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politique

L'entrevue très gênante de Jagmeet Singh

En entrevue sur une chaîne nationale, le chef du NPD ne semblait pas avoir beaucoup suivi l’actualité ces dernières semaines.
L'entrevue très gênante de Jagmeet Singh
Capture d’écran de l’entrevue de Jagmeet Singh par Evan Solomon

L’article original a été publié sur VICE News.

Comme il ne siège pas à la Chambre des communes, on n’avait pas entendu souvent Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), dernièrement. Et quand il est enfin passé à la télé, bien, il n’a pas été éblouissant.

Le week-end dernier, Singh a participé à la période de questions d’une émission de CTV, au cours de laquelle l’animateur, Evan Solomon, l’a interviewé au sujet de l’élection partielle à Burnaby (qui pourrait enfin lui donner un siège) et des prochaines élections fédérales. Tout allait bien, jusqu’à ce que notre Jagmeet Singh perde pied.

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Solomon lui a parlé du développement récent de l’étrange situation dans laquelle sont aux prises la Chine et le Canada après l’arrestation d’une membre de la haute direction de la société Huawei : dans un éditorial publié dans le Hill Times, l’ambassadeur de Chine a accusé le Canada de suprémacisme blanc.

« Désolé, qui, euh, qui a accusé qui de suprémacisme blanc? » a demandé Singh, visiblement confus, en guise de réponse.

Solomon a reposé la question, et Singh s’est repris, mais en débutant par : « Je ne sais pas s’il existe des preuves de cette affirmation », ce qui a donné lieu à des moqueries sur internet.

Singh a toutefois enchaîné, inexplicablement, avec des propos sur Trump, plutôt que sur le gouvernement chinois. Solomon a tenté de le secourir : « Vous critiquez le gouvernement Trump, mais la Chine a arrêté deux Canadiens. Je me demande si vous avez les yeux sur la bonne cible. »

Le chef du NPD, encore désarçonné, a balbutié une réponse qui n’a jamais porté à l’accusation de suprémacisme blanc. « Oui… oui, avec la détention de Canadiens par la Chine, c’est extrêmement préoccupant. Nous devons nous assurer que toute personne détenue l’est de la manière appropriée, de la bonne manière, qu’elle bénéficie de la sécurité juridique, que les lois sont respectées. Leur protection est primordiale. Nous sommes préoccupés en ce moment par la détention de Canadiens, c’est une préoccupation pour tous les Canadiens, et nous voulons que notre pays s’assure que ces personnes sont en sécurité et qu’elles reviennent de façon sécuritaire, et que l’intention n’est pas de sanctionner le Canada, qui respecte la primauté du droit. »

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Que Singh ou ses collaborateurs ne soient pas au courant de cette histoire — l’une des plus présentes et des plus inusitées actuellement dans les médias — alors qu’il se prépare à donner une entrevue à la télévision nationale n’est pas brillant.

En résumé, Meng Wanzhou, vice-présidente du conseil d’administration et directrice financière de Huawei, a été arrêtée au Canada le 1er décembre à la demande des États-Unis. Il est possible qu’elle y soit extradée pour y être accusée de violation des sanctions imposées à l’Iran. Elle a depuis été libérée en échange d’une caution de 7,5 millions de dollars.

Le Globe and Mail a rapporté que, depuis son arrestation, 13 Canadiens ont été arrêtés en Chine, deux étant accusés d’espionnage — huit ont depuis été relâchés. Dans le Hill Times la semaine dernière, l’ambassadeur de Chine au Canada, Lu Shaye, a écrit qu’il y a deux poids, deux mesures, quand des experts canadiens qualifient l’arrestation de Meng de procédure officielle et la détention de Canadiens de tactique d’intimidation.

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« La raison pour laquelle certaines personnes ont l’habitude d’utiliser deux poids, deux mesures, avec arrogance, c’est l’égotisme et la suprématie blanche de l’Occident », poursuit-il dans son éditorial. « Ce qu’ils ont fait, ce n’est pas respecter la primauté du droit, mais bafouer la primauté du droit. »

Un spécialiste de la politique chinoise a déclaré à un journaliste de City News à Vancouver que les détenus canadiens étaient utilisés comme des pions dans un jeu d’échecs diplomatique et que « leur destin est complètement lié à celui de Mme Meng ».

Souhaitons que Jagmeet Singh et son équipe se ressaisissent avant la prochaine campagne électorale, car ce serait bien d’avoir autre chose comme débat que Justin Trudeau et Andrew Sheer se disputant le titre du meilleur papa.

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