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Mali

Au Mali, deux chefs de la mission de l’ONU échappent à un attentat

Le Mali est désormais considéré comme le terrain d’opération le plus meurtrier pour les casques bleus de l’ONU, depuis la Somalie dans les années 1990.
Photo via Flickr / Mission de l'ONU au Mali

Ce jeudi, vers 13 heures, un convoi de la Minusma, la mission de maintien de la paix de l'ONU au Mali, a heurté une mine sur la route entre Teherdge et Tombouctou, dans la moitié Nord du pays. L'événement a été décrit dans un communiqué de la Minusma. Trois casques bleus (le nom donné aux soldats de l'ONU) ont été blessés dans l'explosion, puis évacués. Dans ce convoi, en plus des casques bleus, se trouvaient le commandant en chef des forces de la Minusma, le général danois Michael Lollesgaard, et le chef de la police de la Minusma, le général djiboutien Awale Abdounasir. Ils n'ont pas été blessés dans cette attaque qualifiée de « terroriste » par la Minusma.

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La présence de ces deux cadres de la force de l'ONU dans le convoi, a été confirmée à VICE News ce vendredi matin par la porte-parole de la Minusma, Radhia Achouri. Des sources anonymes de la Minusma, citées par RFI, estiment que l'attaque avait pour objectif de « décapiter le commandant des casques bleus ». Une « spéculation », selon la porte-parole Radhia Achouri.

« Les deux généraux étaient bien présents. Ils se rendaient dans un camp de la Minusma qui a été attaqué au mortier trois jours auparavant, » précise-t-elle. « Mais nous n'avons aucune raison de penser qu'ils étaient ciblés. » Radhia Achouri ajoute que « Cette attaque s'est passée comme toutes les autres, avec le même modus operandi : une mine placée sur le chemin d'un convoi. »

Depuis l'arrivée de la Minusma au Mali, en avril 2013, dans le cadre du conflit armé qui agite le Mali depuis 2012, 35 casques bleus sont morts au cours « d'actes hostiles ». Dans la plupart des cas ce sont des mines qui les ont tués.155 casques bleus ont été blessés gravement, selon les chiffres officiels. Jamais autant de casques bleus n'étaient morts à cause d'attaques depuis l'intervention de l'ONU en Somalie, entre 1992 et 1995.

À lire : Pourquoi la tension est remontée dans le nord du Mali

Ce vendredi a lieu la journée internationale des casques bleus. Ce corps de maintien de la paix a été créé en 1948 par le Conseil de sécurité de l'ONU, pour surveiller la trêve lors du conflit entre des pays arabes et Israël, en 1948-1949. La force a ensuite été armée en 1956, pour se défendre en cas d'attaque et protéger les populations civiles. Pour cette journée internationale, la Minusma a rendu hommage aux casques bleus tombés au Mali. 9 250 soldats de l'ONU sont en ce moment déployés dans le pays, sur les 11 200 autorisés par le Conseil de sécurité.

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— MINUSMA (@UN_MINUSMA)May 29, 2015

Radhia Achouri se dit « inquiète » de la recrudescence des attaques contre les casques bleus au Mali, qui se multiplient depuis l'été 2014. « La mission a subi environ 400 attaques, souvent des mines, parfois des attaques suicide, parfois des tirs de mortier, » nous explique-t-elle. « Elles sont l'?"uvre de terroristes et de narcotrafiquants, qui prennent aussi les armes quand leurs intérêts sont menacés. » En réaction, depuis l'année dernière, la Minusma a augmenté le blindage de ses véhicules, ainsi que ses capacités de surveillance aérienne.

« Nous sommes inquiets pour les civils, » ajoute la porte-parole de la Minusma. « Ces attaques, en contribuant à l'insécurité, empêchent les humanitaires de travailler. Ceux qui les commettent veulent torpiller le processus de paix, » indique-t-elle. La mission de la Minusma est notamment de contribuer au dialogue national entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs qui revendiquent l'indépendance du Nord du pays, territoire appelé l'Azawad par les rebelles. La mission de l'ONU doit également assurer la sécurité des civils, restaurer l'autorité de l'État et soutenir les humanitaires.

Sur le terrain, la Minusma est critiquée par certains locaux pour des raisons très diverses. Certains lui reprochent de ne pas combattre suffisamment les rebelles du Nord, d'autres de ne pas prévenir suffisamment le terrorisme, d'autres enfin la tiennent responsable de l'enlisement du processus de paix. Pour Radhia Achour, cela relève d'une « incompréhension du mandat de la mission : nous ne sommes pas là pour faire la guerre au terrorisme ou aux rebelles. Nous devons faire respecter un cessez-le-feu et empêcher des confrontations. »

Le mandat de la Minusma a été prolongé jusqu'à juin 2015 par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Suivez Matthieu Jublin sur Twitter : @MatthieuJublin

Photo via Flickr / Mission de l'ONU au Mali