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Les combattants étrangers de l’EI ont un niveau d’instruction plus élevé que la moyenne

Il apparaît que 69 % d'entre eux ont fini au moins le secondaire et que 25 % de ces combattants, venant des quatre coins du monde, sont allés à l'université. Moins de 2 % sont illettrées.
Pierre Longeray
Paris, FR
L'entrée d'une école de l'organisation État islamique à Al-Rai, au nord d'Alep en Syrie, le 2 octobre 2016. (REUTERS/Khalil Ashawi)

L'article original a été publié sur VICE News.

Les recrues étrangères de l'organisation État islamique ont un niveau d'instruction semblable ou sensiblement supérieur à celui généralement observé dans leur pays d'origine. C'est ce que pointe un rapport de la Banque mondiale publié ce mercredi.

Dans son dernier bulletin d'information économique de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du nord), l'organisation internationale a choisi d'analyser le phénomène de radicalisation menant à l'extrémisme violent sous une perspective socio-économique. La Banque mondiale s'est focalisée sur l'organisation terroriste État islamique (EI).

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Pour mener leur étude, les chercheurs de la Banque mondiale se sont appuyés sur des formulaires d'entrée dans les territoires de l'EI, remplis par 3 803 combattants étrangers et qui ont fuité.

Dans ces formulaires, les nouveaux arrivants inscrivent leur nationalité, leur niveau d'éducation, leurs aspirations ou encore leur niveau de connaissance de la religion. Les fiches examinées par le rapport concernent des combattants qui ont rejoint l'organisation entre début 2013 et fin 2014.

Il apparaît que 69 % d'entre eux ont fini au moins le secondaire et que 25 % de ces combattants, venant des quatre coins du monde, sont allés à l'université. Moins de 2 % sont illettrées.

« Les recrues en provenance d'Afrique, d'Asie du Sud et de l'Est et du Moyen-Orient, notamment, sont sensiblement plus éduquées que le reste de leur génération dans leur région d'origine, » note le rapport, en comparant le nombre d'années d'études moyen suivi par les recrues et la moyenne nationale des pays concernés.

Nombre d'années d'études suivies par les recrues de l'EI, comparé à la moyenne de la population de leur pays d'origine.

Pour ce qui est des recrues originaires d'Europe occidentale, la Banque mondiale indique qu'elles ont en moyenne suivi 13 années d'études — contre un peu plus de 10 pour le reste de la population.

L'âge moyen des recrues dont les formulaires ont été analysés est de 27,4 ans. Les nouveaux arrivants les plus jeunes viennent de Libye (23,7 ans en moyenne) et les plus vieux viennent d'Indonésie (33,5 ans).

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D'après le rapport, les cinq principaux pays d'origine des djihadistes sont l'Arabie saoudite, la Tunisie, le Maroc, la Turquie et l'Égypte. Pour ce qui est des pays du continent européen, la Russie, la France et l'Allemagne forment le trio de tête.

Sur les presque 4 000 recrues, 30 % ont indiqué ce qu'elles souhaitaient faire pour l'EI : 1,9 % voulait oeuvrer dans l'administration de l'organisation terroriste, 17,2 % souhaitaient combattre et 11,7 % faisaient le voeu de réaliser une opération martyre — le reste ne renseignant pas leurs aspirations au sein de l'organisation.

En croisant ces résultats avec le niveau d'instruction des recrues, les chercheurs se sont aperçus que la proportion de candidats aux attaques suicide augmente avec le niveau d'éducation ; et moins les recrues ont d'expérience militaire, plus elles se tournent vers les attaques suicides.

Comme l'affirme la Banque mondiale dans son résumé du rapport, « ces individus ne sont ni incultes, ni analphabètes. » À l'issue de leurs recherches, les experts de la Banque mondiale assurent que les pays riches (établis en fonction de leur PIB/habitant) sont plus susceptibles de fournir des combattants étrangers à l'EI.

L'ensemble de ces résultats, soutenus par d'autres études citées dans le rapport, tend à montrer que la pauvreté n'est pas un facteur de radicalisation menant à un extrémisme violent d'après la Banque mondiale. En revanche, il existe « une forte association entre le taux de chômage masculin et la propension d'un pays à fournir des recrues étrangères à Daech », indique le rapport.

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