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Crime

Nuit sanglante à Acapulco : fusillades entre les cartels et la police fédérale

Des membres présumés d'un cartel ont pris d'assaut un hôtel où logeaient des policiers. S'en est suivie une course-poursuite le long de l'avenue centrale de cette station balnéaire du Mexique.
Photo de Jesús Espinosa/EPA

Le gouverneur de l'État de Guerrero dans le sud du Mexique a promis de redoubler d'efforts pour contenir les cartels locaux. Cette promesse n'est rien d'autre que la réponse à une nouvelle nuit d'intenses combats dans la ville côtière d'Acapulco, dans la nuit de dimanche à lundi, entre des hommes lourdement armés et la police fédérale.

« Nous devons reconnaître que les groupes criminels, spécialement à Acapulco, sont présents et organisés pour attaquer les institutions, » a déclaré Héctor Astudillo à la Radio Imagen ce lundi. « Cela devrait nous encourager à faire plus pour faire face à ces groupes criminels, et ce, avec plus de détermination. »

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Dans la suite de l'interview, Astudillo évoque la nécessité de moderniser la surveillance, d'améliorer les services de renseignement, et de travailler plus étroitement avec les forces fédérales.

Ces promesses sont quasi quotidiennes à Acapulco, qui était le lieu de villégiature préféré des stars hollywoodiennes et des présidents américains en lune de miel, mais qui est devenu avec le temps le théâtre de nombreuses opérations de sécurité. Si celles-ci ont permis de calmer la situation, une paix durable n'est pas encore d'actualité.

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Les violences de dimanche ont débuté vers 21 heures 30 (heure locale) quand des hommes armés ont attaqué un hôtel près de la célèbre plage Caleta, où des officiers de la police fédérale résidaient. Ils avaient été envoyés dans la région pour renforcer la sécurité, dans le cadre de l'offensive contre les cartels lancée en octobre dernier.

Les policiers parviennent à faire fuir les assaillants, puis une course-poursuite s'engage sur l'avenue Miguel Aleman — l'artère touristique d'Acapulco.

Sur les réseaux sociaux, certains font état d'une dizaine de fusillades dans la ville, ce qui nourrit immanquablement le sentiment de panique. Uniquement trois d'entre elles ont été confirmées, dont une autre attaque contre un bâtiment utilisé par la police fédérale.

Les intenses échanges de feu ont duré pendant près d'une heure et ont été enregistrés par les touristes et les locaux qui se sont retrouvés enfermés dans les centres commerciaux, casinos et hôtels.

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Dans l'une des vidéos postée sur YouTube, on voit des véhicules de police arriver sous une pluie de balle. Dans une autre, une femme est contrainte de se coucher au sol à cause de la fusillade, avant qu'elle commence à pleurer et crier à l'aide.

Astudillo a précisé que le calme est revenu vers minuit. Un individu suspecté d'être membre d'un gang a été tué et un officier de police a été blessé. Aucune arrestation n'a été réalisée selon le gouverneur. Il a ajouté qu'il pensait que les violences de dimanche étaient une réponse à l'arrestation de Fredy del Valle Berdel réalisée la semaine dernière dans l'État de Basse Californie du Sud.

Berdel — que l'on surnommait El Burro ou L'Âne — était l'un des principaux leaders du Cartel Indépendant d'Acapulco (Cártel Independiente de Acapulco). Ce petit cartel est l'un des nombreux groupes qui se battent pour le contrôle du territoire dans l'État depuis le début de la lente chute du cartel Beltrán Leyva, commencée il y a 6 ans.

D'après les chiffres officiels, il y a eu 902 meurtres à Acapulco l'année dernière. Les mois les plus sanglants sont ceux de la période estivale. Le taux d'homicide a un peu baissé après, mais semble repartir à la hausse en 2016 avec 139 homicides enregistrés en janvier et février.

Trois semaines avant les fusillades de dimanche, le gouverneur avait demandé aux journalistes de « parler en bien d'Acapulco, parler en bien d'Acapulco, parler en bien d'Acapulco ». Cette requête faisait suite à l'annonce d'une décision du département d'État américain qui interdisait à tous les employés du gouvernement de se rendre dans l'État du Guerrero, et donc à Acapulco.

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Si Acapulco reçoit un traitement médiatique particulier du fait de l'industrie du tourisme, la violence n'épargne aucun recoin de l'État.

Les zones montagneuses qui couvrent la plupart du Guerrero servent de bastions pour une pléthore de petits cartels impliqués dans la production de pavot à opium, qui sert à alimenter le florissant marché de l'héroïne aux États-Unis. Parmi ces cartels, on retrouve le cartel des Guerreros Unidos, accusé aux côtés de policiers municipaux d'être impliqué dans l'attaque contre des étudiants en septembre 2014, qui a fait 43 disparus.

Des journalistes locaux sont aussi ciblés. Le reporter Francisco Pacheco a été abattu ce lundi alors qu'il rentrait chez lui à Taxco, une ville du Guerrero.


Suivez Alan Hernández sur Twitter : @alanpasten