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Énergie Est : Carlos Leitao a dit au Wall Street Journal que le Canada devrait repartir à zéro

« Je pense qu'il serait temps de prendre une petite pause et de relancer le processus »
Photo : Flickr

Le ministre Carlos Leitao a sommé le gouvernement fédéral de repartir à zéro dans le dossier du pipeline Énergie Est, lors d'une entrevue avec le Wall Street Journal. Le ministre québécois des Finances s'était jusqu'ici montré discret sur le processus d'évaluation de l'Office national de l'Énergie (ONE).

Le processus d'évaluation de l'ONE, celui qui a le pouvoir de donner le feu vert à la construction d'une partie du pipeline Énergie Est, a été suspendu la semaine dernière en raison d'allégations de partialité.

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En juillet, le National Observer a révélé que deux des trois commissaires membres du panel d'évaluation de l'Office avaient rencontré Jean Charest en secret alors qu'il était consultant pour TransCanada. À la suite de ces révélations, les trois commissaires se sont récusés «de façon à préserver l'intégrité de l'Office», lit-on dans un communiqué daté du 9 septembre.

Le président et la vice-présidente de l'Office ont renoncé à nommer le prochain comité d'évaluation de l'organisme, «car ils comprennent que leur participation aux rencontres précitées pourrait être à l'origine d'allégations de partialité pouvant miner l'intégrité du processus décisionnel de l'Office ainsi que sa crédibilité», poursuit le communiqué. Ils se retirent de toute fonction administrative dans le dossier.

« Ces choses ne peuvent pas être gérées de façon cavalière »

Mais dans son entretien avec le WSJ, le ministre des Finances suggère qu'il faudrait peut-être faire table rase. «Je pense qu'il serait temps de prendre une petite pause et de relancer le processus, de manière à ce que nous puissions respecter la procédure et en évaluer tous les aspects», a-t-il lancé.

Le projet soulève les critiques depuis le début, notamment de la part des Premières Nations et des groupes environnementalistes qui s'inquiètent des conséquences que pourraient avoir un déversement pétrolier. Au Québec, le pipeline traverserait plus de 800 cours d'eau, dont «les sources d'eau potable de 3 millions de personnes, a rappelé Carlos Leitao. Ces choses ne peuvent pas être gérées de façon cavalière, il faut s'assurer de bien analyser toutes les questions de sécurité qui sont soulevées par le projet.»

Le ministre de l'Environnement David Heurtel n'a pas voulu commenter la déclaration de son collègue, rappelant qu'il s'agit «d'une décision qui sera prise par le gouvernement fédéral», et que le Québec mène sa propre évaluation environnementale du projet, au moyen du Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Le premier ministre Philippe Couillard n'a pas dévoilé sa position officielle par rapport à la construction du pipeline, préférant attendre la fin des audiences du BAPE de cet automne pour se prononcer.

Rappelons que TransCanada avait refusé de se soumettre au processus d'évaluation environnementale québécois, arguant que c'était au fédéral d'avaliser son projet. Il a fallu une demande d'injonction pour que l'entreprise se plie à la Loi sur la qualité de l'environnement du Québec.

Quelle sera la suite des choses ?

On ignore si le gouvernement Trudeau décidera de reprendre le processus du début. Il y a deux cas de figure possible : le Canada pourrait nommer un nouveau comité et poursuivre le processus d'évaluation dans les plus brefs délais ; ou il pourrait suspendre l'évaluation de l'ONE, le temps de réformer l'Office de fond en comble. C'était là une des promesses électorales de Justin Trudeau.