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Elections 2018

Voici le débrief des élections, de l’important au plus futile

Le Vlaams Belang, le PTB et les Verts se portent bien, papa Kompany devient le premier bourgmestre noir et le parti Pokémon n'a malheureusement pas été élu.
Pierre Kompany, Catherine Moureaux, Mohamed Ridouani, Bart De Wever

Les résultats des élections municipales sont enfin connus. Ce dimanche quatorze octobre, les Belges se sont à nouveau demandé pendant une journée entière s'ils avaient donné leur voix « à la bonne cause ». Tout ça dépend, bien sûr, de vos opinions. Ci-dessous, on vous offre un petit aperçu des résultats dans les plus grandes villes de Belgique.

Bruxelles

À Bruxelles, il semblerait que le PS n'a pas été sanctionné pour le remplissage de poche dégoutant de l'ancien bourgmestre Yvan Mayeur via l'organisation pour sans-abri qu'il a fondé, le Samusocial. Les socialistes bruxellois ont presque autant scoré que lors des élections précédentes. À Molenbeek, historiquement rouge, le PS est revenu à la mairie en faisant clairement mieux que le MR de l'ancienne bourgmestre Françoise Schepmans. Catherine Moureaux suit donc les traces de papa Philippe, maire de Molenbeek-Saint-Jean pendant dix-neuf ans. Le PTB d'extrême gauche pourrait peut-être aussi régner.

En outre, les partis verts Ecolo et Groen ont considérablement progressé dans les communes bruxelloises. À Ixelles, ils obtiennent 33%, à Watermael-Boitsfort plus de 34% et ils ont également récolté de nombreuses voix à Auderghem, Uccle, Jette, Etterbeek, Ganshoren, Forest, Saint-Josse-ten-Node et Schaerbeek.

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À Ganshoren, Pierre Kompany, le père du Diable Vincent Kompany, a gagné avec sa liste ProGanshoren. Il devient ainsi le premier bourgmestre noir de Belgique. Et là, Vince était (et à juste titre) très fier :

Anvers

Dans la bataille la plus sanglante qui déchire la Flandre, à savoir la tête d’Anvers, le score le plus frappant a été celui de Groen, qui est passé de 10% à 18%. Cependant, la N-VA a gagné autant de sièges qu’il y a six ans et continuera probablement la coalition avec le CD & V et l’Open VLD sous la direction du bourgmestre Bart De Wever. Même si le chef des libéraux, Philippe De Backer, a dit cet été que De Wever était inadapté émotionnellement pour diriger la ville, une fois les résultats connus, il ne semblait plus avoir d'objection.

Bart De Wever s’est présenté après son discours de victoire comme un formateur qui garde toutes les options ouvertes et ne se réduit pas à des déclarations polarisantes. Lors de son discours, il a qualifié en plaisantant son équipe anversoise comme « son bouclier et ses amis », une référence au mouvement radical et raciste de droite Schild & Vrienden.

Gand

À Gand, le cartel de gauche de SP.A et Groen a visiblement été sanctionné pour son plan de circulation impopulaire, ses logements sociaux moisis et le climat de scandale entourant Optima et PubliPart. La gauche reste le principal acteur avec 33%, mais comme le libéral Mathias De Clerq a remporté près de 8% des voix, il réclame l’écharpe de bourgmestre. Il veut ainsi effacer le traumatisme de son grand-père Willy DeClerq, qui n'est jamais devenu bourgmestre de Gand à cause de petites entourloupes politiques.

La coalition de droite avec l'Open VLD, la N-VA et le CD & V a obtenu 25 sièges sur 53 et n’est donc pas une option.

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Charleroi

Le Wonderboy Paul Magnette (Parti socialiste) a abandonné sa carrière en politique nationale pour remettre Charleroi sur la carte. Les Carolos ne l’ont pas vraiment récompensé avec une perte de 6%, mais le PS conserve la majorité absolue du nombre de sièges. Magnette reste donc bourgmestre.

La plus grosse progression a été pour le PTB, qui représente plus de 15% et devient ainsi le deuxième parti de Charleroi. Il y a de fortes chances, cependant, qu'il ne soit pas en tête de la liste de la coalition de Magnette.

Liège

De même, dans le Cité Ardente, le PTB de Raoul Hedebouw pète le feu et a augmenté de près de 10%. Le comptage aurait un peu foiré à Liège et les résultats n'ont été connus que ce lundi matin. Les plus grands partis PS et MR seraient tous les deux perdants, mais le socialiste Willy Demeyer (au pouvoir depuis 1999) pourrait probablement continuer à exercer son mandat. La seule question est avec qui il va former une coalition.

