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Crime

Le parti grec Syriza soutient les manifestations massives contre son propre gouvernement

Les syndicats majoritaires ont appelé à une grève générale de 24 heures et à des manifestations pour protester contre les mesures d’austérité accordées en échange d’un plan de sauvetage.
Photo par Yannis Kolesidis/EPA

Pour beaucoup, c'est un sentiment de déjà « déjà-vu ». Des milliers de Grecs défilent sur Syntagma Square, devant le Parlement grec à Athènes, afin de protester contre les mesures d'austérité.

Mais cette fois, c'est le parti de gauche radicale Syriza qui gouverne, et c'est donc un peu plus déroutant. Dans un drôle de revirement, le parti a encouragé les manifestants à protester contre le gouvernement qu'il a porté au pouvoir, dans le cadre d'une grève générale de 24 heures, organisée par les principaux syndicats publics et privés du pays.

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Des actions massives devaient être prises « contre les politiques néo-libérales et le chantage des organisations financières et politiques à l'intérieur et à l'extérieur du pays, » a dit la division en charge de la politique sociale du parti.

Près de 25 000 personnes ont pris part à trois manifestations distinctes dans la capitale, alors que des centaines de milliers de gens sont par ailleurs en grève. Quelques affrontements entre policiers et manifestants ont eu lieu : des jeunes lançant des cocktails Molotov ont été visés par des gaz lacrymogènes et des grenades neutralisantes, selon Associated Press.

Les vols intérieurs vont être suspendus, les bateaux vont rester au port et des bureaux de l'administration publique sont fermés pour ce qui est le premier grand appel national des syndicats cette année.

Les hôpitaux fonctionneront avec leurs seules équipes d'urgence, certaines écoles publiques seront fermées alors que les professeurs, les étudiants, les médecins, les journalistes et les personnes travaillant dans les transports ont rejoint la manifestation, pour protester contre les mesures d'austérité demandées par les créanciers internationaux, en échange de nouveaux fonds d'aide.

Petrol bombs +stones hurled to riot cops in Syntagma. Cops throw stun grenades+ chemicals — Joanna P. (@JoannaP___)November 12, 2015

Protesters march past parliament during first general — Elena Becatoros (@ElenaBec)November 12, 2015

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Ce sera le premier test du genre pour le Premier ministre Alexis Tsipras, qui est arrivé au pouvoir en promettant de faire cesser l'austérité en janvier, mais qui a par la suite accepté les termes d'un troisième plan de sauvetage, en concédant certaines coupes afin de débloquer 86 milliards d'euros de la part de l'Europe — sous la menace d'une sortie de la zone euro.

Alexis Tsipras et son parti ont été réélus en septembre après des élections anticipées qui ont fait suite à un référendum en juillet. Il a fait campagne afin de pouvoir mettre en oeuvre l'accord, promettant de travailler dur pour en atténuer l'impact.

La porte-parole du gouvernement Olga Gerovasili a nié le fait que le parti, qui s'était battu contre l'austérité lorsqu'il était dans l'opposition, tente de jouer sur les deux tableaux en soutenant la grève.

« Nous mettons en oeuvre un accord qui inclut des mesures qui ne sont pas justes », a dit Gerovasili.

— Savvas Karmaniolas (@SavvasKarma)November 12, 2015

(Limited) violence at strike demo. Paving stones smashed, tear gas — Derek Gatopoulos (@dgatopoulos)November 12, 2015

Condamné par beaucoup de citoyens et de politiques pour avoir sacrifié le discours anti-austérité sur lequel il avait fait campagne avant de gagner les élections en janvier dernier, Syriza continue à affirmer qu'il reste fidèle à son but d'origine. Le député Christos Simorelis a expliqué ce décalage à une télévision locale : « Nous avons accepté de prendre ces mesures sous la pression », a-t-il dit. « Chez Syriza, nous continuons à voir le parti comme une chose, et le gouvernement comme une autre. »

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Malgré tout, les divisions du parti en ont conduit d'autres à le quitter. « L'hiver va être explosif et cela va marquer un début », a dit au Guardian Grigoris Kalomoiris, un membre du syndicat de fonctionnaires Adedy et un ancien membre de Syriza.

« Syriza va peut-être tenter de sauver son âme mais le parti est revenu sur toutes ses promesses », a-t-il continué.

La Grèce et ses créanciers internationaux espèrent aboutir à un nouvel accord avant lundi prochain. En jeu : le déblocage d'une tranche de deux milliards d'euros pour rembourser des arriérés de l'État et une autre de 10 milliards pour quatre grandes banques du pays.

?????? ??? — Evgenia Choros (@EugeniaChr)November 12, 2015

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