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FRANCE

Voilà ce que le grand public peut voir à la COP21

Un espace ouvert au grand public et dédié aux acteurs de la société civile a été inauguré sur le site de la COP 21 ce mardi. Les moyens de pression des visiteurs sur les négociations sont limités.
Lucie Aubourg / VICE News

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Ce mardi était inauguré un lieu dédié à la société civile et ouvert au grand public, sur le site de la Conférence pour le climat, baptisé l'« espace générations climat ». Trois jours plus tôt, la plus grande marche pour le climat jamais organisée aurait dû se tenir dans la capitale française, afin de symboliser la pression citoyenne sur les gouvernements venus négocier un accord à Paris. Après son annulation suite aux attentats qui ont frappé la ville et la mise en place de l'état d'urgence, c'est donc dans un contexte tendu que cet espace, censé porter la voix de la société civile, a ouvert ses portes au Bourget.

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Ce même mardi on a ainsi appris que de nouveaux lieux à Paris (quartier des Champs-Élysées) et au Bourget seront interdits (autour du sommet) aux manifestations, jusqu'au 13 décembre, c'est-à-dire jusqu'à deux jours après la fin du sommet. Côté officiel, les pourparlers et négociations de la COP21 se sont poursuivis sans déclaration majeure en fin d'après midi. Ce mardi matin la foule était beaucoup plus importante dans les transports menant au site ultra-sécurisé.

Olivia Teter et sa fille, Jacqueline Puliati, 20 ans, étaient venues exprès de San Francisco pour participer à la grande marche pour le climat et « s'ajouter aux voix qui font pression sur les dirigeants ». Dimanche, elles n'ont pas réussi à rejoindre la place de la République, bloquées par les forces de police. « J'étais très déçue, ce n'était pas la bonne réponse », juge Olivia Teter, qui est elle-même engagée pour la cause du climat dans la Silicon Valley.

Aujourd'hui, en guise de consolation, elle et sa fille sont donc venues visiter le seul endroit ouvert au public de la grande conférence sur le climat, baptisée COP21, au lendemain de la venue des leaders du monde entier pour une journée protocolaire.

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« Cet espace est à vous », a déclaré la ministre de l'Écologie Ségolène Royale, lors de l'inauguration du lieu, qui s'est tenue devant un public constitué à la fois de membres des associations présentes, de responsables politiques et de simples visiteurs.

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« Nous avons voulu que ces espaces soient situés à proximité du centre de négociation, afin de favoriser les échanges » a poursuivi la ministre. « J'espère qu'ils pourront contribuer à peser sur les négociations. »

Nicolas Hulot, un ancien reporter connu en France pour son engagement dans la lutte contre le changement climatique, était également présent sur scène. « C'est la société civile qui force le regard dans la bonne direction », a-t-il lui aussi souligné.

L'arbre à souhait installé afin que les visiteurs puissent écrire ce qu'ils souhaitent « ne pas voir disparaître avec le changement climatique ». (VICE News / Lucie Aubourg)

Une centaine de stands

Trois grands halls accueillent une centaine de stands, dans lesquels des associations, mais aussi des institutions publiques, des représentants d'entreprises ou de collectivités territoriales, présentent leurs solutions pour le climat.

Une salle de projection d'une capacité de 200 places diffusera durant les deux semaines 70 films engagés pour le climat, dans le cadre du Festival international du film de l'environnement.

Des expositions photos sont présentées sur les murs des différents halls, comme celle de l'association « An eye for an eye », qui met en relation des petits Français avec des enfants d'Inde, du Cambodge, du Groenland et bientôt de Chine. En 2015, ils se sont échangés des photos prises eux-mêmes sur le thème du climat. Aujourd'hui, leurs clichés sont exposés aux yeux de tous : rivières polluées, déchets en train d'être brûlés… « Nous n'avons pas voulu travailler sur le concept abstrait du changement climatique, mais sur leur vie quotidienne », nous a expliqué Claire Mazard, coordinatrice pédagogique de l'association.

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Un public déjà engagé

En ce premier jour, rares sont les familles ou les visiteurs simplement venus se renseigner sur le sujet. La plupart des personnes présentes dans les allées de ce grand hangar aménagé sont des membres des délégations des pays négociateurs – qui ont quitté pour un instant leur centre de conférence voisin – ou des citoyens convaincus et déjà engagés dans la cause environnementale.

« La plupart des gens étaient déjà sensibilisés et au fait des enjeux du climat », nous a expliqué Isabelle Jean, responsable de la mobilisation et bénévolat pour le fonds mondial pour le climat (WWF), en début d'après-midi. « Seul un tiers des personnes que nous avons vues sur notre stand sont extérieures au sommet ».

Isabelle Jean a par exemple vu passer des membres d'un stand voisin, tenu par l'Île-de-France, ou encore de la délégation du Pérou, intéressés par une l'initiative de l'association appelée "réinventer les villes", qui s'adresse aussi aux collectivités. Ainsi, l'association y trouve son compte, même si Isabelle Jean souligne le fait que le stand est d'abord « à destination du grand public », attendu plus nombreux ce week-end.

Visibilité et synergies

Vers midi, le président de la République François Hollande est venu visiter l'espace Générations climat, ouvert depuis deux petites heures seulement, en compagnie d'une horde de journalistes.

(VICE News / Lucie Aubourg)

Le président a pu s'arrêter à quelques stands, comme celui de l'Atelier 21, qui regroupe diverses initiatives, dont le Solar sound system, un système de sonorisation relié à des vélos, qui fonctionne grâce à l'énergie dégagée par les personnes qui pédalent. « Notre stand est entièrement autonome, » nous a expliqué Camille Boble, qui s'est réjouie de voir que l'interactivité des vélos attirait de nombreux curieux vers leur installation. « L'intérêt d'être ici, c'est vraiment d'avoir une grande visibilité. »

Visibilité pour les lanceurs de projets, synergies et prises de contacts utiles pour les associations : voilà finalement ce que permet en premier lieu cet espace dédié à la société civile. Car si ce grand hangar aménagé se trouve en effet à quelques mètres du centre de conférence où se tiennent les négociations, les deux lieux restent hermétiquement séparés.

Symboliquement, Olivia Teter et sa fille accrochent chacune un ruban à l'arbre à souhait installé afin que les visiteurs puissent écrire ce qu'ils souhaitent « ne pas voir disparaître avec le changement climatique ». Finalement loin du lieu des négociations qui ont pour objectif de maintenir le réchauffement des températures à deux degrés, ce ruban sera leur seul moyen effectif de pression.

Suivez Lucie Aubourg sur Twitter : @LucieAbrg