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Un parti d’extrême-droite et anti-migrants fait une percée sur la scène politique allemande

L’AfD (Alternative pour l’Allemagne) a gagné plusieurs sièges dans trois Länder allemands, dans lesquels se tenaient des élections régionales ce dimanche.
Andre Poggenburg (au centre), le candidat de l'AfD s'exprime après les élections, le 13 mars 2016 (Jens Buettner/EPA)

Le parti d'extrême-droite nationaliste et anti-migrants, l'AfD (Alternative pour l'Allemagne) a gagné plusieurs sièges dans trois Länder allemands, dans lesquels se tenaient des élections régionales ce dimanche.

Dans le même temps, le parti de la chancelière allemande Angela Merkel, la CDU (Union chrétienne-démocrate), a subi des pertes dans ces trois mêmes Länder — tout en parvenant à conserver son statut de premier parti en Saxe-Anhalt. Une victoire rapidement éclipsée par la montée de l'AfD, qui a remporté 23 pour cent des votes (6 pour cent de plus que ce qui était annoncé dans les sondages) — se plaçant à la deuxième place de ces élections régionales.

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Les élections de ce dimanche étaient attendues afin de jauger la popularité de la politique pro-migrant d'Angela Merkel. Les résultats suggèrent que l'AfD est parvenue, dans une certaine mesure, à récupérer des électeurs déçus par la politique de Merkel et inquiets de l'arrivée de réfugiés en Allemagne.

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Depuis le début de la crise migratoire, la chancelière allemande a invoqué un impératif moral et prôné une politique de la porte ouverte. L'Allemagne a déjà accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile qui fuient divers conflits. Mais la position de Merkel est de plus en plus discutée en Allemagne — notamment depuis que de nombreux pays européens ferment leurs frontières et imposent des quotas sur le nombre de nouveaux arrivants. En septembre dernier, l'Allemagne avait rétabli les contrôles à la frontière avec l'Autriche.

Tous les yeux étaient rivés sur les résultats de ce dimanche, notamment parce que Merkel joue sa réélection l'année prochaine. Certains voudraient voir dans les résultats d'hier les signes avant-coureurs d'une défaite de la chancelière. Le fait que le parti de Merkel perde quelques-uns de ses soutiens dans le Bade-Wurtemberg (traditionnellement acquis à la cause de la CDU) n'est en effet pas bon signe. Dans ce Länder du sud-ouest du pays, la CDU a perdu près de 10 points, récupérant 29 pour cent des votes — les défecteurs ayant rejoint le parti écologiste. L'AfD a de son côté obtenu 12,5 pour cent des voix dans cette région.

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Un jeune parti politique

Guido Wolf, le candidat de la CDU dans le sud-ouest, a confié à Deutsche Welle que la campagne électorale de cette année est « la plus compliquée » que le parti a connu dans son histoire.

L'AfD est un jeune parti politique fondé il y a trois ans par un groupe d'économistes allemands nationalistes, qui souhaitent voir l'Allemagne sortir de la zone euro.

La leader de l'AfD, Frauke Petry, a annoncé ce dimanche à une station de radio allemande que les résultats montrent qu'un « nombre substantiel d'électeurs tourne leur dos aux partis historiques ».

Au cours de cette campagne, l'AfD a satisfait le sentiment xénophobe que certains Allemands ont exprimé en réponse à l'arrivée de migrants dans le pays.

En septembre dernier, la politique de la porte ouverte d'Angela Merkel a atteint son paroxysme, alors que des milliers de migrants arrivaient en gare de Munich. Des Allemands faisaient des haies d'honneur aux nouveaux arrivants, chantant et distribuant des vivres et des vêtements aux migrants. Mais cette « culture de l'accueil » ou « Willkommenskultur » a fait face à des attaques.

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Le mouvement islamophobe PEGIDA, qui a organisé de grandes manifestations anti-migrants, continue d'attirer des partisans, notamment depuis les attaques de Paris du 13 novembre. Des groupes anti-migrants ont utilisé ces attaques, qui ont fait 130 morts, pour faire avancer l'idée selon laquelle les migrants seraient un cheval de Troie pour des partisans du groupe terroriste État islamique.

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À Dresde, en décembre dernier, 17 500 personnes ont défilé pour manifester contre l'islam. En début d'année 2016, un hôtel transformé en centre d'accueil pour les migrants à Bautzen a été incendié.

En février, Frauke Petry, la leader de l'AfD, a déclaré au cours d'une interview, que les gardes-frontières devraient tirer sur les migrants, « si nécessaire », pour éviter les passages illégaux. Ses commentaires ont été vivement condamnés par les autres partis de l'échiquier politique allemand.

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Volker Beck, un homme politique du parti écologiste allemand, avait annoncé que les commentaires de Petry montraient que « son parti est vraiment dangereux ».

Thomas de Maizière, le ministre de l'Intérieur allemand, a averti les électeurs qui souhaitaient voter pour l'AfD en déclarant que ce parti anti-migrants et nationaliste « fait du mal à notre pays ».

L'AfD, n'a « aucune compétence pour trouver des solutions [aux problèmes de l'Allemagne] », avait assuré De Maizière au journal allemand Die Welt.


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