Bruges

La Venise du Nord (oui, on vous vole le titre, Copenhague, Stockholm et Amsterdam) a été la plus rapide des grandes villes à voir sa coalition se former. Dirk De Fauw du CD & V a clairement remporté la victoire, remplaçant Renaat Landuyt du SP.A en tant que bon père citoyen. Pour pouvoir affirmer que Bruges est la première des nombreuses villes où les socialistes vont perdre, ça dépendra des négociations à Ostende et à Gand.

Le plus grand perdant à Bruges était l’homme tombé sous la coupe du #metoo, Pol Van den Driessche de la N-VA, qui a d’ailleurs admis lui-même à la VRT avoir été trop amical durant la campagne, car, comme il dit, c’est sa personnalité. D'acc.

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Namur

Au carrefour de la Sambre et de la Meuse, le CDH s’est sauvé la face en ne perdant que 2,5% des voix. Le PS a perdu beaucoup plus et les démocrates chrétiens ont donc conservé leur seule grande ville en Wallonie. Maxime Prévor a également obtenu deux fois plus de votes préférentiels que son adversaire socialiste et peut donc rester aux commandes. Avec Bastogne, Namur se devra donc être une vitrine de la politique urbaine du CDH.

Louvain

À Louvain, on cherchait à savoir qui allait remplacer le tout jeune bourgmestre socialiste Louis Tobback, âgé de 23 ans à peine. Les socialistes ont perdu par rapport aux élections précédentes, mais comme Ecolo a fortement augmenté, la coalition avec le CD & V peut continuer. Mohamed Ridouani suit le parcours de son mentor, après douze années passées à l’ombre de Tobback. Il devient ainsi le premier bourgmestre d'origine étrangère dans une ville flamande importante.

Egalement chouette à entendre : il y a plus de femmes que d’hommes dans le conseil municipal de Louvain. C'est du moins ce que les trois hommes qui se tiennent devant la caméra annoncent.

Mons

Dans la ville du président du PS, Elio Di Rupo, les socialistes perdent 10%, ce qui fait qu'ils n'obtiennent plus que la moitié des voix. En ce qui concerne les sièges, la majorité absolue sera maintenue, même si Ecolo serait toujours appelé à former une coalition. L'ancien Premier ministre Di Rupo n’est cela dit plus le favori, mais bien son jeune collègue du parti, Nicolas Martin. Martin deviendra donc bourgmestre et Di Rupo pourra se concentrer pleinement sur les élections régionales, fédérales et européennes de mai 2019.

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Malines

Bart Somers, qui n’est pas appelé le meilleur bourgmestre du monde pour rien, pourra gouverner à Malines au cours des six prochaines années avec son cartel VLD-Groen-M +. Il a obtenu la majorité absolue des sièges et a évincé la N-VA au sein de la coalition. Le message inclusif et positif de Somers semble donc avoir convaincu. Ça a poussé Kristof Calvo (poids lourd de Groen) à nommer Malines « Capitale de l’espoir ». Franchement, la façon dont le vert Calvo a accueilli le bleu Somers était assez attachante.

En dehors des grandes villes

Dans tout le pays, le CD & V et le PS ont tendance à rester en tête et les partis verts on fait un grand bond en avant. En Flandre, le retour de l'extrême droite du Vlaams Belang est particulièrement frappant. Probablement une conséquence de la politique nationale qui traite souvent d’asile et de migration. Grâce au score monstrueux de Guy D'Haeseleer à Ninove (Flandre Orientale), il y a même de grandes chances qu'un bourgmestre estampillé Vlaams Belang prenne le pouvoir pour la première fois. Dans les communes autour d'Anvers, la dominance de la N-VA est notable, le taux le plus frappant étant celui de 51,4% à Edegem. Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, a déclaré que son parti, avec la N-VA, obtient la majorité dans près de vingt municipalités et peut théoriquement former une coalition. La question est de savoir si la N-VA est prête à lever le cordon sanitaire. En Wallonie, les trois grands partis traditionnels ont tous perdu quelques pour cent. Cependant, le PS n'a pas été vraiment pris cher dans les urnes suite au scandale. Le PTB d’extrême gauche a été le grimpeur le plus aguerri, avec les verts d’Ecolo. En conséquence, l'écart gauche-droite entre la Flandre et la Belgique francophone s'est encore légèrement creusé. Ça promet d’être folklo pour la formation du gouvernement en mai prochain.

Quelques faits supplémentaires pour finir en beauté

Les présentatrices de la VRT et de VTM avaient un matchy outfit. Awkwaaard.

Le parti Pokémon de Gand aurait obtenu plus de 600 cent voix.

Bart De Wevers est entré dans la salle des fêtes de la N-VA sur le beat des "Levels" d'Avicii

Bemoit Lutgen a gagné dans le Bastogne de son frère.

Il y avait aussi des élections provinciales, mais visiblement personne n'en a rien à faire.