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FRANCE

Dans la journée de manifestations contre la Loi travail

Ce mercredi, la France a été le théâtre d'une première journée de mobilisation nationale contre le projet de la loi travail porté par la ministre du Travail, Myriam El Khomri.
VICE News / Etienne Rouillon

Ce mercredi, la France est marquée par une première journée de mobilisation nationale contre le projet de la loi travail porté par la ministre du Travail, Myriam El Khomri.

Depuis la diffusion de l'avant-projet de la « Loi travail » à la mi-février, le débat sur cette réforme du droit du travail se fait de plus en plus bouillonnant. Alors qu'une pétition en ligne baptisée « Loi travail : non, merci » compte plus d'1,1 million de signataires ce mardi, plusieurs organisations de jeunesse et des syndicats ont appelé à manifester contre ce projet de loi.

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Vous pouvez lire notre récapitulatif sur la loi El Khomri : À lire : Pour ? Contre ? Notre résumé pour se faire un avis sur la « loi travail »


Mouvements dans les lycées et les facultés parisiennes

La mobilisation a débuté ce mercredi matin avec le blocage de plusieurs lycées à travers la France. Dans un communiqué publié en fin de matinée, le syndicat lycéen FIDL a évoqué « des chiffres très satisfaisants », en précisant que 80 lycées de Paris et sa banlieue avaient été bloqués. On observait un retour à la normale dans certains établissements en fin de matinée.

En fin de journée, FO annonçait entre 400 000 et 500 000 manifestants en France, 224 000 pour le ministère de l'Intérieur. Pour Paris, la Préfecture de police de Paris a déclaré avoir compté entre 27 000 et 29 000 manifestants dans les rues de la capitale.

Peu après 11h30, de nombreux lycéens ont quitté la place de la Nation (est de Paris), où ils s'étaient donnés rendez-vous, pour rejoindre la place de la République. Les premiers lycéens et étudiants sont arrivés sur cette place aux alentours de 13h00. Quelques actes de dégradation — dont des graffitis sur des façades de banque — ont été observés en marge du cortège.

Depart des manifestants étudiants et lyceens a vive allure de Nation vers République. — alice Serrano (@alicserrano)9 Mars 2016

Dans l'un des amphithéâtres de l'université Paris I - Panthéon-Sorbonne, des responsables de syndicats étudiants ont tenu une assemblée générale dans la matinée et voté à plusieurs reprises, afin d'établir les consignes à donner aux membres de leurs mouvements.

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Ailleurs en France, les appels à la manifestation ont été suivis dans de nombreuses grandes villes comme Rennes, Limoges, Marseille et Toulouse, où près de 20 000 personnes se seraient rassemblées. Partout, les slogans témoignaient d'une vive opposition au projet de réforme de la Loi travail.

Étudiants, lycéens : ils sont dans la rue à — David Saint-Sernin (@dstsernin)March 9, 2016

Manifestation à proximité du MEDEF

Emmené par des syndicats comme la Confédération générale du travail (CGT), un cortège a par ailleurs manifesté à proximité des locaux du principal syndicat du patronat français, le Mouvement des entreprises de France (MEDEF), derrière la bannière : « Retrait du projet de loi El Khomri, ni amendable, ni négociable ». Réuni à 12h30, ce large défilé s'est ensuite dirigé vers le ministère du Travail, situé à quelques centaines de mètres de là.

Des manifestants dans le cortège devant les Invalides, ce mercredi matin. (VICE News / Etienne Rouillon)

« C'est important pour moi d'être là, même si je suis à la retraite, car le Code du travail, ça s'applique à tout le monde et ça représente de nombreux acquis sociaux », nous a expliqué Noël, un retraité de la SNCF âgé de 69 ans, qui manifestait ce mercredi — dans ce cortège passant devant les Invalides — pour un retrait pur et simple du projet de réforme.

Au milieu du cortège, qui occupait toute la rue, des petits camions équipés de haut-parleurs diffusaient des slogans et de la musique. Sous la multitude de drapeaux, les manifestants ont fait des pauses régulières. Les fumigènes et les pétards étaient de sortie.

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Un manifestant allume un fumigène dans la manifestation au niveau des Invalides, à Paris. (Etienne Rouillon / VICE News)

« Cette loi, c'est une rétrogradation des acquis sociaux », poursuit Noël, des stickers de la CGT sur son blouson en cuir, « c'est un retour en arrière de 100 ans». D'après lui, cette mobilisation « satisfaisante » pourrait se renforcer d'ici le 31 mars prochain, la dernière des trois journées d'action annoncées par les principaux syndicats français le jeudi 3 mars.

