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La barre des 50 000 migrants accueillis en Italie en 2015 a déjà été franchie

Avec une nouvelle arrivée de 6 000 migrants ce week-end en Italie, le pays a passé le cap des 50 000 nouveaux arrivants en 2015. Ce dimanche, des présidents de régions du nord de l’Italie ont annoncé qu’ils refusaient l’accueil de nouveaux migrants.
Pierre Longeray
Paris, FR
Image via Flickr / Royal Navy Media Archive

La barre des 50 000 migrants ayant été accueillis en Italie, depuis le début de l'année, a été franchie ce week-end, après que 6 000 personnes ont été secourues ces samedi et dimanche par une armada de navires militaires européens. En Italie — pays d'entrée privilégié par les migrants — des régions du Nord du pays ont fait savoir, ce dimanche, qu'elles n'accueilleraient plus « d'immigrants illégaux ».

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Au Royaume-Uni — destination finale espérée de nombreux réfugiés — le gouvernement a annoncé ce même week-end qu'il pourrait allouer une partie de son aide internationale au renforcement des frontières africaines, mais aussi au « développement économique » des pays dont sont originaires les migrants.

Ce week-end a été l'un des plus chargés de l'année, pour les équipes de sauvetage qui patrouillent dans la Méditerranée, le long des côtes libyennes — point de départ des migrants qui visent l'Italie souvent à bord d'embarcations pneumatiques ou en bois. Ce samedi, 3 480 personnes ont été récupérées par des navires britanniques, irlandais, allemands, suédois et italiens. Dimanche soir, on comptait 5 800 migrants secourus, au cours du week-end, qui s'apprêtaient à être débarqués en Sicile ou dans d'autres ports du sud de l'Italie.

À lire : De plus en plus de migrants privilégient la Grèce pour rentrer en Europe

Le HMS Bulwark, un navire de la Marine britannique, a connu, ce week-end, son opération la plus importante depuis le début de sa mission, le 5 mai dernier, en secourant près de 1 200 migrants pour la seule journée de samedi, le long des côtes libyennes. Les migrants étaient partis de la ville de Zuwarah (ville côtière de l''ouest libyen) à bord d'embarcations pouvant accueillir jusqu'à 378 personnes.

Au petit matin, ce samedi, l'équipage du Bulwark est venu au secours de 8 bateaux, après qu'un hélicoptère Merlin a lancé l'alerte, à 5h50 du matin. La marine britannique est intervenue juste après que les embarcations sont sorties des eaux territoriales libyennes (à 20 kilomètres des côtes). Pour Charles Maynard, le commandant adjoint du Bulwark, « Si le 6 juin [le jour du débarquement des alliés en 1944], est connu pour être le jour le plus long, ce 7 juin a été le jour le plus long du Bulwark, » a-t-il confié au Daily Mail, en reportage à bord du navire. Les migrants ont été déposés à Catane, en Sicile.

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Jeudi dernier, le ministère de l'Intérieur italien annonçait avoir enregistré 48 905 arrivées de migrants depuis le début de l'année 2015. La barre des 50 000 a donc été franchie ce week-end — ce qui représente une augmentation de 10 pour cent par rapport à 2014, à la même période de l'année. L'Italie prévoit l'arrivée de 200 000 migrants dans la Botte, en 2015. L'année passée, le pays avait accueilli près de 170 000 migrants.

Cet afflux constant de migrants a conduit plusieurs régions du Nord de l'Italie, plus riche que le Sud, à annoncer qu'elles n'accueilleront plus de migrants à compter de ce week-end. Le président de la région de Lombardie — la plus peuplée du pays — Roberto Maroni, a déclaré ce dimanche avoir demandé aux maires de sa région de refuser tout migrant qui leur serait imposé par le gouvernement italien. Si les municipalités lombardes ne s'y tiennent pas, Maroni prévient qu'il y aura des sanctions budgétaires.

À voir : Vivre libre ou mourir noyé : les prisons pour migrants de la Libye 

Maroni, qui fait partie du parti d'extrême droite Ligue du Nord, a été suivi par deux autres présidents de région, Giovanni Toti qui gouverne la Ligurie (région ou se trouve Gênes), et Luca Zaia, de la Vénétie (qui englobe Venise). Ce dernier estime que sa région est « une bombe prête à exploser, » citant notamment les « tensions sociales ». Matteo Renzi, le Premier ministre italien, a appelé à la solidarité européenne, depuis l'Allemagne et le sommet du G7, « C'est impensable de continuer d'amener tous les migrants en Italie […] C'est un problème d'immigration. Pour le régler, nous devons avoir la force et le courage de nous faire entendre aux sommets européens. ».

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Le 16 juin, les ministres de l'Intérieur de l'UE doivent se réunir pour discuter de la répartition des quelque 40 000 migrants, stationnés en Italie et en Grèce, dans les différents pays de l'union — dans une période de deux ans. Les autorités italiennes comptent aussi pousser pour changer un traité européen actuel qui fait que les demandeurs d'asile doivent faire une demande de refuge dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'UE.

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Le gouvernement italien se retrouve aussi sous pression, suite aux nouvelles révélations du scandale baptisé « Mafia Capitale » — une grande affaire de corruption d'hommes politiques et de businessmen italiens qui essayaient de détourner l'argent public du conseil municipal de Rome. Giuseppe Castiglione, sous-secrétaire d'État à l'environnement du gouvernement Renzi, est sous le coup d'une enquête de la justice italienne pour fraude et faux appels d'offres pour la construction de centres d'accueil de réfugiés en Sicile.

Si l'Italie est le point d'entrée de nombre de migrants, une large partie d'entre eux visent le Royaume-Uni pour s'établir et y demander l'asile. Le Premier ministre britannique, David Cameron, explore la possibilité de ré-allouer une partie de l'aide accordée aux pays étrangers par le royaume, aux pays frontaliers de la Libye.

La secrétaire détachée au développement international de la Grande-Bretagne, Justine Greening, doit évaluer si une aide supplémentaire peut permettre d'endiguer le flot de migrants.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter @PLongeray

Image via Flickr / Royal Navy Media Archive