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Avec la candidature de Michel Platini, la course à la présidence de la FIFA est lancée, les tacles assassins aussi

L’actuel président de l’UEFA a annoncé ce mercredi qu’il souhaite succéder à Sepp Blatter, président démissionnaire de la FIFA. Un milliardaire sud-coréen s’est lancé à son tour ce jeudi.
Pierre Longeray
Paris, FR
Michel Platini à Athènes en 2011. (Photo via Flickr)

L'actuel président de l'UEFA (la confédération européenne qui chapeaute le football sur le Vieux continent) et ancienne gloire du football français, Michel Platini, a annoncé ce mercredi, sa candidature à la présidence de la Fédération internationale de football association (FIFA). Sept mois avant le vote fatidique, la course à la présidence semble être lancée avec l'officialisation du candidat favori des médias occidentaux et d'une partie du monde du football.

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Ce jeudi, un autre candidat s'est joint à la compétition. Le milliardaire sud-coréen Chung Mong-joon — ancien vice-président de la FIFA et membre de la famille qui possède le constructeur automobile Hyundai — a annoncé, lors d'un entretien réalisé à Séoul, son intention de se présenter. Lors de cette prise de parole il a déclaré : « Platini est bon pour le football, mais peut-il être aussi un bon président de la FIFA ? Je ne le pense pas. »

Le prince jordanien Ali bin Al Hussein, l'ancien international brésilien Zico et le président de la fédération libérienne, Musa Hassan Bility avaient précédemment fait savoir qu'ils se présenteraient aussi.

« Cela a été une décision très personnelle, et mûrement réfléchie. Il y a des moments où vous devez prendre votre destin en mains. Je suis arrivé à l'un de ces moments décisifs », a expliqué Platini dans sa déclaration de candidature envoyée aux 209 fédérations nationales dont les présidents votent pour élire le président de la FIFA.

Les élections sont prévues pour le 26 février prochain, après que l'ancien président du football mondial, Sepp Blatter a décidé le 2 juin dernier de démissionner. Il avait été réélu quelques jours plus tôt pour enchainer sur un cinquième mandat consécutif à la tête de la FIFA, qu'il dirigeait depuis 1998, mais des affaires de corruption avaient poussé le Suisse à annoncer sa démission.

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« Michel Platini bénéficie d'une double légitimité, sportive et politique. Il est à la fois très populaire grâce à son passé de glorieux footballeur, et il connait très bien le fonctionnement des institutions du football mondial, » explique à VICE News, ce jeudi matin, Pim Verschuuren, chercheur à l'IRIS spécialiste des questions du sport. En plus d'être le président de l'UEFA depuis 2007, Michel Platini a aussi fait ses gammes à la FIFA, où il siège au comité exécutif depuis 2002.

La FIFA traîne depuis des années l'image d'une organisation corrompue. D'autant plus depuis la mise en examen, en mai dernier, de plusieurs membres de confédérations continentales (qui ne sont pas membres de la FIFA), pour des faits de corruption, par la justice américaine et suisse. L'organisation basée à Zurich doit aussi faire face à plusieurs défis, notamment des soupçons de corruption sur l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar — sans parler des décès d'ouvriers sur les chantiers des stades construits pour la compétition.

À lire : FIFA-Gate : « Choqué », Sepp Blatter ne voit pas pourquoi il irait en prison

« Platini est un candidat du compromis. Il incarne à la fois le changement pour le monde extérieur [hors des arcanes du football mondial] et ne mènera qu'une révolution de velours au sein de la FIFA, » explique Verschuuren. D'après le spécialiste, Platini ne va pas faire le grand ménage dans l'organisation. « Pour annoncer sa candidature, il a dû promettre que tout n'allait pas non plus changer à la FIFA afin d'obtenir des soutiens, » estime le chercheur de l'IRIS.

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Certaines rumeurs avancent que Michel Platini aurait déjà réussi à récupérer le soutien de 140 fédérations nationales — des chiffres difficilement vérifiables, « Ces soutiens sont le résultat de tractations et de discussions qui se font dans les couloirs, » indique Verschuuren. Toujours selon des bruits de couloirs, 4 confédérations appuieraient la candidature de l'actuel président de l'UEFA. Il lui manquerait cependant le soutien des Confédérations africaine (CAF) et océanienne (OFC), qui ont notamment permis à Blatter de rester si longtemps à la tête de la FIFA. Plus symbolique que décisif, Platini bénéfice du soutien de l'Élysée et de Matignon — alors que la France accueillera l'Euro en 2016, une compétition organisée par l'UEFA.

L'ancien joueur de l'AS Nancy Lorraine, de la Juventus Turin et le vainqueur de l'Euro 1984, avec l'équipe de France, bénéficie de son image de « Zinedine Zidane des années 1980, ce qui lui vaut une belle côte de sympathie, » note Verschuuren. Entre 1983 et 1985, Platini a remporté trois Ballons d'or — la plus haute récompense individuelle en football.

Les 10 plus beaux buts de Michel Platini.

Les soupçons d'affaires et de corruption au sein des hautes instances du football pourraient entraver la campagne de l'ancien meneur de jeu français.

« Platini n'est pas un chevalier blanc. Il a tout de même passé pas mal d'années dans ces organisations. Il était potentiellement au courant de ce qui s'y jouait, » explique Verschuuren.

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Lui aussi candidat, Musa Hassan Bility déclarait ce mercredi au journal Le Monde, « Si le monde veut seulement voir la FIFA sortir de l'orbite de Blatter et que sa gouvernance ne change pas, alors Monsieur Platini est le probable gagnant. »

Chung Mong-joon, le dernier candidat déclaré, adopte dans son entretien de jeudi le même système d'attaque contre le favori, « Il est un produit de l'actuel système FIFA. »

Un Qatar-gate ?

Autre nuage au-dessus de sa candidature : dix jours avant le vote pour l'attribution du Mondial 2022 — attribué au Qatar — en novembre 2010, Michel Platini avait été reçu à l'Élysée pour un repas par le président français de l'époque, Nicolas Sarkozy. À table, on retrouvait, entre autres, l'émir du Qatar, Al-Thani, et son Premier ministre. Michel Platini a toujours revendiqué avoir voté pour le Qatar et balaie tout lien entre ce vote et le diner.

« Personne ne m'a dit pour qui je devais voter, » avait déclaré Michel Platini. « Jamais le Qatar ne m'a demandé de voter pour lui. Ni Sarkozy ni personne. »

Il reste aux potentiels candidats à la FIFA jusqu'au 26 octobre pour poser leur candidature à la présidence de la FIFA. Dans ce laps de temps, Michel Platini en profitera certainement pour commencer à dévoiler une partie de son programme pour le football mondial.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray

Michel Platini à Athènes en 2011. (Photo via Flickr)