FYI.

This story is over 5 years old.

Philippines

Le président philippin met sur pause sa sanglante lutte antidrogue

Rodrigo Duterte souhaite régler un problème de corruption qui gangrène la police antidrogue. Mais une fois la police « nettoyée », cette campagne meurtrière reprendra, et ce, jusqu'au dernier jour de son mandat.
Le président philippin, Rodrigo Duterte, avec le chef de la police nationale, Ronald dela Rosa, qui lui murmure à l'oreille lors d'une conférence de presse, le 29 janvier 2017. (REUTERS/Ezra Acayan)

Le président philippin, Rodrigo Duterte, a annoncé ce dimanche soir, vouloir proroger sa lutte sanglante contre la drogue jusqu'à la fin de son mandat, en 2022. Mais avant cela, Duterte compte adresser un problème épineux : celui de la corruption de la police chargée de cette campagne.

« Vous, les policiers, vous êtes les plus corrompus. Vous êtes corrompus jusqu'à la moelle. C'est dans votre sang, » a déclaré Duterte depuis le palace présidentiel, rapporte l'AFP. Le président pointait ici des policiers antidrogue responsables de l'enlèvement et du meurtre d'un homme d'affaires sud-coréen en octobre dernier — une affaire qui avait fait grand bruit dans le pays.

Publicité

Le 18 octobre 2016, des policiers avaient enlevé Jee Ick-joo chez lui dans le nord des Philippines, à Angeles, en présentant un faux mandat relatif à la lutte contre la drogue. Deux semaines plus tard, ses ravisseurs avaient demandé une rançon à la femme de Jee — qu'elle a payée. Mais son mari était déjà mort, tué dans les locaux de la police nationale, à Camp Crame, le jour même de son arrestation, a indiqué en janvier la police philippine.

Ce lundi, le chef de la police nationale philippine, Ronald dela Rosa, est allé dans le sens de son président. « Faites attention à vous les policiers corrompus ! Nous ne menons plus une guerre contre la drogue, mais contre vous les ripoux, » a déclaré dela Rosa.

Pour se faire, le chef de la police a promis de dissoudre les unités antidrogue pour « nettoyer » la police de toute corruption. Les enquêtes concernant les trafics de drogue seront confiées à l'agence antidrogue philippine — le temps que la purge des policiers corrompus soit effective. « Ensuite, la guerre contre la drogue reprendra peut-être, » a indiqué dela Rosa.

À lire : Le président philippin met sur pause sa sanglante lutte antidrogue

Cette décision a de quoi surprendre puisque Duterte avait donné les pleins pouvoirs aux policiers dans le cadre de la lutte antidrogue. Le président a notamment promis aux forces de l'ordre de les couvrir en cas d'exécutions extra-judiciaires. Depuis juin et l'arrivée au pouvoir du nouveau président, la police a tué plus de 2 000 personnes, alors que 5 000 autres ont été éliminées, sans doute par des milices.

Publicité

La semaine dernière, Duterte s'était excusé auprès des investisseurs sud-coréens et de l'ambassadeur de la Corée du Sud dans le pays suite au meurtre de Jee Ick-joo. « Je suis désolé pour cet incident sordide, » avait déclaré le président avant de menacer les policiers responsables du meurtre. « Je peux vous assurer, vous les policiers, je ne vous laisserais pas vous échapper. »

Ce dimanche, le président a donné aux suspects encore en fuite 48 heures pour se rendre. S'ils ne se plient pas aux ordres du président, il mettra leur tête à prix — à hauteur de 5 millions de peso philippins (soit environ 100 000 euros).

À voir : Le photographe qui suit la sanglante lutte antidrogue aux Philippines


Suivez VICE News sur Twitter : @vicenewsFR

Likez la page de VICE News sur Facebook : VICE News FR