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FRANCE

FranceLeaks : D’autres révélations à venir

François Hollande doit s’entretenir avec Barack Obama ce mercredi après-midi. La journée a été marquée par de vives réactions diplomatiques, suite aux révélations de la mise sur écoute de la présidence française.
Image via Wikimedia Commons / Cyclotron

Les révélations sur les écoutes des trois derniers présidents français par la NSA (l'agence de renseignement américaine), publiées ce mardi soir par Libération et Mediapart avec Wikileaks, ont motivé de vives réactions de la part des autorités françaises dès ce mercredi matin.

VICE News a contacté Fabrice Arfi, l'un des journalistes de Mediapart à l'origine de ces révélations. Il nous a annoncé « d'autres révélations, d'autres documents qui seront publiés », sans en préciser le contenu.

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Un conseil de défense exceptionnel a été réuni à 9 heures du matin, heure de Paris, dans l'enceinte même du Palais présidentiel français, l'Élysée, qui a donné son nom au dossier de WikiLeaks.

À la fin de cette réunion, un communiqué de la présidence a parlé de « faits inacceptables », annonçant que la France « ne tolérera aucun agissement mettant en cause sa sécurité ».

Un conseil de défense se tient ce matin à l'Elysée autour du président — Élysée (@Elysee)June 24, 2015

La Maison Blanche a réagi dans la nuit de mardi à mercredi, en déclarant « Nous ne visons pas et ne viserons pas les communications du président Hollande, » par la voix de Ned Parker, le porte-parole du Conseil de la sécurité nationale. En revanche, aucune mention n'est faite des présidents Chirac et Sarkozy. François Hollande doit s'entretenir avec le président américain Barack Obama dans l'après-midi, a annoncé Claude Bartolone, le président PS de l'Assemblée Nationale.

À lire : Les trois derniers présidents français auraient été espionnés par les États-Unis

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a lui convoqué l'ambassadrice américaine en France, Jane Hartley, ce mercredi après-midi à 18 heures. Une délégation de parlementaires était reçue à l'Élysée en fin de matinée par le Président et le gouvernement. Elle comptait les présidents des deux chambres, ceux des groupes parlementaires et des commissions des affaires étrangères pour« faire le point » sur les récentes révélations.

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À la suite du Conseil de Défense, le président — Élysée (@Elysee)June 24, 2015

Le coordinateur du renseignement français « se rendra aux États-Unis pour faire le point sur l'ensemble des dispositions qui avaient été actées entre la France et les États-Unis, » à la suite de précédentes révélations en 2013, a annoncé à la mi-journée le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

Le prédécesseur de l'ambassadrice américaine en France, Charles Rivkin, avait déjà été convoqué par Laurent Fabius à la suite des informations publiées à propos de l'espionnage massif de la NSA en France, par l'ancien employé de l'agence de renseignement américaine Edward Snowden.

Au cours d'une journée marquée par les nombreux commentaires des politiques de tous bords, le Premier ministre Manuel Valls a réservé sa réaction à l'Assemblée nationale. Il a notamment appelé les États-Unis à « réparer » les dégâts liés aux écoutes de la NSA et souhaité la mise en place d'un « code de bonne conduite » dans les pratiques de renseignement entre pays alliés.

Fabrice Arfi, journaliste pour le site d'information Mediapart, a publié ces révélations sur les écoutes de la NSA. Contacté par VICE News ce mercredi midi, il nous a annoncé que « D'autres vagues de révélations, d'autres documents vont être publiés. Sur… Plein de choses. À l'heure où l'on se parle, l'intérêt des documents, c'est d'être la preuve définitive et absolue que les présidents français, pendant une très longue période, ainsi qu'une grande partie de l'appareil d'État français, ont été écoutés, » estime-t-il. « C'est déjà en soi une énorme information. »

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Au sujet de certains commentaires estimant que les éléments révélés sont minimes, Fabrice Arfi répond que « Si les Américains s'intéressent à des choses aussi anodines que ce qui se trouve dans certaines notes, c'est qu'ils s'intéressent [aussi] à des choses qui le sont beaucoup moins, » en précisant que ces choses peuvent être « la position de la France sur la guerre en Irak, sur le nucléaire iranien, ou sa politique africaine ».

Fabrice Arfi nous a expliqué que, selon lui, une « dimension encore insoupçonnée des révélations, c'est le double jeu de l'Allemagne, qui s'indigne — à raison — pour la surveillance de sa chancelière, et qui en même temps sous-traite la NSA pour éventuellement écouter ses alliés européens ». Le journaliste évoque à ce titre la mention « foreign satellite », sur une écoute de la NSA de mai 2012, concernant François Hollande et son Premier ministre d'alors Jean-Marc Ayrault. « Cela veut dire que l'écoute a été effectuée par une antenne non-américaine. Donc tous les yeux sont tournés vers l'Allemagne, car il est avéré que le BNB [NDLR, les services de renseignement allemands] est un sous-traitant direct de la NSA.

À lire : À la demande de la NSA, l'Allemagne aurait espionné Paris et Bruxelles

Parallèlement aux informations sur les écoutes de la NSA, Libération et d'autres médias ont rappelé des interrogations précédentes concernant une hypothétique « station d'écoute » située sur le toit de l'ambassade américaine à Paris, à proximité de nombreux bâtiments officiels, dont l'Élysée. C'est le blog Zone d'Intérêt qui, en 2013, avait pour la première fois mentionné l'idée de cette station, qui serait camouflée derrière un trompe l'oeil donnant l'illusion d'un dernier étage.

Le dernier étage de l'ambassade américaine est en fait une station d'écoute recouverte d'une bâche en trompe l'oeil — Libération (@libe)June 23, 2015

L'ambassade américaine à Paris, contactée ce mercredi par VICE News, n'a pas pu répondre à nos questions avant la parution de cet article, ni sur les documents publiés, ni sur cette hypothèse d'une station d'écoute sur son toit.

Suivez Matthieu Jublin sur Twitter : @MatthieuJublin

Nicolas Sarkozy et François Hollande sur le perron de l'Élysée. Image via Wikimedia Commons / Cyclotron