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Le mois d'octobre a été marqué par des accords majeurs sur le climat

Si les données climatiques sur l'année 2016 ont de quoi nous laisser très pessimistes, plusieurs accords internationaux passés ce mois-ci ouvrent la voie à une législation efficace sur le climat.
Image: NASA

Après un été marqué par un record de chaleur à travers le monde, la saison des vacances s'est conclue, le mois dernier, par une nouvelle affligeante concernant le climat : les concentrations en CO2 ont atteint 400 ppm, un seuil record qui rend impossible tout retour en arrière.

Heureusement, cette déception a été suivie, ces deux dernières semaines, par le lancement ou la finalisation de nombreux accords climatiques. Nombre de ces accords étaient en négociation depuis des années et ont une portée internationale, un élément essentiel pour une législation climatique efficace.

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La question, bien sûr, est de savoir si ces accords historiques n'arrivent pas un peu trop tard ; comme nous n'avons pas de boule de cristal, voici un bref aperçu de l'importance (et des limites) de ces accords et de ce que nous devons en attendre à l'avenir.

LA TAXE CARBONE AU CANADA

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a entamé le mois d'octobre en grande pompe avec l'annonce d'un prix plancher pour le carbone à compter de 2018. Fixée à 8 dollars par tonne de pollution carbone produite par province, la taxe augmentera ensuite pour atteindre progressivement les 40 dollars par tonne en 2022. Conformément à l'accord de Paris, le Canada s'engage à réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 2005.

Pour l'instant, le Canada participe aux émissions mondiales à hauteur de 2 %, ce qui équivaut à près de 700 millions de tonnes annuelles. En revanche, les 13 provinces et territoires canadiens contribuent différemment à ce total. Par exemple, l'Alberta et la Saskatchewan – les plus gros producteurs pétroliers canadiens – émettent bien plus de gaz à effet de serre en terme de coûts bruts par habitant que des provinces comme la Colombie-Britannique ou la Nouvelle-Écosse. (Le secteur pétrolier d'Alberta représente à lui seul un septième des émissions totales du Canada).

En raison de ces contributions disparates, chaque province devra choisir la forme que prendra sa tarification sur le carbone. Elle peut soit consister en une taxe carbone provinciale, qui taxera directement les pollueurs par rapport à leurs émissions individuelles, soit en un système de plafonnement et d'échange. Avec ce dernier système, les compagnies qui polluent le plus pourront acheter des droits d'émettre et celles qui polluent le moins pourront en revendre.

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Chaque approche pour limiter la pollution carbone comporte ses avantages et ses limites, et la méthode adoptée par chaque province dépendra sûrement d'un grand nombre de contingences nationales. C'est peut-être là que réside la principale force de la politique de Trudeau : elle impose un objectif de bilan carbone obligatoire, mais donne libre cours aux provinces de choisir la manière dont elles rempliront leur part du contrat.

LE PREMIER ACCORD POUR RÉDUIRE LES ÉMISSIONS DE L'AVIATION

Quelques jours seulement après l'annonce de Trudeau, l'Organisation de l'aviation civile internationale a clôturé une réunion importante à Montréal qui a réuni pas moins de 2 000 délégués représentant 191 nations. Ils sont parvenus à un accord pour limiter de façon significative la contribution de l'industrie de l'aviation aux émissions mondiales de carbone.

L'accord se résume à une approche axée sur le marché qui impose aux compagnies aériennes d'acheter des crédits carbone. Cela représentera bien entendu des coûts de fonctionnement importants pour les compagnies (près de 2 % du revenu annuel de l'industrie), mais les incitera à actualiser leurs flottes avec des avions moins gourmands en carburant et à explorer d'autres voies de réduction de leurs émissions de carbone.

Toute mention de la contribution de l'aviation commerciale au changement climatique était notablement absente de l'accord de Paris sur le climat, et s'est fait cruellement sentir. Le secteur de l'aviation commerciale compte pour environ 2 % des émissions mondiales – cela peut paraître peu, mais si le secteur de l'aviation était un pays, il serait le

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septième plus grand pollueur du monde

(mais n'accueillerait pourtant que 2 % de la population mondiale)

Le typhon Maysak. NASA

Malheureusement, l'aviation est essentielle à notre mode de vie : elle déplace 8 millions de personnes quotidiennement et un avion décolle en moyenne chaque seconde. Étonnamment, la FAA prévoit que le nombre de personnes prenant l'avion va doubler d'ici deux décennies, et des analystes comme Paul Peeters, professeur associé de transport durable et tourisme à l'Université de Bréda, estiment que le secteur de l'aviation pourrait représenter jusqu'à 10 % des émissions mondiales d'ici la fin du siècle.

