce mardi, à VICE News, Josef Aschbacher, le coordinateur en chef des missions d'observations de la Terre de l'ESA, responsable entre autres du bureau de Copernicus.

Lundi soir, à 22 heures 51 et 58 secondes (heure locale), la fusée Vega a été lancée, depuis Kourou, pour mettre en orbite Sentinel-2A, développé par Airbus Defense and Space. Quelque 54 minutes après le décollage, le satellite s'est séparé de son lanceur et a déployé son panneau solaire. L'exploitation de la mission devrait débuter dans trois à quatre mois selon l'ESA.

Après s'être séparé du module Vega AVUM, et une fois stabilisé, Sentinel-2A déploie ses panneaux solaires. (image via ESA)

Grâce à son imageur multispectral à 13 bandes (permettant de voir en 13 couleurs) il va jouer le rôle de surveillant de l'évolution de la planète. Par exemple, ses caméras infrarouges vont permettre de contrôler le taux de chlorophylle et en eau des forêts, comme l'explique Volker Liebig, directeur du programme d'observation terrestre de l'ESA. Ainsi, il sera possible de savoir depuis l'espace si un sol a besoin ou non d'apports en eau comme l'explique à l'AFP François Spoto, chef de projet Sentinel-2 à l'ESA. Des données très précieuses pour l'agriculture.

Vidéo expliquant le travail de l'imageur multispectral de Sentinel-2A (via ESA)

En complément des missions de surveillance sur le long terme de l'évolution de l'environnement — indispensables pour comprendre et mesurer le changement climatique — le Sentinel-2A pourra être utilisé en cas de « catastrophes naturelles ou de crises humanitaires, » explique à VICE News Josef Aschbacher. Le satellite pourra aider à repérer les camps de réfugiés, ou encore surveiller l'évolution desdites catastrophes comme les feux de forêts, inondations ou glissements de terrain. « Il sera très utile pour évaluer très précisément les dégâts suite à une catastrophe naturelle, » précise Aschbacher.

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Troisième utilisation potentielle du satellite, il pourra servir à mener des opérations de sécurité et permettre de repérer diverses activités néfastes pour l'environnement comme la pollution illégale.

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Selon le communiqué d'Airbus, le satellite tourne en orbite à 786 kilomètres de la Terre et couvre une bande de 290 kilomètres de large, permettant ainsi d'obtenir des images d'une résolution allant jusqu'à 10 mètres. Il peut faire le tour de la Terre en 100 minutes.

« Le Sentinel-2A donnera une image complète de la Terre tous les 10 jours, » précise Josef Aschbacher. La répétition de collecte de données est primordiale pour le spécialiste de l'ESA. En multipliant les passages au-dessus de la Terre, le nouveau satellite va permettre de suivre quasiment en temps réel l'évolution de la planète. Il explique que les satellites américains et français déjà en service — respectivement baptisés Landsat et Spot — sont aussi capables de mener de telles missions mais ils sont moins efficaces et moins précis.

« Il faut par exemple 16 jours au satellite Landsat pour délivrer une image complète de la Terre [contre 10 pour Sentinel] et il a une définition de 30 mètres contre 10 mètres pour le satellite européen, » compare Aschbacher. « Le satellite français Spot, est lui équipé de 4 bandes spectrales. Avec ses 13 bandes, le Sentinel-2A permet de capter beaucoup plus de nuances de couleurs, si bien qu'il sera possible de distinguer un nuage de la glace ou de la neige. »

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Le Sentinel-2A fait partie du programme européen de surveillance de la Terre, Copernicus développé par l'ESA. Copernicus comptera à terme toute une série de satellites — tous baptisés Sentinel. Le petit frère de Sentinel-2A — Sentinel-1A — a déjà été lancé en avril 2014, et collecte des informations sur la surface de la Terre grâce à un instrument radar. La génération des Sentinel-3 devrait permettre de mener une mission de surveillance des mers et océans, les Sentinel-4 et 5 sont eux dédiés à l'atmosphère. Enfin, le Sentinel-6 devrait être capable de mesurer l'évolution du niveau des océans.

Chaque satellite Sentinel fonctionne par deux, une version A et une version B, qui permettent de diviser par deux le temps nécessaire pour fournir leurs cartographies. Sentinel-1B et Sentinel-2B devraient être lancés en 2016. Ainsi, mi-2016, une nouvelle cartographie de la Terre (de ses forêts, glaciers…) sera disponible tous les 5 jours.

Le programme Copernicus bénéficie d'un budget de 4,3 milliards d'euros — financés par la Commission européenne — pour la période 2014-2020. L'ESA va mettre en libre-service les données recueillies par sa troupe de Sentinel sur une plateforme dédiée. Ainsi, entreprises et chercheurs bénéficieront gratuitement de la politique d'open-data prônée par l'ESA.

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Suivez Pierre Longeray sur Twitter @PLongeray

Image d'illustration de Sentinel-2A au-dessus de la Terre. Image via ESA.