Autour du cortège, un important dispositif policier surveillait les manifestants. Les CRS étaient surtout postés dans les rues adjacentes au tracé officiel, afin d'éviter tout mouvement vers le ministère du Travail.

Anouk, une lycéenne de 15 ans, faisait également partie du défilé. « Dans 5 ans, je serai sur le marché du travail », nous a-t-elle expliqué, « donc je me sens très concernée par ce qui se passe aujourd'hui ». Accompagnée de trois amies, Anouk défilait pour demander un retrait complet de la Loi travail.

« Faire baisser le chômage d'accord, mais pas à n'importe quel prix », a-t-elle lancé, dénonçant notamment « les heures supplémentaires et les licenciements abusifs ».

Un manifestant assis dans le cortège des Invalides (Etienne Rouillon / VICE News)

Assis sur un banc, Nordine, 50 ans, faisait une pause et observait ce flot de manifestants à travers ses lunettes sombres. « Je n'avais pas manifesté depuis 30 ans », nous a-t-il expliqué, « la dernière fois, c'était quand j'étais encore étudiant ». Lui qui est cadre « dans une grande banque française » a pris un jour de congés pour venir défiler.

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« La société avance, et je suis pour une réforme du Code du travail, mais il faut créer un dialogue, il faut discuter », nous a-t-il dit, en précisant qu'il s'opposait notamment au plafonnement des indemnités de licenciement — une mesure « scandaleuse » d'après lui.

« J'ai voté Hollande en 2012 », nous a-t-il raconté, « mais là j'ai l'impression d'être cocu ».

La place de la République noire de monde

Aux alentours de 14h30, la place de la République était bondée. Entre les stands de syndicats ou de vendeurs de merguez et les arrêts de bus sur lesquels quelques jeunes s'étaient hissés, les manifestants de tous âges étaient relativement statiques, discutant dans le calme. Sur certains stickers portés par ces protestataires, on pouvait lire des slogans comme « Le Code du travail, on y tient, on le défend ».

La place de la République noire de monde sur les coups de 14h30 (Etienne Rouillon / VICE News)

Peu après 15h00, de larges groupes de manifestants quittaient progressivement la place de la République, certains se dirigeant vers celle de la Nation. Les premiers sont arrivés vers 16h30.

De jeunes manifestants sur un camion près de la place de la République mercredi après-midi. (Etienne Rouillon VICE News)

Un tour de chauffe

D'après les termes employés par William Martinet, le président du principal syndicat étudiant de France (l'UNEF), la mobilisation de ce mercredi devait être un « test », voire même « un tour de chauffe » pour son mouvement, afin de savoir si les étudiants descendraient ou non dans la rue pour protester contre la Loi travail. Le nombre officiel des manifestants ayant défilé en France n'est pas encore connu au moment où nous publions cet article.

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Face aux protestations, les partisans de la Loi travail ont eux aussi mené des actions ce mercredi, à l'image du Medef qui a multiplié les appels au calme, tout en invitant les chefs d'entreprises français à rejoindre les quelque 2 239 signataires de son « appel à la création d'emplois » — qui défend largement le projet de réforme du Code du travail.

Les employés de la SNCF et de la RATP menaient également ce mercredi une journée de grève, pour défendre leurs conditions de travail. La direction de la SNCF a annoncé en début d'après-midi que 35,5 pour cent de ses employés avaient suivi le mouvement de grève nationale. Cela faisait trois ans qu'une telle grève unitaire n'avait pas eu lieu.

Des perturbations — circulation d'un train sur trois en moyenne — avaient été annoncées par les syndicats, et pourraient continuer à gêner le trafic ferroviaire jusqu'à ce jeudi matin 8h00.

Pour ce qui est des transports parisiens, d'importants débrayages ont été constatés ce mercredi matin, provoquant des retards sur les lignes RER. Le métro parisien ne figurait pas dans l'appel à la grève lancé par les syndicats.

D'après une carte interactive montrant les endroits où des manifestations étaient prévues ce mercredi, d'autres rassemblements contre la Loi travail devaient encore avoir lieu en fin de journée, comme devant l'Université de Dijon (Est de la France) ou encore devant le Consulat français de Madrid à 18h00.

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Suite à la manifestation, l'UNEF a appelé ce mercredi après-midi à une « nouvelle journée d'action dans les universités » qui est prévue pour le 17 mars.

À lire : Pour ? Contre ? Notre résumé pour se faire un avis sur la « loi travail »


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