Si cet accord sur l'aviation est un pas dans la bonne direction, beaucoup d'analystes lui ont reproché de ne pas aller assez loin. Une analyse de l'International Council on Clean Transportation a démontré que l'accord, tel qu'il a été présenté, resterait bien en deçà de l'objectif de l'industrie de l'aviation, à savoir atteindre une croissance neutre en carbone d'ici 2020.

RIP CNG: ICAO offsetting approach adopted today would cover 3/4 of growth, 1/4 of total international traffic from 2021 to 2035. The ICCTOctober 6, 2016

LA RATIFICATION DE L'ACCORD DE PARIS

Le jour où l'accord sur l'aviation a été conclu, le Parlement européen a autorisé la ratification de l'accord de Paris sur le climat, ce qui signifie qu'il pourrait entrer en vigueur d'ici peu. Au total, 197 pays ont été signataires de l'accord, s'engageant ainsi à poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures en dessous de 2°C, avec un objectif de 1,5°C.

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La ratification officielle du traité a été accueillie par les dirigeants mondiaux comme un franc succès et une étape-clé de la lutte contre le changement climatique. D'autres étaient moins convaincus par l'efficacité de l'accord. Pour le climatologue James Hansen, le projet d'Obama de respecter l'engagement des États-Unis est « de la pure connerie », et les opposants à l'accord de Paris estiment que si nous voulons atteindre ces objectifs climatiques, nous avons dès maintenant besoin d'une mobilisation comparable à celle de la Seconde Guerre mondiale, et que l'accord de Paris sur le climat nécessite une restructuration fondamentale de l'économie mondiale – un objectif ambitieux, pour ne pas dire délirant.

Le Canada, quant à lui, est sur la bonne voie pour respecter ses engagements, non ?

L'ACCORD INTERNATIONAL SUR L'ÉLIMINATION DES HYDROFLUOROCARBURES

Cette semaine, les représentants de 170 pays se sont réunis à Kigali, au Rwanda, et ont signé la fin progressive des hydrofluorocarbures (HFC), des gaz à effet de serre utilisés comme réfrigérants dans les climatiseurs et les réfrigérateurs. La présence de ces gaz dans l'atmosphère est quelque peu éclipsée par celle du dioxyde de carbone. Pourtant, ce qu'ils perdent en quantité, ils le compensent en efficience : les HFC ont jusqu'à 1000 fois le potentiel de rétention de chaleur du dioxyde de carbone.

L'utilisation des climatiseurs devant monter en flèche d'ici la fin du siècle, la suppression des HFC est plus que jamais essentielle. En réalité, le traité de Kigali vient se greffer au protocole de Montréal, adopté en 1987, qui supprimait définitivement les chlorofluorocarbures (CFC), principaux responsables du trou dans la couche d'ozone. Avec cet amendement, les signataires de Kigali espèrent éviter environ 70 milliards de tonnes de CO2 émis dans l'atmosphère – ce qui représente l'équivalent de deux fois les émissions annuelles.

Les pays développés signataires de l'accord seront tenus d'amorcer la lutte contre les HFC. Les États-Unis et la plupart des pays d'Europe devront geler leur production et leur utilisation des HFC d'ici 2018. Les pays en voie de développement, quant à eux, s'engagent à cesser leur utilisation des HFC d'ici 2024. Pour les pays situés dans les régions les plus chaudes du monde, tels que l'Inde et l'Arabie saoudite, la production des HFC devra être gelée d'ici 2028.

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Il nous reste encore un long chemin à parcourir en matière de ralentissement du réchauffement climatique – nombre d'élus américains ne veulent pas entendre que le problème est, somme toute, bel et bien réel. Ces accords sont loin d'être parfaits et leur efficacité est discutable, certes, mais ils représentent des années de travail venant de milliers de personnes déterminées à adopter des solutions internationales pour régler un problème mondial. Maintenant, reste à espérer que les États seront capables de s'en tenir à leurs propres plans.