Le président philippin, Rodrigo Duterte, a annoncé ce dimanche soir, vouloir proroger sa lutte sanglante contre la drogue jusqu’à la fin de son mandat, en 2022. Mais avant cela, Duterte compte adresser un problème épineux : celui de la corruption de la police chargée de cette campagne.
« Vous, les policiers, vous êtes les plus corrompus. Vous êtes corrompus jusqu’à la moelle. C’est dans votre sang, » a déclaré Duterte depuis le palace présidentiel, rapporte l’AFP. Le président pointait ici des policiers antidrogue responsables de l’enlèvement et du meurtre d’un homme d’affaires sud-coréen en octobre dernier — une affaire qui avait fait grand bruit dans le pays.
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Le 18 octobre 2016, des policiers avaient enlevé Jee Ick-joo chez lui dans le nord des Philippines, à Angeles, en présentant un faux mandat relatif à la lutte contre la drogue. Deux semaines plus tard, ses ravisseurs avaient demandé une rançon à la femme de Jee — qu’elle a payée. Mais son mari était déjà mort, tué dans les locaux de la police nationale, à Camp Crame, le jour même de son arrestation, a indiqué en janvier la police philippine.
Ce lundi, le chef de la police nationale philippine, Ronald dela Rosa, est allé dans le sens de son président. « Faites attention à vous les policiers corrompus ! Nous ne menons plus une guerre contre la drogue, mais contre vous les ripoux, » a déclaré dela Rosa.
Pour se faire, le chef de la police a promis de dissoudre les unités antidrogue pour « nettoyer » la police de toute corruption. Les enquêtes concernant les trafics de drogue seront confiées à l’agence antidrogue philippine — le temps que la purge des policiers corrompus soit effective. « Ensuite, la guerre contre la drogue reprendra peut-être, » a indiqué dela Rosa.
À lire : Le président philippin met sur pause sa sanglante lutte antidrogue
Cette décision a de quoi surprendre puisque Duterte avait donné les pleins pouvoirs aux policiers dans le cadre de la lutte antidrogue. Le président a notamment promis aux forces de l’ordre de les couvrir en cas d’exécutions extra-judiciaires. Depuis juin et l’arrivée au pouvoir du nouveau président, la police a tué plus de 2 000 personnes, alors que 5 000 autres ont été éliminées, sans doute par des milices.
La semaine dernière, Duterte s’était excusé auprès des investisseurs sud-coréens et de l’ambassadeur de la Corée du Sud dans le pays suite au meurtre de Jee Ick-joo. « Je suis désolé pour cet incident sordide, » avait déclaré le président avant de menacer les policiers responsables du meurtre. « Je peux vous assurer, vous les policiers, je ne vous laisserais pas vous échapper. »
Ce dimanche, le président a donné aux suspects encore en fuite 48 heures pour se rendre. S’ils ne se plient pas aux ordres du président, il mettra leur tête à prix — à hauteur de 5 millions de peso philippins (soit environ 100 000 euros).
À voir : Le photographe qui suit la sanglante lutte antidrogue aux Philippines
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